Canada : mes amis les princes

 

Yves Engler, extrait d’un texte paru dans Canadian Dimension, 27 avril 2019

La semaine dernière, lors d’une visite au Moyen-Orient, le ministre de la Défense nationale, Harjit Singh Sajjan, a rencontré son homologue des Émirats arabes unis, Mohammed bin Ahmed Al Bowardi, à Abou Dhabi. Selon Emirates News Agency, des responsables canadiens et émiratis ont discuté de « coopération dans les secteurs militaire et de la défense» à un moment où le pays riche en pétrole joue un rôle clé dans la terrible violence au Yémen.

Le gouvernement Trudeau fait la promotion des ventes d’armes aux Emirats et à d’autres monarchies régionales. Avec le soutien de 15 délégués commerciaux et représentants du gouvernement de l’Ontario, de la Défense nationale, d’Affaires mondiales Canada et de la Corporation commerciale canadienne», 50 entreprises d’armement canadiennes ont fait la promotion de leurs armements lors de la conférence internationale IDEX à Abou Dhabi. en février. Pour aider ces entreprises canadiennes, Darren Garnier, le commandant de la Combined Task Force 150 basée à Bahreïn, a dirigé une délégation militaire canadienne à IDEX.

Au cours de sa récente tournée, Sajjan a rencontré le roi Abdallah II bin Al-Hussein en Jordanie. Il a discuté de la coopération militaire avec un monarque connu pour ses persécutions. Le 9 avril, les forces armées canadiennes et jordaniennes ont inauguré un projet de route le long de la frontière entre la Jordanie et la Syrie, afin de, selon le Lieutenant-général Michael Rouleau (commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada), « de permettre aux forces armées jordaniennes de dissuader, de surveiller et d’interdire les incursions le long de la frontière nord avec la Syrie ».

Au cours de sa tournée au Moyen-Orient, Sajjan a rencontré le Premier ministre du Koweït et ministre de la Défense, Cheikh Nasser Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, qui fait partie d’une famille qui règne sur ce pays depuis 250 ans. Selon l’Agence de presse du Koweït, le ministre « a mis l’accent sur les relations profondes entre le Koweït et le Canada et a souligné la volonté commune de renforcer et de consolider les relations bilatérales ». Plus tôt dans le mois, le ministre des Finances, Bill Morneau, et la secrétaire parlementaire, Omar Alghabra, ont participé au premier forum sur l’investissement entre le Koweït et le Canada. Selon Alghabra, il est important développer les relations entre le Canada et le Koweït en matière d’investissement, de commerce et de défense. Les liens militaires avec le Koweït sont importants car les forces canadiennes y ont une base . En décembre, la Marine canadienne a pris le commandement de la Force de frappe interarmées 150 de ses homologues saoudiens. Le Canada compte également un petit nombre de soldats dans les monarchies de Bahreïn, des Émirats arabes unis et du Qatar.

Le mois dernier , l’ ambassadeur du Canada au Qatar Stefanie McCollum se vantait de relations croissantes entre les pays, affirmant « nos valeurs sont très similaires. »

Malgré les discordes avec l’Arabie saoudite, le gouvernement Trudeau a poursuivi ses activités avec la monarchie la plus puissante et la plus répressive de la région. Récemment, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a détourné les yeux lorsque l’étudiant saoudien Mohammed Zuraibi Alzoabi a fui le Canada – vraisemblablement avec l’aide de l’ambassade – pour éviter des accusations d’agression sexuelle au Cap-Breton.

En dépit de la guerre dévastatrice au Yémen et du meurtre et du démembrement du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Istanbul, l’Arabie saoudite continue de recevoir d’importantes cargaisons d’armes canadiennes. Durant 2018, 17,6 millions de dollars de fusils ont été exportés vers le royaume et des armes d’une valeur de 1,8 million de dollars ont été livrées en février. Depuis le début de 2019, le Canada a exporté pour 367 millions de dollars de «chars et autres véhicules de combat blindés» vers les Saoudiens.

Des véhicules blindés de la société canadienne Streit Group ont été filmés à plusieurs reprises au Yémen. Des équipements de trois autres fabricants de véhicules blindés canadiens – Terradyne, IAG Guardian et General Dynamics – ont été retrouvés au Yémen avec des forces soutenues par l’Arabie saoudite. La coalition dirigée par les Saoudiens a également utilisé des fusils fabriqués au Canada.

Le gouvernement Trudeau a gardé le silence sur les récents efforts de l’Arabie saoudite pour faire dérailler les manifestations pro-démocratiques au Soudan et en Algérie  ainsi que sur le financement de Riyadh du seigneur de guerre libyen Khalifa Haftar qui tente de s’emparer de Tripoli par la force.

Les relations amicales entre le gouvernement Trudeau et des monarchies répressives du Moyen-Orient telles que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis montrent à quel point les libéraux se soucient peu de la démocratie à l’étranger.

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