Haïti : une révolution qui vient de loin

Robert Lodimus, Haiti Liberté, 3 février 2021 –

À la veille du 7 février 2021, nous invoquons les esprits des héros de 1804 pour qu’ils continuent d’accompagner les masses populaires haïtiennes sur le chemin difficile de la lutte pour l’aboutissement de la Révolution dessalinienne!

7 février 1986. Les États-Unis embarquent Jean-Claude Duvalier et sa famille dans un avion qui atterrit en France. Mettant ainsi fin à 29 ans d’exercice, de pratique de pouvoir  dictatorial, qui a assassiné des milliers de citoyens. Certains diront 35 000. Et sans exagération. Durant toutes ces années de terreur, de répression et d’horreur indescriptibles, la porte de l’existence des Haïtiens restait ouverte sur le vide du mutisme, le résignationnisme morbide, les prisons carnivores de Fort Dimanche ou des Casernes Dessalines, la dénonciation traîtresse, la torture physique, la détresse psychologique, la mort violente…et l’exil.

Le soleil paraissait se lever timidement sur un pays moribond, impotent, qui commençait à gazouiller le mot « LIBERTÉ ». François Duvalier avait enlevé à la Nation tous ses droits citoyens. Il a rédigé et appliqué lui-même une constitution, – comme veut le faire l’inculte Jovenel Moïse –, qui bannissait le mécanisme de l’alternance de la présidence. La constitution de 1964 qu’il imposait à la population craintive faisait de lui le nouvel empereur d’Haïti avec le droit de nommer son successeur. Lorsque le dictateur miné par la maladie est décédé en 1971, c’était pour ainsi dire: « Le roi est mort…Vive le roi! » 

Jean-Claude Duvalier, à l’âge de 19 ans, s’est retrouvé sans expérience politique, à moitié débile, à la tête du pays. Aidé de certains criminels (Luc Désir, Albert Pierre alias Ti Boule, le Dracula Luckner Cambronne…) qui étaient déjà à la solde de son père, il a dirigé les Haïtiens lui aussi d’une main de fer. L’assassinat crapuleux des trois élèves, Jean Robert Cius, Mackenson Michel, Gabriel Ismaël, le 28 novembre 1985 dans la ville des Gonaïves a déclenché les hostilités qui ont conduit au renversement du Bokassa de la Caraïbe le 7 février 1986. Les États-Unis ont résolu de confier le pouvoir à une junte civilo-militaire dirigée par le général « soûlard » et « bambochard » Henri Namphy. Dès le lendemain du départ de la famille Duvalier pour l’exil, la fièvre de retour s’est emparée de la diaspora haïtienne. Les exilés affluaient de toutes parts. Sur les murs de la capitale, on y observait une prolifération de caricatures colorées, surplombées de slogans pimentés :

« Haïti Libérée… »
                       « Américains, allez-vous en de mon pays…! »
                       « La queue du   macaque est coupée… »

Les persécutés d’hier étaient subitement devenus les nouveaux acteurs – il faut le reconnaître – de ces instants d’horreur et d’atrocité incontrôlables. Les persécuteurs, les bourreaux de 29 ans de cruauté politique, comme dans un conte de feu, étaient forcés d’endosser les manteaux de la souffrance et de la frayeur  pour être conduits ensuite au bûcher ou à l’échafaud de l’expiation et de la vengeance. La peur  changeait de camps. Les foules grisées dans la macération de frustration et de liesse détruisaient tout sur leur passage. Cette chasse aux sorcières, pareille aux dix plaies d’Égypte, a semé la terreur du défoulement exubérant et vindicatif dans tous les départements géographiques du pays*. Une odeur de chair humaine brûlée se mélangeait à l’air déjà insalubre des villes, des bourgs et des villages. C’était l’époque trépidante du « rache manyòk ou, bay tè a blanch… » (…arrachez votre manioc…, débarrassez nos terres et foutez le camp…à tout jamais…!) Rome brûlait. Les Haïtiens contemplaient les ruines du château de César en jouant de la cithare. Le revers de l’histoire,… quoi! Comme l’a si bien dit le curé, dans le film de Roman Polanski, Tess d’Uberville: « De très Haut les puissants tombent! »

