La mémoire au service des luttes : Fred Hampton

Alain Saint-Victor et FUIQP

Il y a 50 ans, le 4 décembre 1969, Fred Hampton, un des leaders du Black Panther Party, était assassiné par le FBI.

Né le 30 août 1948 à Summit (Illinois) d’une famille originaire de la Louisiane, venant de la Grande Migration d’Afro-étasuniens vers le nord, fuyant la terreur des groupes racistes sudistes, Hampton termine avec brio ses études secondaires en 1966 et s’inscrit au Collège Triton avec l’intention de devenir avocat.   

Devenu membre actif du NAACP, organisation luttant pour les droits civiques des Noirs, doué d’un talent naturel de leadership, il mène avec succès un combat pour l’implantation des lieux de loisir et pour l’amélioration des services éducatifs  dans les quartiers noirs pauvres.

Cependant, à la même époque, il fut attiré par le Black Panther Party, qui mettait de l’avant l’autonomie de la lutte des Noirs.

En 1968, Hampton et ses camarades réussissent à effectuer des réalisations importantes. L’une des plus significatives est sans doute le développement d’une conscience de classe parmi les gangs de rue et la nécessité de développer une alliance multiraciale.

Grâce à ses talents d’organisateur, ses dons oratoires et son charisme, Hampton occupe rapidement une place importante au sein de l’organisation. Devenu chef de la section de Chicago, il organise des rencontres hebdomadaires, travaille en étroite collaboration avec la clinique populaire locale du Parti, dispense des cours d’éducation politique à six heures tous les matins, lance un projet de surveillance communautaire de la police. Il joue également un rôle déterminant dans le programme de petit-déjeuner gratuit du Parti. 

Alors que la direction nationale du Black Panther commençait à être décimée par le programme du COINTELPRO (programme illégal d’infiltration du FBI), la prééminence de Hampton dans la hiérarchie nationale du Parti a augmenté rapidement et considérablement. En fait, il serait nommé chef de cabinet du Comité central du Parti s’il n’avait pas été tué.

Fred Hampton fut assassiné dans son appartement pendant son sommeil lors d’un assaut conçu grâce aux renseignements fournis par un agent infiltré, William O’Neil, qui avait réussi à se faire nommer garde du corps de Hampton. Avec lui meurt également Mark Clark un autre dirigeant du Parti de l’Illinois. Les survivants de l’assaut (dont la compagne d’Hampton enceinte de huit mois) furent tous inculpés de « tentative de meurtre » sur les policiers, bien qu’aucune balle n’ait été tirée.

À propos de l’assassinat de Fred Hampton, Mumia Abu-Jamal écrit :

Les meurtres sur Monroe Street étaient une action conjointe du FBI et de la police de Chicago. Ils parleront plus tard de cette opération comme étant un ‘succès’, car aboutissant à l’extinction d’une des lumières les plus brillantes du Black Panther Party. Depuis lors, pas un agent de l’état ou fédéral n’a été une seconde en prison pour les meurtres prémédités et préparés de Hampton et Clark. En fait, les seules personnes arrêtées, alors et depuis lors, sont des Panthères. Présumées coupables de survie!

Les survivants obtinrent réparation en 1982, un juge fédéral ayant jugé qu’il s’agissait d’une « conspiration pour exclure de leurs droits civiques les Black Panthers ».

Décédé à 21 ans, Fred Hampton est sans aucun doute le symbole et la figure emblématique d’une jeunesse révolutionnaire luttant pour les droits civiques des Noirs et la justice sociale.

Repose en paix, frère et camarade. Ton combat continue!