Le gouvernement canadien complice de Pinochet

YVES ENGLER, COUNTERPUNCH, 11 SEPTEMBRE 2018

En ce jour de 1973, le président élu démocratiquement du Chili, Salvador Allende, était renversé par le général Augusto Pinochet. Par la suite, 3000 militant-es de gauche étaient été assassinés, des dizaines de milliers torturés et des dizaines de milliers condamnés à l’exil.
L’État canadien n’était pas étranger à ce drame. En 1964, Eduardo Frei battait Allende, un candidat socialiste aux élections présidentielles. Peu après, le Canada accordait au gouvernement chilien une aide de $8,6 millions de dollars. En 1970, quand Allende fut élu, cette aide fur réduite à néant. Exportation et développement Canada (EDC) refusait de financer les exportations canadiennes vers le Chili, ce qui a contribué à une réduction des échanges entre les deux suspension pays. Mais la suspension de l’assistance bilatérale et de l’assurance à l’exportation ne suffisait pas. En 1972, Ottawa s’est jointe à Washington au FMI pour couper les fonds au gouvernement chilien.
Après avoir remporté son poste en 1970, Allende avait invité Trudeau à visiter Santiago. Ottawa a refusé « de peur d’aliéner des éléments de droite au Chili et ailleurs.
Quelques jours après le coup d’état, Andrew Ross, l’ambassadeur du Canada au Chili câblait un message aux Ministère des affaires extérieures: « Les représailles et recherches ont créé une atmosphère de panique affectant particulièrement les expatriés, y compris la racaille de la gauche latino-américaine à qui Allende a donné asile. Le pays paie pour les excès d’Allende et ce sera une tâche de dégriser le Chili ».
Trois semaines après le coup d’État, le Canada reconnaissait la junte militaire de Pinochet. Ross déclarait : « Il n’y a pas de raison de indûment la reconnaissance. En effet, une telle action pourrait même avoir pour effet de retarder le retour éventuel du Chili au processus démocratique. » Pinochet a démissionné 17 ans plus tard.
Le soutien diplomatique à Pinochet a conduit à une assistance économique. Juste après le coup d’État, le Canada a voté pour un prêt de 22 millions de dollars (100 millions de dollars d’argent d’aujourd’hui) auprès d’un consortium financier, le Club de Paris. EDC pour sa part annonçait le 2 octobre 1973 l’octroi d’un crédit de 5 millions de dollars à la banque centrale chilienne pour l’achat de six avions Twin Otter de De Havilland.
En 1978, le soutien canadien à Pinochet incluait plusieurs éléments :
• Soutien de 810 millions de dollars en prêts multilatéraux avec 40 millions de dollars du Canada.
• Cinq projets appuyés par d’EDC pour une valeur de15 millions de dollars.
• Deux réaménagements de la dette chilienne envers le Canada, équivalant à des prêts supplémentaires d’environ 5 millions de dollars.
• Vingt prêts de banques canadiennes d’une valeur de plus de 100 millions de dollars, dont un prêt par la Toronto Dominion à la DINA (police secrète de Pinochet) pour l’achat de matériel.
• Investissements directs d’entreprises canadiennes évalués à près d’un milliard de dollars.

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