Les États-Unis, la France, le Canada et  les  autres  pays  qui  supportaient le gouvernement de Jean-Claude Duvalier étaient eux aussi dépassés par l’ampleur du mouvement. Inquiétés même. Le  caractère explosif de la situation était préoccupant à leurs yeux. Ce petit pays révolté, dégoûté, grisé par la rébellion, voulait coûte que coûte découvrir la voie politique et idéologique qui puisse conduire véritablement à l’incarnation des valeurs d’égalité, d’équité et de justice sociale à l’échelle planétaire, entre les individus. Au lendemain de l’effondrement de la présidence, les revendications des masses s’apparentaient  – et elles étaient interprétées comme tel – à un désir de « Révolution ». Pour court-circuiter l’insurrection, le gouvernement américain est allé repêcher une vieille stratégie politique qu’il a appliquée dans d’autres pays, mais qui a échoué piteusement au Nicaragua en 1979. Voyant Anastasio Somoza et ses troupes sur le point d’être anéantis par les sandinistes, il a demandé à ce dernier d’abandonner le pouvoir et de confier la direction du pays à son vice-président. Le gouvernement américain pensait que des changements physiques opérés dans le système pouvaient éviter qu’il soit ébranlé. C’était comme si les nicaraguayens n’avaient des problèmes qu’avec le clan des Somoza. Il a donc tenté de maintenir en place tout l’appareil structurel de la dictature, naturellement, en prenant soin d’éjecter du circuit le prédateur principal et sa famille immédiate. Le chef des sandinistes, Daniel Ortega, a compris le stratagème. Il a menacé de refaire entendre la crépitation des mitraillettes, si l’imposteur désigné et mis en place par Washington refusait encore dans les heures qui suivaient de faire ses valises et de s’en aller. La CIA a obtempéré. Elle n’avait pas d’autres choix. En Haïti, le coup a réussi. Les États-Unis, la France, le Canada, et les autres puissances internationales alliées sont parvenus à prévenir l’éclatement du système politique duvaliérien en faisant partir Jean-Claude et en confiant le pouvoir à un Conseil National de Gouvernement (CNG), une junte civilo-militaire, composée de personnalités qui partagent la même idéologie « macoutique », à l’exception, peut-être, de feu Me Gérard Gourgue qui a démissionné peu de temps après sa nomination.

Autres facteurs importants à considérer dans cet épisode historique, c’est cette lutte farouche interindividuelle ou interclanique pour l’accession au trône… qui a ouvert des brèches de faiblesse dans les remparts de la lutte. Les groupes politiques ont poussé comme de la mauvaise herbe. Par la suite, les observateurs dénombreront au moins 86 candidats à la présidence pour les élections de novembre 1987 avortées dans le massacre des votants à la ruelle Vaillant. En voulant exercer leur droit de vote après plus de trente ans, de simples citoyens ont pris rendez-vous avec la mort sans le savoir. Un drame inconcevable, une tragédie inimaginable, un cocktail de monstruosité, de cynisme et d’épouvante à la Corneille, à la Racine, qui dépassait l’entendement et l’imagination… Comme Benjamin Constant: « Nous avons vu se graver sur ces figures nobles et expressives les signes avant-coureurs de la mort… » C’est qu’à la veille des élections, des duvaliéristes frustrés laissaient clairement entendre qu’il y aurait du grabuge la journée du déroulement du scrutin. Ils ont proféré des menaces à l’encontre du Conseil Électoral Provisoire (CEP) qui a établi l’invalidité de leur droit de candidature en fonction de l’article 295 de la nouvelle constitution haïtienne. C’est un Jean Robert Sabalat bouleversé qui est venu exprimer ses inquiétudes à la télévision nationale quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote. Effectivement, le Conseil Électoral Provisoire a dû interrompre le processus pour arrêter le carnage. Les massacreurs macoutes n’ont pas été inquiétés, voire poursuivis, arrêtés et punis !

NOS ANCÊTRES SONT LES SPARTACUS DE L’AMÉRIQUE.

