Canada : le plan du gouvernement n’est pas à la hauteur

Duncan Cameron, extrait d’un texte paru dans Rabble, 26 mars 2020

Les mesures d’urgence annoncées le 19 mars par les libéraux en réponse à la détresse économique causée par le virus sont bien en deçà des besoins. Un revenu de remplacement de l’assurance-emploi ne dépassant pas 55% des gains n’aidera pas les travailleurs de 12 $ l’heure quand ils perdent leur emploi. 

Malgré la création d’une prestation de soins d’urgence et d’une prestation de soutien d’urgence – indemnité de maladie temporaire, suivie d’un soutien du revenu temporaire, le gouvernement libéral ne parvient pas à faire circuler de l’argent immédiatement aux personnes mises à pied et sans moyens pour payer le loyer ou acheter de la nourriture. Sur les 3,4 millions de locataires en Ontario, 46% ont des économies totales équivalant à moins d’un mois de revenu. Sans congé de maladie payé ni soutien du revenu adéquat, les travailleurs malades sont contraints de continuer à travailler parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen de joindre les deux bouts. Pour rendre le confinement à domicile possible, des politiques complètes de soutien du revenu doivent être en place et supplantées par une aide d’urgence.

La France a accepté de payer 80 pour cent du salaire des employés pour les travailleurs temporairement licenciés. Les 13% du PIB que le Danemark a réservés pour maintenir les revenus et l’emploi atténueront les pires effets du krach économique. L’Allemagne et l’Australie ont annoncé des plans de sauvetage représentant 10% de leur PIB. La réaction des dépenses canadiennes – 27 milliards de dollars pour les travailleurs dans le besoin – représente un minable 1% du PIB. 

La destruction de l’assurance-emploi et du bien-être par les gouvernements fédéraux successifs a forcé les gens à travailler pour presque rien. De courtes heures, de mauvaises conditions de travail et aucun avantage social signifiaient l’expansion du travail précaire, créant des inégalités béantes au Canada. Le plan d’urgence libéral doit être géré par l’ARC, qui a un site Web qui fonctionne mal et un service super lent.  Service Canada a reçu 929 000 demandes d’assurance-emploi la semaine dernière; il n’est pas noté pour sa rapidité à accepter les réclamations. 

La plus grande part de la réponse économique des libéraux de 82 milliards de dollars est réservée à 50 milliards de dollars pour soutenir les hypothèques souscrites par des banques pour des résidences privées. En fait, ces 50 milliards de dollars ne sont pas des dépenses publiques et ne devraient pas être comptabilisés comme tels dans l’aide d’urgence COVID-19. Il s’agit d’un échange d’actifs: des dépôts gouvernementaux pour des obligations hypothécaires.

Des économistes demandent l’adoption immédiate d’un revenu minimum ciblé de 1 000 $ par mois à envoyer aux personnes âgées de 18 à 64 ans dont le revenu annuel est inférieur à 50 000 $. Le versement initial est estimé à 11,6 milliards de dollars par mois ou 139,2 milliards de dollars par an. À environ 5% du PIB, il est possible et certainement dans la fourchette des dépenses des pays de taille comparable dans le monde de faire face à la pandémie.