En avant vers le Forum social mondial des migrations Mexico, 2-4 novembre 2018

Plateforme altermondialiste

Le contexte

Le Forum social mondial sur les migrations réunit depuis 2012 des organisations et des militant-es oeuvrant sur la question des migrations. Des éditions précédentes ont été réalisées au Bangladesh, en Équateur, au Brésil, en Afrique du Sud, en Espagne.  Le Forum de Mexico sera le 8ième FSM sur les migrations, mais le premier qui se tiendra presqu’à nos portes. À Mexico, la rencontre se produit dans un moment exceptionnel :

  • La crise des réfugiés qui ne cesse de s’aggraver bouscule de nombreux États où les frontières deviennent des enjeux incontournables sur les plans politiques, économiques, culturels. Les flux de migrants concernent directement plus de 250 millions de personnes dont près de 65 millions sont en situation de détresse, forcées de quitter leurs pays dans des conditions qui sont le plus souvent très dangereuses.
  • Partout, cette crise facilite la montée de mouvements d’extrême-droite, xénophobes, à saveur raciste, comme on le constate aux États-Unis, en Europe et même au Canada (Canadian Combat Coalition, Atlante, Storm Alliance, La Meute, les Soldats d’Odin, etc.). De « vieilles » crises de réfugiés, en Palestine, au Soudan, en Afrique du Sud, s’enveniment et deviennent plus violentes. Des discours haineux, qui étaient il n’y a pas si longtemps confinés à de petits groupes extrémistes, sont propagés à grande échelle par les grands médias et les médias sociaux. Partout se répand l’idée que le migrant, même quand celui-ci est établi dans un pays d’accueil de longue date, et le demandeur d’asile, réfugié reconnu ou non, est un ennemi et une menace.
  • Les mécanismes et organismes mandatés sur le plan international pour gérer cette situation, dont l’ONU et les organismes humanitaires, sont de plus en plus débordés. Les ressources sont totalement inadéquates. La protection des personnes concernées, y compris des travailleurs humanitaires, n’est plus assurée, pendant que sont violées allègrement les conventions internationales qui sont censées être respectées par les États membres de l’ONU[1]. Parallèlement à cet affaiblissement, d’autres organisations internationales établissent des critères et des mécanismes de triage des « bons » et des « mauvais » migrants et réfugiés.
  • Finalement, ce 8e forum se tient au Mexique alors que ce pays est sur la brèche, coincé par les pressions états-uniennes au nord et les flux croissants venant d’Amérique centrale, dans une situation où la violence atteint des niveaux sans précédent. Au moins 100 000 migrants, ceux qui vont vers le nord et ceux qui viennent du sud, sont disparus au Mexique en 2017-18 et selon les organismes de droit, il y a parmi ceux-ci un très grand nombre qui ont été assassinés.

Un facteur positif concernant le fait de tenir le FSMM à Mexico provient des changements politiques en cours, alors qu’un gouvernement progressiste est à la veille d’accéder à la tête du pays. Un gouvernement qui a déjà signalé à Trump, lors d’une rencontre en juillet dernier, qu’il fallait discuter du développement du Mexique et de l’Amérique latine sans lequel les mouvements migratoires ne cesseront pas.

 

Le capitalisme globalisé et l’immigration

 

Le discours de la globalisation qu’on appelle la mondialisation est généralement favorable à l’immigration. Il faut comprendre pourquoi.

À un premier niveau, le cycle actuel d’accumulation du capital requiert une abondante main-d’œuvre peu qualifiée, dans l’agriculture, l’industrie, la construction et les services privés et personnels. En Amérique latine, en Afrique et en Asie, de gigantesques surplus de population, provenant de la destruction de la paysannerie s’accumulent dans une gigantesque « planète des bidonvilles »[2].

Dans les pays capitalistes, il faut encore beaucoup de bras pour des emplois peu payés, peu gratifiants, souvent dangereux. Ces emplois, contrairement à ce qui était offert à la vague précédente d’immigration, ne sont pas dans l’industrie manufacturière, ils sont rarement stables, rarement syndiqués et difficilement « syndicables ». La main-d’œuvre en question doit être mobile, précaire, dans une situation où les droits du travail et les droits sociaux en général sont ramenés à la baisse.

