Migrants en Europe : quand sauver des devient un crime

Paul Hockenos, Slate 11 août 2018

Entre juin et juillet, utilisant un assemblage de mesures et promesses de circonstance désespérées, les dirigeants européens ont fortifié les frontières de l’Europe à sa périphérie méridionale de façon à restreindre les migrations vers le continent. Ces mesures incluent à présent des tentatives pour maintenir à quai le dernier des navires associatifs de secours humanitaire qui sortent des réfugiés de la Méditerranée, où 10000 d’entre eux ont péri depuis 2014. Ce mélange de restrictions, tronquant dans les faits le droit à l’asile politique en limitant l’accès des réfugiés à l’Europe, a d’ardents partisans au-delà des populistes de droite dure. De nombreux centristes progressistes affirment que réduire les flux de réfugiés est le seul moyen d’arrêter la montée stupéfiante de la droite nationaliste en Europe, et de sauver ce qu’il reste du droit d’asile avant que des populistes comme le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini et ses pairs ne parviennent pas à le détruire complètement. Il n’est pas encore clair si réduire au minimum le nombre d’arrivées parviendra efficacement à arrêter la montée de l’extrême-droite. Dans tous les cas, ce plan soulève des questions plus profondes quant à l’ampleur des compromis que les fameuses valeurs humanitaires de l’Europe peuvent supporter avant d’être rendues complètement creuses.

Violer le droit international

Entretemps, l’Union européenne a unanimement accepté de tripler le budget de Frontex, son agence garde-frontières et garde-côtes qui a pour mission de sécuriser les frontières externes de l’UE. Le bloc est également préparé à dépenser généreusement pour aider à la création de camps d’accueil (désignés également par le terme de « plateformes de désembarquement ») pour les demandeurs d’asile, mais hors de l’UE, en Afrique du Nord. Elle n’a plus de scrupules à payer des gouvernements africains pour stopper l’émigration, par tous les moyens jugés nécessaires. Le nouveau gouvernement populiste italien assure qu’il ne servira plus à l’Europe de poubelle à réfugiés, une position qui implique même de violer le droit international en renvoyant les réfugiés loin de ses côtes, même ceux sauvés par sa propre marine nationale. Le gouvernement allemand veut ajouter l’Algérie, la Tunisie, la Géorgie et le Maroc à une liste de pays supposément sûrs depuis lesquels les réfugiés ne seront pas ou presque autorisés à entrer en Europe. La Hongrie est allée plus loin encore en concevant une loi faisant de l’assistance aux réfugiés dans le pays un délit répréhensible.

 

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