États-Unis : Crise raciale, sociale, politique

 

George Floyd a été assassiné par des policiers à Minneapolis. Une autre victime du racisme systémique qui gangrène la société américaine. George Floyd fait partie maintenant de la longue liste d’assassinat qui a débuté avec l’esclavage. Les émeutes dans plus de 140 villes ont marqué l’imaginaire et l’esprit de lutte à travers le monde. « Black Lives Matter » a fait le tour de la planète. Le slogan « No Justice, No Peace » a aussi lancé un avertissement à la classe politique des États-Unis : cette nouvelle génération qui était au cœur des manifestations sera patiente, mais pas aussi patiente que leurs parents et leurs grands-parents, pour obtenir justice pour George Floyd.

Nous avons remarqué la présence de cette coalition objective, rarement vue depuis les années soixante, entre les Afro-américains, les Latinx et les jeunes blancs (éveillé par le discours sociopolitique de Bernie Sanders). Certes, le but des manifestations était de signaler le cancer qu’est le racisme systémique aux États-Unis. Par contre, avec l’évolution des manifestations, les revendications se sont élargies pour inclure la lutte contre la pauvreté, la gratuité scolaire pour les universités, un programme de santé universel, une société juste et démocratique, et la lutte pour une société écologique. Les revendications élargies incluent maintenant la lutte contre le capitalisme qui est à la source du racisme systémique.

Un exemple assez remarquable de l’élargissement des revendications qui c’est manifesté depuis la mort de George Floyd, est ce qui se passe depuis mercredi le 10 juin par les manifestants et manifestantes dans la ville de Seattle. La police de Seattle craignait une attaque contre leur poste de police dans un quartier qui fut alors abandonné. Ils ont barricadé les fenêtres, barré les portes et ont fui le quartier. Les manifestants et les manifestantes à Seattle ont très vite saisi l’occasion pour ceinturer le quartier avec le poste de police au milieu.

Le quartier s’appelle maintenant la « zone » autonome de Capital Hill à Seattle. Une forme de Commune de Seattle a été fondée par cette alliance de manifestants où il et elles offrent des services médicaux, une cantine pour des repas, du théâtre et de l’art de la rue, un lieu pour se reposer et un feuillet d’éducation populaire, tout ceci dans l’esprit de la grève générale de Seattle de 1919, en pleine crise de la grippe espagnole. Ils et elles prévoient d’ici quelques jours préparer des déjeunés pour les enfants pauvres de Capital Hill, comme l’a fait le Black Panther Party à Oakland en 1968. Ne soyons pas surpris de voir d’autres communes apparaitre dans d’autres villes des États-Unis.

Le président comme il le fait depuis maintenant deux semaines, a menacé le maire de Seattle et le gouverneur de l’État de Washington que si la situation continue à se détériorer il va envoyer l’armée. Les démocrates, comme les hypocrites qu’ils sont, ont pris une position de conciliation et ont affirmé qu’avec Biden, il y aurait une enquête suivie par un rapport comme le Président Johnson a fait avec le Rapport Kerner à la suite des émeutes à Détroit en 1967. Le Rapport Kerner est resté sur les tablettes.

Ne soyons pas encore surpris si, avec les derniers événements, Obama fait une apparition pour sauver le Parti démocrate. Mais nous savons que cette nouvelle génération que nous voyons dans les rues n’écoute plus les démocrates et surtout pas BIden et Obama qui n’ont rien fait pour la communauté afro-américaine alors qu’ils étaient au pouvoir. La position de ses militants et militantes n’est ni les républicains, ni les démocrates. En somme nous assistons au rejet du vote stratégique libéral, qui fait gagner de toute façon un des deux partis capitalistes pour quatre ans.

À travers cette révolte sociale, il y a une élection présidentielle fédérale qui attitre l’attention, mais aussi des élections contestées par des candidats et candidates socialistes et progressistes à d’autres postes dans le système politique américain. Il y a un socialiste qui se présente au poste de sénateur pour l’État de New York (comme l’avait fait Julie Salazar, qui l’appuie) dans le comité de Brooklyn. Jabari Brisport est un enseignant, soutenu par le DSA (Democractic Socialists of America), la sénatrice Julie Salazar et Aleandria Ocasio-Cortez, pour qui il a travaillé durant sa propre campagne électorale. Il a de très bonnes chances de remporter la primaire démocrate du 23 juin, contre deux autres candidates de la machine électorale du Parti démocrate.

À ce jour, il devance ces deux opposants dans l’appui des électeurs et le montant d’argent qu’il a recueille. Il est un Afro-Américain et a milité au sein de Black Lives Matter. Il vient d’un milieu ouvrier. Son père était syndiqué aux Steel Workers (Metallos) et sa mère était syndiquée aux Communication Workers of America (les travailleurs et travailleuses de la Communication de l’Amérique). Il a commencé son engagement dans la politique électoral avec Bernie Sanders en 2016. S’il emporte la nomination démocrate, et gagne l’élection contre son adversaire républicain il sera le premier noir LGBTQ à être élu au Sénat de l’État de New York. Une élection importante pour solidifier le travail déjà commencé depuis 2018 par la Sénatrice Julie Salazar.

Jabari Brisport n’est pas seule à se présenté dans l’arrondissement de Brooklyn et celui du Queens juste à côté. Il y a trois candidats et candidates socialistes, tous et toutes membres du DSA, qui militent dans leurs quartiers contre le racisme systémique, la pauvreté et pour les logements sociaux. Les trois -Phara Souffrant, Marcela Mitanyes et Zouhran Mamdani- se présentent à la l’Assemblée législative et, selon les sondages locaux, mènent aussi dans les primaires démocrates du 23 juin.

Jabari Brisport est ces trois autres candidates et candidates ont constitué une équipe pour travailler ensemble pour leurs élections respectives et éventuellement travailler en équipe avec la sénatrice Julie Salazar. Il est certain que leurs adversaires, tant démocrates que républicains, vont utiliser les émeutes, les violences pour attaquer ces quatre candidats et candidates et pour effrayer l’électorat. Nous devons nous attendre à ce que plus ces candidats et ces candidates avanceront dans le processus électoral, plus ils et elles seront accusé.e.s de tous les maux de se monde.

Le FBI, comme un instrument de l’état, est déjà en état d’alerte pour détruire tout mouvement, socialiste, progressiste, anarchiste, syndicaliste, comme ils l’on fait dans le passé et continueront de le faire pour défendre la classe capitaliste. L’histoire des États-Unis est là pour le prouver. Mais il faut nous dire que ce moment dont nous sommes témoins nous enseigne plusieurs leçons. Il faut surtout, de toutes nos forces, soutenir nos camarades aux États-Unis. Ils et elles ont besoin de notre appui.