Les immigrants, qui sont toujours plus vulnérables que les autres composantes des secteurs populaires, sont donc utiles pour fournir cette main-d’œuvre à bon marché. En pratique, les droits des immigrants, même lorsqu’ils sont codifiés dans des conventions internationales, sont rarement respectés.

Une autre dimension de cette « nouvelle » immigration de masse non qualifiée est liée aux réseaux criminalisés qui opèrent, avec la complicité relative des États, de vastes flux de travailleurs et de travailleuses, y compris dans les industries dites du sexe.

À un deuxième niveau, le capitalisme a besoin de main-d’œuvre qualifiée et même très qualifiée. Il est alors rentable d’écrémer la main-d’œuvre qui a été formée aux frais d’autres pays. C’est un phénomène qui ne date pas d’hier mais le processus s’accélère, d’autant plus que l’économie du savoir est celle où se concentre en grande partie l’accumulation du capital. Il faut des quantités industrielles de main-d’œuvre qualifiée en informatique, dans le biomédical, dans l’ingénierie.

 

Les enjeux du régime migratoire au Québec et le Canada

Au Québec et au Canada, la question des migrations est devenue un grand enjeu pour les gouvernements, les sociétés civiles et les mouvements populaires. En 2017, 296 346 personnes sont arrivées au Canada dont 62 000 réfugiés[3]. En dépit de ces nombres qui semblent indiquer que le Canada est encore une terre d’accueil, des transformations en cours dans la politique d’immigration témoignent de tendances dangereuses, qui sont en phase avec ce qui se passe dans les autres pays capitalistes.

  • L’État canadien mise de plus en plus sur les travailleurs immigrés temporaires, en passant du simple au double en moins de 20 ans. L’an passé, 286 000 permis de travail ont ainsi été livrés (environ 50,000 au Québec) dans des secteurs qui emploient des saisonniers comme l’agriculture et les pêcheries, mais aussi dans l’agro-industrie, les services et les soins aux personnes (ex : résidences pour personnes âgées). La situation est très problématique pour ces travailleurs vulnérables, puisque leur permis de travail au Canada dépend d’un seul employeur et leurs postes sont rarement syndiqués. Leurs salaires sont généralement bas et les conditions difficiles, peu susceptibles de s’améliorer.
  • Les personnes immigrantes « reçues » sont sélectionnées (de plus en plus par les provinces) et se voient octroyer la résidence permanente en fonction de leur adéquation présumée au marché du travail provincial ou régional, et non en fonction d’une intégration à long terme[4]. La majorité de ces immigrants possède un diplôme universitaire, mais leurs compétences ne sont pas reconnues, ce qui explique d’importants écarts entre le revenu moyen et le taux de chômage de ces immigrants et le reste de la population[5]. De plus, bien que les minorités dites visibles représentent 13% de la population du Québec en 2017, les services publics demeurent en gros inaccessibles, mis à part le secteur de la santé qui vit une pénurie de personnel partout au Canada[6].
  • L’accueil des réfugiés est de plus en plus restrictif, surtout que les demandeurs en provenance des États-Unis qui se présentent aux postes frontières canadiens sont automatiquement refoulés, puisque le Canada considère le voisin du sud comme un « tiers pays sûr ». Plusieurs parmi ceux qui sont parvenus à rentrer au Canada font face à des procédures longues et opaques qui aboutissent souvent à leur déportation et à leur détention aux États-Unis, où sont emprisonnés des adultes et des enfants. Ceux dont la demande est admissible à un examen approfondi disposent d’un permis travail pendant leur attente de statut au Canada et sont fortement convoités par les agences de placement et les employeurs à la recherche d’une main-d’œuvre docile et bon-marché. Y compris dans l’industrie du sexe.
  • Dans des cas de conflits majeurs (Syrie, Irak, Afghanistan, Palestine), les procédures de sélection des demandeurs d’asile et l’octroi du statut de réfugié peuvent durer des années, alors que les ressortissants des pays en guerre sont souvent dans une situation de grande précarité ou menacés de mort, comme on le constate avec les réfugiés syriens au Liban ou en Turquie. L’admission des réfugiés par le Canada dépend par ailleurs en grande partie d’un parrainage privé où des familles ou communautés canadiennes s’engagent à payer les frais d’accueil avec un appui minime de la bureaucratie fédérale[7]. Le nombre de ces parrainages privés a récemment été verrouillé, malgré que le conflit perdure.

