Bolivie : le Canada ne doit pas tolérer le coup d’État

Extrait d’un éditorial publié par le Globe and Mail, 20 novembre 2019

Quand un coup d’état devient-il un coup d’état? Telle est la question qui plane en Bolivie, où des personnes sont massacrées par des forces qui soutiennent un gouvernement de transition dont la légitimité et les intentions sont mises en doute.

Cinq personnes ont été tuées cette semaine dans la ville d’El Alto, où des manifestants fidèles au président déchu, Evo Morales, bloquaient un dépôt de carburant. La semaine dernière, au moins huit partisans de Morales ont été tués et des dizaines d’autres blessés dans la ville de Sacaba par des forces de sécurité.

Le gouvernement intérimaire de Jeanine Anez Chavez a promis de mettre fin à ces manifestations qui paralysent le pays depuis l’élection nationale controversée du 20 octobre.

Cependant, de nombreuses doutes subsistent quant à la prétention de Mme Anez à la présidence. Son autorité vient du soutien de l’armée et de la police boliviennes. Par ailleurs, elle a commencé à prendre des mesures qui ne relèvent pas du gouvernement intérimaire censé œuvrer à la réconciliation et à la réconciliation.

Mme Anez, d’origine européenne, a incorporé le catholicisme aux cérémonies de son gouvernement, même si la Bolivie est un État laïc au sens de sa constitution. En outre, elle a formé un gouvernement dans lequel un seul ministre est autochtone – dans un pays où 60% de la population est autochtone.

La semaine dernière, elle a signé un décret protégeant les forces de sécurité des poursuites pénales contre des manifestants, dont beaucoup sont autochtones. Et elle a commencé à changer la politique étrangère de son pays, en arrêtant les relations avec les pays qu’Evo Morales avait établis (comme le Venezuela et Cuba).

Mme Anez n’a pas le mandat de faire quoi que ce soit. Et pourtant, le Canada et d’autres pays soutiennent provisoirement son gouvernement – au nom de la démocratie.

M. Morales n’est pas un ange et il est resté trop longtemps au pouvoir. Mais étant donné que personne ne conteste qu’il aa remporté le vote, le résultat le plus démocratique aurait été de lui permettre de prendre part à une nouvelle élection ou à un second tour.

Au lieu de cela, les protestations et les émeutes orchestrées par ses opposants, ainsi que la perte de soutien de l’armée, l’ont obligé à démissionner et à quitter le pays. À sa place, un gouvernement intérimaire a commencé à purger la Bolivie de son héritage, bien qu’il ne dispose d’aucun mandat démocratique à cet égard.

Les pays soutenant le gouvernement Anez devraient retirer leur soutien et exiger immédiatement de nouvelles élections.

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