Il faut rappeler aussi le côté cocasse de l’affaire: chacun des candidats à ces élections était assuré par la Maison Blanche, comme le Samuel de l’ancien Testament, d’être couronné à la tête de la République. Répondant aux exigences de la communauté internationale, ils sillonnaient le pays pour expliquer aux manifestants encore présents dans les rues que le général Henry Namphy était animé de « bonnes intentions ». « Il faut lui laisser le temps de réorganiser le pays », répétaient-ils avec insistance. « Rentrez chez vous, et faites confiance au général…! » Le travail de déracinement du système politique  de 1957 entrepris fiévreusement par l’ensemble de  la population n’a donc pas été achevé.

Le système idéologique de François Duvalier a nettement inféodé le corps sociétal haïtien. Les événements du 7 février 1986 n’en sont pas venus à bout. C’est pour cela que 7 février 2021 ne doit pas être une occasion ratée! Il faut que tous ensemble nous arrivions à déraciner l’arbre de la misère, de la répression, du kidnapping, de l’assassinat, de la médiocratie, du néocolonialisme, de l’hégémonisme, du viol…

Que de vies sacrifiées!

La nation haïtienne est née par césarienne. Personnellement, je me découvre devant tant de courage, de bravoure, de dignité, de conviction, de détermination… Des femmes, des hommes arrachés sauvagement à leurs terres nourricières ont triomphé des humiliations et des injustices du colonialisme pervers et rébarbatif. Nos ancêtres sont les Spartacus de l’Amérique. Ils furent les premiers individus à dérégler  le mécanisme de la surexploitation  humaine pour déclencher le processus de destruction, de l’anéantissement de « l’ordre cannibale du monde1 », imposé par l’impérialisme colonial. Les sacrifices consentis par les esclaves devraient conduire en tout état de cause à la création glorieuse d’une patrie souveraine et libre : quoique la sagesse des grands penseurs de la sociopolitologie nous ait appris que la liberté et la souveraineté n’existent pas au sens absolu. Aucune société n’est autarcique. Ce postulat compromettrait donc au départ l’espérance  pour tous les peuples de l’univers d’atteindre le sommet du « nirvana » de l’existence terrestre. La nature est déchirée entre le « bien » et le « mal ». Héraclite l’exprime clairement : « La contradiction est le principe même du monde. » Si tout ne saurait exister que par son contraire, ne faudrait-il donc pas continuer de  creuser davantage les questions liées à la « fonction de complémentarité »  des espèces pour tenter de renverser les conceptions stéréotypées qui forment les murailles des souffrances et des désespérances humaines, ce qui nous conduirait allègrement à la thèse soutenue par l’illustre Anténor Firmin sur le principe sacré de « l’égalité des races humaines ». Hélas! l’individu n’est sorti de son état de nature que pour se retrouver dans un système de société fondé sur l’asservissement, l’exploitation outrancière, la discrimination raciale, l’oppression et la répression. L’Afrique noire et l’Amérique des Indiens n’ont pas échappé à l’observation plautéenne qui voit en chaque individu un loup pour ses semblables.

Le problème fondamental de l’État haïtien, depuis le 1er janvier 1804, date de sa création historique, se pose en termes de survie dans une jungle politique et économique entretenue par les appétits féroces des sociétés cannibales occidentales, néocoloniales, impérialistes qui ne sont jamais revenues de leur humiliante défaite à Vertières, celle qui a ouvert l’exemple et les portes de la LIBERTÉ à l’humanité sous les fers de l’exploitation. L’Amérique latine en particulier s’en souvient. Certes, les « forts » n’ont pas arrêté de manger les « faibles ». Mais il y a eu des fins heureuses comme au Venezuela de Chávez, comme à Cuba de Fidel et du Che.  Le courage, la persévérance et la détermination du Mouvement vers le socialisme (MAS) et des masses boliviennes organisées qui récemment ont reconquis leur pouvoir nous permettent de penser que la volonté ferme et la ténacité des hommes et des femmes de la République d’Haïti, finiront par leur permettre d’accéder à leur part d’humanité.