Récemment, avec les nombreux cas de personnes forcées de quitter les États-Unis à cause des politiques imposées par l’administration Trump, on a observé beaucoup d’entrées au Canada en dehors des postes frontières de Lacolle et d’ailleurs. Le gouvernement canadien semble insensible à leur sort en refusant de suspendre l’Entente sur les pays sûrs, ce qui permettrait de changer les règles et procédures comme le réclament les organismes de défense des droits[8].

Pourtant, les règles changent quand les entreprises le réclament. Vu les reculs en francisation, le manque de reconnaissance de leurs compétences et diplômes, et les maigres perspectives d’emploi dans leur domaine, une grande proportion des immigrants récents sont au chômage ou ont quitté le Québec pour l’Ontario et d’autres provinces canadiennes après relativement peu de temps.

Entre-temps, les employeurs sont sans cesse à la recherche de travailleurs moins qualifiés qui accepteraient de travailler à des salaires peu compétitifs et/ou des conditions de travail difficiles. Depuis peu, les candidats à l’immigration au Québec dont le profil correspond aux besoins du marché du travail peuvent être sélectionnés à l’étranger par des employeurs québécois, se voir octroyer un certificat de sélection du Québec et un permis de travail de temporaire, et venir travailler au Québec durant l’étude de leur dossier par le Canada. La résidence permanente pourrait également leur être accordée en moins de temps qu’auparavant, si l’employeur est satisfait et souhaite garder cette personne à son service…

On voit bien que si les règles sont inflexibles pour les demandeurs d’asile, la situation est toute autre pour les employeurs qui réclament la « flexibilisation du marché du travail et la mobilité internationale ». La vision utilitariste de l’immigration qu’ils proposent aux gouvernements est fort réductrice. Bref, si les politiques mises en place par le gouvernement fédéral sont problématiques au vu de ses responsabilités humanitaires, celles du Québec sont désormais étroitement liées aux besoins du marché du travail.

Devant ce virage troublant, des organismes de défense de droits, des syndicats et des groupes communautaires demandent des changements immédiats.

  • Plusieurs réclament la suspension de l’Entente sur les pays sûrs avec les États-Unis.
  • Des mesures protégeant les demandeurs d’asile et les travailleurs migrants temporaires doivent être mises en place, en considérant la réalité spécifique des femmes.
  • Cela passe par l’équité en matière de droits du travail, d’accès aux services de francisation, d’employabilité et de syndicalisation pour tous, y compris les réfugiés, les TET et les demandeurs d’asile.
  • Les permis de travail doivent permettre à tous de changer d’employeur. En cas de plainte, le gouvernement devrait faciliter l’accès aux tribunaux administratifs et le traitement des dossiers (ex : santé sécurité) même après un retour forcé dans le pays d’origine.
  • Enfin, les travailleuses et travailleurs migrants devraient pouvoir obtenir le statut de résidence permanente au Canada plus rapidement, afin d’éviter que ne se crée une catégorie de travailleurs de seconde classe.[9]

Selon Véronique de Sève de la CSN, il faut aussi procéder à une révision profonde de la reconnaissance des compétences des nouveaux arrivants, l’adoption de procédures de recrutement et d’embauche inclusives, l’élimination de pratiques discriminatoires et non adaptées à la diversité culturelle, et une bonification des mesures de francisation pour les personnes immigrantes. Il est urgent, a-t-elle ajouté, que le Québec prenne des mesures pour  « contrer les obstacles systémiques que rencontrent les personnes immigrantes et les personnes racisées »[10].

