Haïti: l’insurrection qui vient  

Plusieurs milliers de personnes à Port-au-Prince et dans plusieurs villes de province ont choisi le macadam pour répondre à la demande de trêve formulée par le président Jovenel Moïse. Des manifestations, émaillées de violences et de scènes de pillage ont eu lieu à Port-au-Prince, aux Gonaïves, à St-Marc, à Mirebalais, au Cap-Haïtien, aux Cayes, à Jérémie, à Léogâne, à Petit-Gôave, etc. Cette journée de mobilisation vise à obtenir le départ du président Jovenel Moïse.

Le Nouvelliste, 27 septembre 2019

 

A Port-au-Prince le cortège a démarré vers les 11 heures du matin au carrefour de l’aéroport. La foule qui a longé l’autoroute de Delmas en direction de Pétion-Ville a été rejointe par des milliers de protestataires venus de Cité Soleil, de Bel-Air et d’autres quartiers populaires de la région métropolitaine. Les premiers heurts ont eu lieu quand des agents de la PNH ont fait usage de gaz lacrymogène au niveau de Delmas 95. Furieux, des manifestants ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre.

Plusieurs entreprises et une banque commerciale ont été saccagées à Delmas. Des scènes de violence ont été également enregistrées au passage des manifestants à Pétion-Ville. En plus de fouler le béton, les protestataires ont érigé des barricades à plusieurs endroits rendant pratiquement impossible la circulation d’un point à un autre.

Très sollicitée, les forces de l’ordre étaient en grande difficulté. Tôt dans la matinée, la base de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) logée dans la commune de Cité Soleil au nord de Port-au-Prince a été vandalisée et pillée par des membres de la population. « Pour paralyser le fonctionnement de l’UDMO, depuis jeudi soir, des gens ont érigé des barricades sur tout le chemin conduisant à la base de cette unité spécialisée de la police. Grâce à la couverture d’un véhicule blindé, les agents ont pu déplacer les véhicules, les matériels, les équipements, les armes et les munitions qui étaient dans la base… », a expliqué au Nouvelliste un haut gradé de la PNH. Selon cette source, des membres de la population de Cité Soleil qui ont envahi la base par la suite n’y ont trouvé rien de grande valeur.

Plusieurs médias de la capitale rapportent que des agents cantonnés dans le sous-commissariat de Frescineau (Saint-Marc) ont été également défiés par des manifestants.

La situation était particulièrement tendue à Petit-Goâve après la mort d’un chauffeur de taxi. Les manifestants accusent les policiers de l’avoir tiré dessus. Furieux, les protestataires ont érigé des barricades et ont mis le feu dans les greffes du parquet du tribunal de première instance de la ville.

Aux Cayes, la manifestation a commencé tôt dans la matinée après la découverte d’un cadavre au niveau du boulevard des Quatre-chemins. Des milliers de manifestants ont été remarqués dans les rues de la 3e ville du pays. Certains manifestants ont lancé des pierres et des tessons de bouteille sur des bâtiments. Plusieurs magasins de la ville et les locaux de la Caritas ont été mis sac au cours de cette journée.

Au Cap-Haïtien, des civils armés ont fait plus de 20 blessés par balle pendant la journée de protestation, précisément à Samarie (entrée nord du Cap-Haïtien) au moment où l’opposition locale s’apprêtait à manifester. En représailles, un groupe de manifestants ont incendié plusieurs maisonnettes à Shadah, quartier limitrophe de Samarie où les civils armés se seraient regroupés, selon les manifestants en colère. D’autres blessés par balle ont été rapportés dans des villes de province, dont Jacmel et Mirebalais.

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