États-Unis : l’assassinat de George Floyd est-il le meurtre de trop ?

Abdel Bari Atwan, Chronique de Palestine, 1 juin 2020

 

La réaction populaire contre l’assassinat de George Floyd pourrait coûter au président le second mandat qu’il convoite.

Les protestations et les émeutes se poursuivent à Minneapolis et dans d’autres villes américaines depuis le meurtre d’un Afro-Américain – non armé – qui a été étouffé par des policiers blancs après qu’ils l’aient violemment immobilisé par le cou et ignoré ses appels à cesser cete violence et à lui laisser la vie sauve.

Ce crime horrible, filmé par la caméra d’un téléphone portable, a une fois de plus mis en évidence de manière explosive l’éternel problème du racisme auquel sont confrontés les Noirs américains aux mains de la police et d’autres organismes d’État.

Bien que les lois ségrégationnistes aient été abolies il y a des années, la discrimination reste omniprésente aux États-Unis et les preuves en sont visibles partout. Les Noirs américains sont extrêmement défavorisés sur le plan économique et social; ils ont une espérance de vie plus courte que leurs compatriotes blancs, sont beaucoup plus susceptibles d’être emprisonnés et – malgré quelques exceptions notables – sont largement sous-représentés au sein du gouvernement et des institutions élues.

Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche en se pliant aux préjugés des racistes blancs et en adoptant leur programme. Il n’a cessé de diffamer Barack Obama, de contester son certificat de naissance américain et d’exiger qu’il « retourne » au Kenya, le pays natal de son père. Il n’a cessé de critiquer les immigrants et les étrangers, et en particulier les musulmans.

Une fois en fonction, il a continué à faire de même, alimentant une forte augmentation des attitudes et comportements fanatisés dans le pays, qui prétend pourtant être le leader du « monde libre » et un parangon de liberté et d’égalité.

Il était impossible de ne pas être scandalisé par les images de ce qui s’est produit – et ces images sont devenues virales sur Internet – surtout lorsque la victime George Floyd, dans ses derniers souffles avant d’expirer, a imploré l’officier qui était agenouillé sur son cou de se relever et de lui permettre de respirer.

Pourtant, la réaction initiale de Trump semblait signaler un soutien au crime. En tweetant « quand les pillages commencent, les tirs commencent » en réponse aux troubles qui ont suivi à Minneapolis, il a effectivement encouragé la police et les civils armés à tuer les manifestants.

Il n’est pas exagéré de dire que Trump sème les graines de la désintégration des États-Unis avec ses diatribes irréfléchies, haineuses et fanatiques, et ses politiques qui cherchent à se conserver les voix des Blancs racistes qui l’ont propulsé au pouvoir. Il n’est peut-être pas le premier occupant de la Maison Blanche à être un serial menteur. Mais il est certainement le premier à inciter ses partisans dans les États contrôlés par le parti démocrate à monter des insurrections locales – contre les mesures de confinement ordonnées pour combattre la pandémie mortelle du coronavirus – dans le pays qu’il est censé diriger.

L’Histoire est peut-être en train de se répéter. Dans les années 1950, l’incident de Rosa Parks a dynamisé le mouvement des droits civils qui a réussi, après des années de lutte, à faire abolir les lois sur la ségrégation. L’incident de George Floyd pourrait déclencher une nouvelle révolte antiraciste contre la résurgence du sectarisme sous Donald Trump, et mettre à mal ses espoirs de réélection pour un second mandat.

Une grande partie du reste du monde, autant effrayée que dégoûtée par son racisme agressif et sa xénophobie, espère ardemment que cet échec se produise.