Le discours de tout-le-monde-contre-tout-le-monde

Parallèlement, la dérive des médias et par conséquent, d’une partie de l’opinion publique, représente un autre défi majeur. Le problème ne vient plus seulement des médias-poubelles qui pendant des années ont déversé des torrents de fiel contre les immigrants et les réfugiés, en ciblant particulièrement les populations originaires de pays arabes et/ou musulmans. On ne peut ignorer que cela est une tendance lourde ailleurs en Amérique du Nord et en Europe, telle une sorte de « produit dérivé » des « guerres sans fin » déclenchées par les États-Unis depuis 2001.

Le problème s’est particulièrement aggravé aux États-Unis. Le discours d’extrême-droite a largement pénétré le Parti Républicain en mobilisant des millions de personnes dans un réseau dense d’associations, de clubs et de formations politiques locales. Finalement, tout cela est devenu dominant depuis l’intronisation de Donald Trump. Son discours à teneur raciste vise particulièrement les Mexicains et les Latino-Américains, lesquels comptent plus de 30 millions de personnes aux États-Unis. En les traitant de « violeurs » et de « bandits », Trump a franchi un pas important sur le plan symbolique (les pratiques de répression contre les immigrants dits illégaux s’étaient aggravés sous Obama).

Des secteurs réactionnaires et conservateurs de la société canadienne et québécoise ont pris des forces dans ce contexte toxique. Le discours haineux est maintenant largement présent dans plusieurs médias de masse, notamment le réseau Quebecor. Les immigrants et réfugiés, surtout les Arabes et les Musulmans, veulent « saper nos valeurs », affirment à longueur de journée le Journal de Montréal et le Journal de Québec. Des secteurs de tradition progressiste reprennent malheureusement une partie de ce discours, comme si les immigrants arabo-musulmans avaient le monopole du sexisme.

La Coalition Avenir Québec (CAQ) flirte sans vergogne avec ce discours haineux. L’histoire de faire passer des tests de français pour déterminer si les immigrants peuvent rester au Québec cache mal une attitude méprisante, comme si le problème ne venait pas de la faiblesse des mécanismes d’intégration (incluant la francisation en milieu de travail), sans compter qu’une grande proportion des petites et moyennes entreprises échappe à la loi 101. C’est plus facile de traiter les Arabes et les Musulmans de mauvais citoyens que de confronter le patronat et l’État.

Il faut se souvenir à quoi a servi ce discours de haine dans l’histoire contemporaine. C’est en mobilisant la société contre les « sales juifs » que les fascistes ont pu anéantir le mouvement syndical et la gauche. Aux États-Unis, la discrimination systémique contre les Africains-Américains jusque dans les années 1960 est venue des mêmes secteurs des élites qui ont combattu des lois favorables aux travailleurs et aux travailleuses. Plus près de nous, la droite cléricale a bloqué le progrès social pendant des décennies en faisant appel aux sentiments antijuifs, contre les « wops » et les « pollacks »[11] qui étaient autant de boucs émissaires pour justifier la pauvreté et le chômage.

 

Diaboliser, confiner, réprimer immigrants et réfugiés

La restructuration en cours du dispositif du pouvoir des élites économiques inclut une stratégie qui comporte une forte dimension culturelle. Il faut créer un nouveau « climat » où la population doit accepter une sérieuse détérioration de ses conditions économiques, sociales et politiques. Ce qui implique une systématique bataille des idées. L’adversaire doit être diabolisé, déshumanisé, non seulement pour pouvoir l’éradiquer et le torturer en dehors de tous les dispositifs légaux internationaux, mais pour créer l’impression qu’il s’agit véritablement d’une bête à abattre.

C’est, comme le politicologue conservateur états-unien Samuel Huntingdon le dit, une « guerre des civilisations », la « nôtre » contre la « leur ». Or, jusqu’à un certain point, cette bataille ne se joue pas seulement à Kandahar et à Gaza. Elle se joue aussi dans les banlieues et les quartiers où se concentre l’immigration.

