Haïti : le Core Group, le pouvoir et l’opposition

, Haïti liberté, 2 octobre 2019

 

Une réunion a été organisée le lundi 30 septembre à Pétion-Ville entre le pouvoir et l’opposition sous l’ombrelle du Core group composé de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union Européenne et du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains.

Le pouvoir a été représenté par un allié sûr et madré en la personne de l’ex-Premier ministre Evans Paul.  L’opposition elle-même avec ces représentants à deux têtes comme Janus : d’un coté Youri Latortue et Joseph Lambert pour l’Alternative Consensuelle pour la Refondation de la Nation,  et de l’autre l’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile, actuelle présidente de la Fusion des sociaux-démocrates et l’ex-sénateur Edgard Leblanc Fils (OPL)  pour le Forum Patriotique de Papaye.

Cette rencontre n’était autre qu’une sorte de paravent dilatoire pour que les puissances impérialistes puissent manigancer leurs manœuvres louches pour essayer par tous les moyens d’aider leur poulain décrié Jovenel Moise à remonter la pente pour sauvegarder leurs intérêts puisque ce n’est pas le fruit d’un hasard s’il a été imposé à la Haute Magistrature de l’Etat Haïtien, malgré le refus de la population.

Ce dont nous devons nous rappeler dans cette situation, c’est que les coups d’état, dont fait partie la politique criminelle de « regime change », ont toujours été l’œuvre des puissances tutrices particulièrement le chef de file du Core Group les Etats-Unis. Le projet de destituer leur présent valet en Haiti n’est pas dans leur programme malgré les fortes pressions populaires qui montrent ouvertement combien le peuple a rejeté le président.

La vérité est que, pour les Etats-Unis, le peuple haïtien ne peut décider par lui-même à élire un président de son choix voire le répudier. Selon leur philosophie de dépendance des pays qu’ils appauvrissent, cette tache leur revient à eux. Tout ce qui est à leur goût est automatiquement bon pour nous autres. Tout ce qui leur fait plaisir doit également nous faire plaisir. Nous n’avons pas le droit de dire que certaines choses ne sont pas conformes, car c’est à eux de planifier pour nous.

Justement, on n’est pas au temps de Lavalas quand la bourgeoisie patripoche alliée à une certaine branche de la classe moyenne rejoignit les intérêts des puissances impérialistes contre la majorité du peuple. Le coup d’Etat du 30 septembre 2011 dont l’anniversaire cette semaine est passé sous silence ou comme une lettre à la poste n’est pas sans aucune signification, puisqu’ un bon nombre d’acteurs de ce coup est justement très actif dans la lutte contre le régime en place.

Et c’est là que le bât blesse, pour des raisons conjoncturelles, certains protagonistes ne sont pas dans la même optique politique que les Etats-Unis, en d’autres termes le présent projet n’est pas tout à fait approuvé par l’administration de Donald Trump ; ce qui n’implique guère une rupture entre eux mais une simple différence de position dans l’équation politique. C’est la raison pour laquelle, le Core Group croit fermement que la solution à cette crise haïtienne reposant sur une simple divergence doit passer par le dialogue entre frères et sœurs ennemis.

C’est la force dominante qui peut influencer et le pouvoir et l’opposition puisque tous les deux s’allaitent à la même mamelle de corruption et du mercenariat du système capitaliste. Il peut arriver que le Core Group décide de lâcher Jovenel si le rapport de force l’oblige, mais ce ne serait qu’une victoire encore apparente et trompeuse allant dans leur intérêt,  mais pas au bénéfice du peuple haïtien puisque la politique qui sera appliquée sera sans doute celle de  la continuité du PHTK sans PHTK, de même que les dirigeants du  pays continuent à perpétuer le duvaliérisme sans Duvalier.

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