Sommet du G7: pensons à la suite du monde

 

Les manifestations prévues à Québec pendant le G7 ne semblent faire éclore, dans l’univers médiatique, que des visions de catastrophe et de violence. On propose même « 8 choses à faire hors de Québec pour éviter le G7 », comme s’il s’agissait d’un ouragan qui allait s’abattre sur la ville. Cet amalgame entre les manifestations et « la casse » a un effet foncièrement négatif sur notre démocratie, déjà malmenée sur plusieurs fronts.

Je me souviens des images de la Révolution tranquille qui figuraient dans mes livres d’histoire à l’école : des tas de gens rassemblés en masse dans les rues pour un monde meilleur. Où est passée cette saine vision des mouvements populaires ? À quel moment avons-nous commencé à percevoir les grandes manifestations uniquement comme le terrain de jeu d’une gang de débiles violents ?

L’effet de cette couverture médiatique, évidemment, c’est la peur. Alors que le vrai drame, ce ne sont pas les quelques personnes que l’on verra en boucle, au téléjournal, en train de lancer un projectile à des policiers. Pendant que ces images nous seront servies à répétition jusqu’à écoeurement complet, les États, ces outils des peuples, continueront de perdre leur pouvoir sur leur propre territoire, au profit d’une classe internationale de richissimes détenteurs de capitaux qui sont assez forts pour soumettre la marche du monde à l’avancement de leurs intérêts privés.

Les rencontres informelles du G7 sont très importantes pour le déploiement de l’économie en fonction des intérêts des banques, des industries pétrolières, agroalimentaires, pharmaceutiques, technologiques, de l’armement et autres. Cette semaine, le G7 accueille d’ailleurs des représentants des plus grandes multinationales pour discuter de propositions à soumettre aux chefs d’État lors du sommet.

Zone de liberté

Évidemment, les citoyens ne se font pas offrir une telle tribune pour exprimer leurs visions d’avenir. À part l’enclos à manifestants ! À La Malbaie, les organisateurs du Sommet ont installé une zone de liberté d’expression pour les citoyens : une zone délimitée, munie de clôtures de deux mètres de haut et qui sera encadrée par les forces de l’ordre. Vraiment ? Coller le mot « liberté » à un espace entouré de clôtures et de policiers… ? Dans cent ans, ils mettront cet exemple-là dans les livres d’histoire, et les jeunes riront (les chanceux).

Voilà donc l’espace prévu pour les citoyens, ceux-là mêmes qui ont fourni les fonds publics nécessaires à l’organisation du G7, ainsi que tous ces autres fonds publics qui finiront dans les poches des grandes entreprises venues crouser nos dirigeants.

Nous irons manifester à Québec le 9 juin prochain parce que nos chefs d’État ne remplissent pas le mandat pour lequel nous les avons engagés, c’est-à-dire favoriser le bien commun. Parce que s’ils faisaient leur job comme du monde, ils auraient comme sujets de discussions :

la date à laquelle mettre en vigueur une interdiction totale de l’obsolescence programmée dans tous les pays membres ;

la mise sur pied de la plus grande lutte aux paradis fiscaux de l’histoire du monde ;

comment sortir du pétrole au « PC » ;

comment diminuer radicalement l’écrasante l’influence des grands intérêts privés sur la démocratie ;

l’annulation de la dette des pays du Sud, déjà payée plusieurs fois, source de pauvreté et de migrations ;

etc.

Et nous irons manifester le plus dignement du monde, avec toute la beauté de notre refus. Le 9 juin, à Québec, soyons grands et dignes, à la hauteur du monde que nous souhaitons, celui que nous sommes déjà en train de construire dans la réalité comme dans les consciences.

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