Les opérations policières et sécuritaires s’intensifient, faisant entrer l’ensemble de la société dans une zone de non droit : détention sans procès, constitution de listes noires, harcèlement, intimidation et, au pire, utilisation de moyens détournés pour placer les « suspects » dans des conditions où leur vie est à risque. Du coup, il faut construire cet ennemi. C’est le fils de l’immigrant noir, qu’on présente comme un criminel, un membre des gangs de rue, et qu’on abat dans le dos sans raison alors qu’il rentre à la maison. C’est aussi le nouvel immigrant, le musulman, représenté comme « pervers, rusé, non assimilable » non seulement dans l’imagerie de la presse démagogique, mais aussi dans le discours réactionnaire d’une certaine classe intellectuelle. Leurs pratiques sont incompatibles avec la modernité, avec la loi et l’ordre, avec les droits (ceux des femmes surtout). Et il faut, ni plus ni moins, le confiner, le surveiller, le contrôler et éventuellement, s’il n’accepte pas nos « valeurs », l’expulser.

 

Rendez-vous à Mexico

Le FSMM sera un point de rencontre important pour comprendre ce qui se passe, pour échanger et surtout pour apprendre des luttes et des résistances en cours, dans l’idée de faire converger celles-ci dans un mouvement à la fois local et mondial. Avec les ateliers et les présentations, il y aura des rencontres avec des gens actifs sur le terrain, comme les participants aux Caravanes des migrants et des mères de migrants disparus, qui viennent majoritairement du Mexique et de l’Amérique centrale. C’est une situation qui nous interpelle beaucoup compte tenu des populations originaires de ces territoires présents ici parmi nous, compte tenu également que les entreprises canadiennes y sont très présentes, malgré les belles déclarations du gouvernement Trudeau sur sa soit disant « politique internationale féministe ».

Fondamentalement, le capitalisme sous sa forme contemporaine, comme sous ses formes antérieures, se nourrit des migrations, dans son insatiable soif de pauvres forcés à vendre leur force de travail et ce, dans des conditions qui leur imposent d’accepter des salaires trop bas – quelles que soient leurs compétences. On pourrait donc conclure, de manière simpliste et hâtive, que le problème ne pourra être résolu qu’avec l’abolition du capitalisme! En réalité, la question des migrations, et plus concrètement la lutte des migrants, ne peut être renvoyée à cette semaine des quatre jeudis post-capitaliste! Il faut donc insister sur l’importance des fronts de résistance multiples qui permettent de marquer des gains concrets, de renforcer la dignité des migrants et aussi de porter la bataille pour le respect de leurs droits à un niveau global et politique. Ce qui implique de grandes alliances, une articulation organique des revendications des migrants au cœur des mouvements sociaux et politiques de gauche. Pour que cela se fasse, il faut se concerter, produire un discours cohérent, s’entendre sur un programme à court et à long terme, bref, construire un projet contre-hégémonique dont les composantes pourraient être :

  • De lutter sans merci contre toutes les discriminations systémiques (légales ou informelles) contre les immigrants et les personnes de 2e ou 3e génération, ce qui implique une capacité de répondre aux dimensions racistes de ces discriminations.
  • D’adopter une posture d’accueil envers les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants, victimes de ce grand désordre mondial, et de construire le fameux « vivre-ensemble » nécessaire à une société empreinte de solidarité.
  • De participer et d’aider les résistances démocratiques qui confrontent ce capitalisme prédateur, à la racine des migrations forcées qui affectent des millions de gens chassés par les conflits politiques, la guerre, la traite humaine, la misère, les changements climatiques.

Toutes ces questions seront intégrées au programme du Forum. Il y aura également des discussions sur les campagnes en cours et sur les mobilisations internationales à venir. L’ONU notamment doit discuter lors d’une rencontre au sommet du décembre prochain la situation de crise concernant les migrants et les réfugiés. Cela serait l’occasion de faire entendre la voix de la société civile à une grande échelle.