Jean Ziegler écrit dans L’Empire de la honte : « De la connaissance, naît le combat, du combat la liberté et les conditions matérielles de la recherche du bonheur. »

… Et Gracchus Babeuf (souligné dans l’ouvrage de Ziegler) :  « Que le peuple renverse toutes les institutions barbares… Tous les maux sont à leur comble, ils ne peuvent plus empirer. Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement total. » Il ne faut pas avoir peur de le révéler au grand jour et ce n’est même pas sorcier de le faire : le bouleversement total dont parle Babeuf évoque le concept tant redouté par les tenants du système politique et économique mondial : « la Révolution ». Sous quelle forme? Dans une pareille circonstance, le pouvoir  discrétionnaire appartient totalement au déterminisme historique. La conjoncture politique d’où essaiment les besoins et les impératifs  de la lutte y pourvoira. Comme pour l’agneau du sacrifice d’Abraham! Il importe sérieusement aujourd’hui de comprendre et d’admettre que la révolte des esclaves de Saint-Domingue s’est arrêtée bien avant d’atteindre « la perfection du bonheur » de Jacques Roux. Elle s’est estompée, peut-être, avec l’assassinat de l’Empereur Jean-Jacques Dessalines qui comprenait la nécessité de poser correctement l’équation du mouvement insurrectionnel, au lendemain de sa matérialisation : Égalité+Fraternité=Liberté. Cela n’a pas été fait! Le drame de Pont-Rouge, malheureusement,  a fissuré la fondation de la solidarité nationale. Jusqu’à présent, Haïti – au  grand bénéfice de la communauté internationale – est  une terre de division, de  haine, de cruauté, d’injustice, d’inégalité, d’impunité, de discrimination, de mulâtrisme, de noirisme, d’assassinat, de traitrise, de déloyauté, d’illégalité, d’inconstitutionnalité, de pauvreté, de misère, de prostitution, de proxénétisme, de maladie, de souffrance, d’humiliation, d’immoralité, de vol, de corruption, de viol…

Je suis convaincu, comme Blaise Pascal, que  « la justice sans la force est impuissante » et qu’il faut  combiner les deux entités de sorte qu’elles puissent mener à l’élaboration d’un contrat social qui respecte effectivement les idéaux démocratiques des citoyennes et des citoyens à l’échelle de l’univers. C’est seulement ainsi – je le crois – que « la justice sera forte » et que « la force deviendra juste. »

Le peuple haïtien a toujours été maintenu dans une situation de « soumission forcée » qui s’apparente à la dictature et au totalitarisme. Parvenu à ce stade de misérabilisme, seule la cruauté des bras répressifs du système politique mis en place en 1915  par les occupants nord-américains (les Yankees) explique l’obéissance de la population à des gouvernements illégitimes, insouciants, irresponsables… Cependant, la menace de « la liberté de choix », en se référant aux études du psychologue américain Jack Brehm, finit toujours par entraîner des conséquences graves pour la sécurité publique et même pour la paix mondiale. Les droits humains sont naturels. Pas historiques. Dites-vous bien, les situations des libertés compromises peuvent finalement engendrer les conditions objectives d’une forme quelconque de « révolution »!  Quelqu’un a dit à Lawrence d’Arabie1: « Vous voulez de la démocratie dans votre pays? » Celui-ci a répondu : « Je vous le dirai quand mon pays existera. » En d’autres mots, il faut construire la maison, avant d’acheter les meubles.

L’implantation de la démocratie, si l’on se  réfère « au siècle de Périclès » – il ne s’agit pas d’une démocratie « trompe-l’œil », uniquement sur le papier –  correspond à la volonté de défricher le terrain politique oppressif pour aménager un espace collectif de justice sociale.  Les sociétés comme celle de la République d’Haïti où  la pauvreté extrême est couvée depuis longtemps dans les bidonvilles boueux, dans les bourgs et villages pestiférés finiront tôt ou tard par provoquer la surchauffe des réacteurs de régulation des tensions politiques locales, régionales et mondiales.

