De quoi Trump est-il le nom?

Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO)

Un fait actuellement nous semble indéniable : Trump est le porte-parole, la figure emblématique du mouvement international de la suprématie blanche. Le personnage est certainement adulé, comme Hitler d’ailleurs, par les tenants du fascisme, du néonazisme et de l’idéologie de la supériorité de l’homme blanc. D’après certains analystes, 60 millions de personnes ont voté pour Trump lors des dernières élections. Des hommes, des femmes, des évangélistes, qui ne jurent que par la race et par la religion.  Dans les pays occidentaux, y compris ceux que l’on désigne comme des pays de non-immigration, sa popularité n’est pas moins élevée. Trump serait devenu la voix d’une classe moyenne blanche en décrépitude, d’une classe ouvrière déboussolée, croupissant dans une crise, dont elle n’arrive pas à comprendre la nature.

Trump prête sa voix à ces gens que le système a abandonnés. Il leur explique que le chômage, les crimes, la crise du logement, de l’éducation, etc. sont causés par cette multitude qui vient d’ailleurs, ces immigrants d’une autre humanité, venus de «pays de merde» et qui viennent foutre «la merde» dans son «beau pays civilisé».

Dans sa rhétorique raciste, Trump ne fait pas de nuance. Il n’en a cure. Pour lui, un Haïtien reste un Haïtien, c’est-à-dire un «nègre», et cela, quels que soient son éducation, son savoir, son intégrité, sa connaissance, sa renommée, sa classe sociale. Haïti, pour lui, est une «latrine», un pays de «nègres» croupissant éternellement dans la misère abjecte, condamné à subir l’humiliation, et cela, quels que soient son histoire, son passé glorieux ou sa signification dans l’histoire de l’humanité.

C’est cela Trump, son idéologie, celle de ses disciples, de ce courant néofasciste qui se ramifie un peu partout en Occident. Ce racisme, s’il n’est pas nouveau, prend vie ouvertement, aujourd’hui, dans la bouche du président de la nation la plus militarisée de la planète. C’est là un danger que l’on ne peut ignorer. Trump parle ouvertement en prenant comme point d’appui cette puissance militaire qu’il n’autorise personne à remettre en question, alliés comme ennemis.

Mais si Trump incarne le racisme, constitue son porte-parole, on ne peut réduire toute la problématique de cette idéologie à son personnage. Il faut fouiller davantage.

La grande presse ne cesse de nous rabâcher: Trump est un parfait ignorant, qui souffrirait, par-dessus le marché, de problèmes psychiatriques. Voilà pourquoi, il débite tant de conneries.

Déconstruisons ce mythe : l’idée de faire passer sous le compte de la maladie mentale et de l’ignorance les propos racistes de Trump ne fait, au fond, qu’occulter un fait qu’on aimerait bien nous faire oublier : cette idéologie, le racisme, (y compris le sexisme et le machisme) est l’un des éléments constitutifs de la nation étasunienne.

L’unité territoriale de l’État américain est le résultat de l’un des plus grands génocides des peuples autochtones du continent. C’est dans ce nettoyage ethnique que le pays a pris forme, qu’il a été, en quelque sorte, constitué. Aujourd’hui encore, dans la culture dominante, la figure de l’autochtone continue à être assimilée à la sauvagerie, à la barbarie.

De plus, si l’extermination d’un grand nombre d’Amérindiens a créé l’espace nécessaire à la fondation du pays, l’esclavage des Noirs en a fait la richesse. Pendant près de trois cents ans, le système esclavagiste a permis d’accumuler une richesse colossale contribuant d’abord au développement industriel de l’Angleterre et par la suite à lancer le capitalisme étasunien.

Ces deux facteurs, le génocide et l’esclavagisme, sont pour ainsi dire la face cachée de la fondation et du développement des États-Unis comme nation. Le racisme, comme idéologie, est consubstantiel, organique à une telle nation, car il est le seul qui, de par sa «rationalité», peut justifier son existence.

Aujourd’hui, Trump ne fait qu’exprimer, certes à la manière vulgaire d’un goujat, l’idéologie raciste qui s’est constituée historiquement pour justifier l’oppression des personnes non européennes. Pour lui, il ne fait aucun doute que les États-Unis est un pays fait par et pour les Blancs, toutes autres populations n’étant que des parasites, des agents de la décadence.

Du fait que le racisme constitue une idéologie de la domination qui a pris naissance dans la conquête des Amériques, elle ne peut être, par conséquent, dépassée sans une remise en question du système d’oppression qui l’a constituée et nourrie.

Ce système est, depuis le 19e siècle, le capitalisme et ses corollaires : le colonialisme et l’impérialisme. L’idéologie raciste, qui a servi à justifier le génocide et l’esclavage, s’est instituée en «doctrine philosophique et scientifique» pour «normaliser» la colonisation de l’Afrique et de l’Asie. Désormais, il s’agit d’apporter «l’éducation, la culture, la connaissance, le christianisme» à des «peuples sauvages», plongés dans l’obscurantisme. Pour cela, tous les moyens sont bons : génocides, massacres, violence psychologique, destruction des cultures locales, aliénation, etc.

Aujourd’hui, le racisme reste une idéologie prégnante. Il a connu une certaine inflexion à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, puis il s’est mué: du racisme «scientifique» qui considérait les peuples non européens comme «biologiquement» inférieurs, on est passé actuellement à un racisme de type culturaliste. Le sous-développement des peuples du Sud, leur pauvreté s’expliquerait par leur culture, leur mentalité, leurs «croyances superstitieuses».

Avec Trump, cette idéologie devient de plus en plus agressive et ouverte. Elle imprègne avec virulence même la mentalité des classes dirigeantes des pays dominés, des classes qui sont, dans les faits, la création du colonialisme et de l’impérialisme. Trump est également leur leader et leur maitre à penser.

C’est pourquoi, aujourd’hui, les luttes contre l’idéologie de la suprématie blanche, dont Trump est la figure emblématique, doivent s’articuler aux luttes contre le capitalisme, contre l’impérialisme et contre les bourgeoisies antinationales des pays dominés. Ce n’est qu’une seule et même lutte.

Les classes opprimées des pays occidentaux, qui subissent l’austérité, la paupérisation et l’exclusion sont aussi concernées par cette lutte. Le racisme est certes une idéologie de domination qui justifie la déshumanisation des peuples non européens, mais elle constitue également un facteur de division, que les classes appauvries occidentales ont intérêt à combattre.

Pour terminer, il est essentiel de comprendre que le peuple haïtien n’a aucune leçon à recevoir de quiconque en ce qui a trait à la situation du pays. Toutes les tentatives des classes populaires pour transformer le pays, pour s’approprier de leur destin, pour créer une véritable nation fondée sur la justice sociale, la répartition des richesses, ont été écrasées dans le sang. Le «pays de merde», dont parle Trump, est le  résultat d’une domination historique des classes dominantes haïtiennes, alliées inconditionnelles de l’impérialisme.

Voilà pourquoi la lutte pour transformer ce «pays de merde» en un pays où il fait bon de vivre, en une nation qui offre à ses fils et à ses filles le bien-être et la dignité, doit être essentiellement une lutte visant à transformer les structures socio-économiques qui entretiennent la reproduction de cette situation de «merde» dans laquelle le pays se trouve depuis plus de deux cents ans.

 

 

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