Reprendre le dialogue avec les camarades mexicains

Bref, la participation au FSSMM sera un moment structurant pour les délégué-es du Québec, dans la bonne compagnie de personnes venues de partout dans le monde. Parallèlement, la rencontre de Mexico devrait être une opportunité de refaire les ponts et de consolider les solidarités avec les organisations mexicaines. Celles-ci sont actuellement énormément contentes des résultats de l’élection de juillet dernier, en même temps, elles sont anxieuses.

Dans une large mesure, le dispositif du pouvoir échappe au président élu AMLO. Les circuits de l’élite globalisée qui a mené le pays à la ruine de connivence avec l’énorme appareil des narcotrafiquants entendent bien maintenir leurs privilèges et faire trébucher AMLO. La lutte pour une réelle transformation sera dure et prolongée, et il sera important, avec les camarades mexicains des syndicats et d’autres organisations populaires et autochtones, de faire le point pour voir ce qu’on peut faire.

Encore là, la politique internationale de l’État canadien, axée sur la défense des intérêts corporatistes, pratiquant le silence et l’impunité envers ceux qui commettent de graves crimes contre les personnes, doit être confrontée, pour enlever le peu qui reste d’une fausse réputation de « terre d’accueil ».

Pour prendre contact avec le comité

Courriel : comite.quebecois.fsmm2018@gmail.com>

 

[1] Notamment la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée par l’Assemblée générale en 1990.

[2] Mike Davis, Le pire des mondes possibles. De l’explosion urbaine au bidonville global. Paris, La Découverte, 2007.

[3] Selon les statistiques du Rapport annuel au Parlement canadien de 2017.

[4] Le gouvernement du Québec a le pouvoir de sélectionner des immigrants plus susceptibles de s’intégrer au Québec, notamment par le fait de parler le français. En réalité, moins de la moitié des immigrants parlent le français lorsqu’ils arrivent au Québec. Et 20% de ceux qui sont établis ici depuis plusieurs années, parfois même depuis 30 ans, ne le parlent pas non plus. Source : Jean Ferretti, Le Québec rate sa cible, Les efforts du Québec en matière de francisation et d’immigration : un portrait, IREC, 2016.

[5] En septembre 2017, le taux de chômage était de 8,8% pour les immigrants, contre 5,4% pour le reste de la population au Québec. Le plus grand écart se situait chez les personnes immigrantes arrivées depuis moins de cinq ans dont le taux de chômage atteignait 17%. Source : Statistique Canada, Tableau 282-0101-Enquête sur la population active (EPA), moyennes mobiles 3 mois, non désaisonnalisées, mensuel, 2017.

[6] Ils représentent 2% à la SAQ, 4,4% à Hydro-Québec, 9% à Loto-Québec et 9,4% dans la fonction publique. Source : Bertrand Schepper, Politiques d’inclusion dans la fonction publique: État de la situation, Fiche socioéconomique no.12 de l’IRIS, mai 2018.

[7] En 2016, sur un total de 5600 (83 %) réfugiés syriens admis au Québec par le Canada et sélectionnés par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR), 4700 étaient sponsorisés par des familles. Moins d’un millier ont donc été pris en charge par le Canada.

[8] Notamment le Conseil canadien pour les réfugiés, communiqué de décembre 2017, http://ccrweb.ca/fr/contestation-tiers-pays-sur-explication

[9] CSN, Mémoire présenté au ministère de l’immigration, la diversité et l’inclusion, 30 novembre 2017. https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2017/12/2017-11-30_memoire_discrimination-systemique_csn-1.pdf

[10] CSN, Le gouvernement du Québec doit réellement s’attaquer au problème du racisme systémique », 5 décembre 2017, https://www.csn.qc.ca/actualites/le-gouvernement-doit-reellement-sattaquer-au-racisme-systemique-au-quebec/.

[11] Beaucoup d’immigrants durant la première moitié du vingtième siècle arrivaient d’Europe, y compris de la Pologne et de l’Italie. Et même s’ils étaient catholiques, on les ostracisait et on les discriminait !

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