Pour protéger ses intérêts, l’impérialisme a inventé des « démocraties » auxquelles se rattachent tous les qualificatifs (représentative, participative…) dont se nourrit le « parlementarisme bourgeois ». Je me contenterai ici de citer Roger Garaudy : « Le  Parlement  n’est plus depuis  longtemps le centre vivant de la politique. D’abord, dès que les partis ouvriers y ont pris une place importante, il importait, pour maintenir la règle du jeu, de dépouiller le Parlement de ses pouvoirs fondamentaux : pour le passé, le contrôle du budget; pour l’avenir, l’élaboration du Plan. Avoir le gouvernement ne signifie pas avoir le pouvoir : il existe des forces économiques (nationales ou internationales), capables de bloquer toute initiative gouvernementale de rénovation, et il existe des forces militaires   intérieures mais éventuellement épaulées de l’extérieur), pour interdire toute mutation économique, sociale et politique véritable… »

Tous les systèmes politiques  impérialistes ont des liens de parenté avec le « sommet » que représente l’oligarchie. Et ils n’ont rien à voir avec le bien-être du respect de la base. Dans certains cas, le loup se déguise ridiculement en grand-mère pour manger « le petit chaperon rouge ». La démocratie est une et indivisible. Elle reste et demeure les lieux sacrés de la matérialisation de l’idéal humain: santé, nourriture, emploi, logement, éducation, loisir, libre circulation, liberté d’opinions… Sans la moindre tentation, d’un côté ou de l’autre, d’agiter le drapeau aux couleurs du nihilisme et de l’exclusion. Là où une seule famille manque d’eau potable et de pain, – je ne dis pas est privée – il n’y a pas de « démocratie ». Existe-il un pays au monde où tous les foyers sont exempts des conditions  avilissantes  de  sévères privations   économiques ? Seulement, il faut l’admettre, il existe des sociétés – nous citons seulement Cuba, Venezuela, Bolivie… – où les efforts des gouvernements en matière de respect fondamental des droits de la personne sont encourageants et louables. Élection, alternance politique ne caricaturent pas fidèlement ces soi-disant sociétés démocratiques qui font partie des États mondiaux dominants. Grâce à Donald Trump, nous a découverts les cadavres dissimulés dans les placards politiques de la Maison Blanche, du Département d’État et du Pentagone. Les pays qui subissent l’hégémonie des États-Unis seront éternellement reconnaissants à ce personnage mystérieux, bizarre, venu d’une planète inconnue.

Haïti finira par exploser

Parler du monde d’aujourd’hui nous entraîne, comme Paul Éluard, à évoquer regrettablement « un temps sans joie et sans auréole ». Haïti occupe une position peu enviable sur l’échelle des catastrophes sociales et économiques. Elle est devenue une bombe à retardement, exactement comme l’a été le « Dimanche rouge » de Saint-Pétersbourg qui allait faire basculer la Russie dans une escalade de violences qui emporta le Tsar Alexandre II.

La grande machine de répression ne parviendra pas à retarder infiniment l’instant décisif. La montée de la misère trouvera toujours sur sa route un père Hidalgo, un brave insurgé qui lancera au visage de son bourreau, comme ce chef rebelle bolivien sur le point d’être exécuté vers 1811: « Je meurs; mais la torche que j’ai allumée, personne ne pourra l’éteindre. » Nous l’avons assez vu : lorsque les poussées des mécontentements populaires franchissent les limites irréversibles, les tranchées des promesses en matière de réformes sociales creusées à la dernière minute n’arrivent pas à abriter l’État. Les régions occidentales utilisent la locution substantive « pays de contraste » pour désigner la République d’Haïti.

La richesse opulente, arrogante et la pauvreté enlaidissante, humiliante se partagent sans gêne une population de 11 millions d’habitants environ installée sur un petit territoire de 27 750 kilomètres carrés. Le salut de la nation naîtra d’une réflexion politique élaborée pour la mise en place d’une société alternative qui  sera l’incarnation du « rêve haïtien. »

À la veille du 7 février 2021, nous invoquons les esprits des héros de 1804 pour qu’ils continuent d’accompagner les masses populaires haïtiennes sur le chemin difficile de la lutte pour  l’aboutissement de la Révolution dessalinienne!

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