Palestine : la lutte féministe pour la liberté

Khitam Saafin, Entre les lignes entre les mots, 25 mars 2021

La lutte féministe pour la liberté et la souveraineté en Palestine

Ceci est une édition d’un discours de Khitam Saafin en octobre 2020. Aujourd’hui, Khitam se retrouve emprisonnée par l’occupation israélienne. Liberté pour Khitam !

« Nous, les femmes palestiniennes, nous affrontons tout. Nous sommes plus fortes et nous sommes toutes unies contre le racisme et le colonialisme. »

Bonsoir, je suis Khitam Al Saafin, membre de l’Union des Comités de Femmes Palestiniennes (Union of Palestinian Women’s Committees – UPWC). J’ai eu l’honneur de connaître et de rencontrer de nombreuses sœurs de la Marche Mondiale des Femmes et je suis heureuse de revoir certaines d’entre elles car, pour moi, cela renouvelle le militantisme et la vie.

Tout d’abord, je salue toutes les participantes de l’événement, qui est un jalon de l’anti-impérialisme. En tant que mouvement mondial des femmes et en tant que Palestiniennes, nous convergeons certainement vers nos objectifs anti-impérialistes, car nous considérons que l’impérialisme, le capitalisme, le colonialisme et l’occupation sont les principales forces qui persécutent les peuples et créent des crises sociales et économiques sur Terre – de la création de la pauvreté, de la faim et de la maladie aux questions liées à l’environnement, au bien-être, à la vie sociale, à l’oppression, à la violence et à la militarisation.

Nous vivons toujours sous le colonialisme et sous l’occupation sioniste de la Palestine. Notre peuple continue de faire face à cette attaque coloniale fortement soutenue par l’impérialisme mondial dirigé par les États-Unis d’Amérique. Plus de la moitié du peuple palestinien vit encore en tant que réfugié, à l’intérieur ou à l’extérieur de son pays, en raison du grand déplacement forcé qui s’est produit en 1948. Nous apprenons que nous, les Palestiniens, sommes tous soumis au contrôle, par l’occupation, de tous les aspects de nos vies.

Outils de l’impérialisme pour contrôler les peuples

Au cours des deux dernières années, il y a eu une escalade de la proposition impérialiste concernant la Palestine. Lorsque l’« Accord du siècle » a été proposé, il a ignoré tout droit national du peuple Palestinien. Il s’agissait d’une tentative, venant du cœur de l’impérialisme mondial et de l’occupation israélienne, d’éliminer la question palestinienne en tant que cause de libération nationale, d’éliminer les demandes de retour, d’autodétermination et d’indépendance du peuple palestinien. Bien sûr, la proposition est venue par l’annonce de cet accord à la Maison Blanche.

Tous les enfants de notre peuple palestinien, les femmes et les hommes, ont rejeté cet accord et ont déclaré que notre cause était la cause de notre patrie. Il existe une résolution internationale sur la question palestinienne qui prévoit des droits internationaux, et c’est pourquoi nous la poursuivons. Dans ce contexte, la confrontation actuelle se déroule sur la base de la première levée des droits nationaux palestiniens et du rejet de toutes les formes de persécution et de violations contre lesquelles le peuple palestinien est exposé par les forces d’occupation.

En bref, quand nous parlons de sanctions et nous parlons des outils de l’impérialisme pour contrôler les peuples. Nous sommes solidaires avec tous les peuples qui subissent des sanctions, comme ce siège qui nous a été imposé. Nous sommes fières de la révolution cubaine qui a fait face au blocus pendant des décennies. Le peuple cubain a tenu bon dans sa révolution. Nous sommes solidaires avec tous les peuples, que ce soit dans la région arabe ou dans d’autres régions exposées à un tel blocus, où nous voyons des exemples catastrophiques pour les sociétés. La question des sanctions est également très importante, car, en imposant des sanctions, l’impérialisme mondial contrôle le système commercial, le système monétaire et tous les autres systèmes de la vie des gens. Par conséquent, ces régions sont empêchées de recevoir des ressources financières et ont des difficultés à recevoir de l’aide humanitaire en raison de ce siège.

Sièges, déplacements, séparations et prisons

En Palestine, nous avons subi de nombreuses formes de siège, y compris la Barrière de Séparation, qui a isolé les zones de Cisjordanie du reste de la Palestine et de Jérusalem. Il y a un autre siège plus dur dans la bande de Gaza, et toute cette occupation a des conséquences désastreuses pour la communauté palestinienne. Tous les rapports et graphiques soulignent qu’en 2020 la bande de Gaza est inadaptée à la vie humaine, et c’est ce qui se passe aujourd’hui : les crises sociales, sanitaires et économiques dans la bande de Gaza s’aggravent. Nous sommes arrivées à un point où la société palestinienne a subi des violations irréversibles. D’autre part, notre peuple palestinien dans la bande de Gaza dispose d’outils de résistance et d’optimisme et reste résilient, malgré les taux élevés de pauvreté, de maladie et d’analphabétisme.

L’isolement de Jérusalem par rapport aux terres palestiniennes n’est pas facile. Des familles ont été déplacées. Des familles sont séparées. Les personnes, même si elles vivent dans une zone à deux mètres de Jérusalem, ne peuvent pas entrer dans la ville pour y vivre, pour rendre visite à leurs enfants ou pour aller à l’hôpital se faire soigner. En outre, la Cisjordanie est assiégée de différentes manières par divers points de contrôle militaires et les forces d’occupation peuvent fermer n’importe quelle ville palestinienne en quelques minutes. La tentative est de contrôler l’économie et la société. Pour forcer les Palestiniennes et Palestiniens à s’adapter à ce projet, ils dominent nos militants et les maintiennent en détention, organisent des sièges financiers croissants et l’inclusion de multiples lois contre le peuple palestinien, en plus de contrôler les détails de la vie palestinienne. Il y a une tentative de mettre fin au marché palestinien pour faire place au marché israélien. Ils imposent des frontières et des passages pour contrôler le commerce extérieur et taxent les palestiniens sur leurs importations. Les impôts sont collectés par les autorités d’occupation qui contrôlent leur transfert au peuple palestinien sous diverses conditions. Ces conditions empêchent le peuple palestinien de réaliser tout ce qu’il pourrait faire.

En outre, il y a des arrestations et des meurtres quotidiens dans divers endroits. Il y a cinq mille prisonniers et plus de 36 femmes dans les prisons des forces d’occupation, dont certaines ont besoin de soins médicaux. Tout cela fait partie de la structure d’attaquer la légitimité de la cause palestinienne et la lutte populaire palestinienne. Et il est évident que les États-Unis et les gouvernements occidentaux en général adoptent le discours sioniste contre le peuple palestinien.

Discrimination pendant la pandémie de coronavirus

Les formes de discrimination sont brutales dans tous les domaines de nos vies. Il y a de la discrimination aussi en raison de la pandémie de coronavirus. Il devrait avoir une coopération pour y faire face, mais la discrimination est latente, même dans la ville de Jérusalem, où la discrimination a atteint même les centres d’examen et d’échantillonnage.

Notre réalité est de violation des procédures nécessaires pour prendre soin de la vie dans la pandémie. Il y a un contrôle israélien sur l’entrée des médicaments, des équipements médicaux, des échantillons et de tout ce qui s’y rapporte. Par conséquent, le peuple palestinien souffre toujours d’une énorme pénurie en ce qui concerne les tests et les autres besoins liés à la pandémie. Il y a des déclarations du gouvernement palestinien sur la façon dont l’occupation a conduit à la propagation plus rapide de la maladie en traitant. Il y a eu, par exemple, des cas de travailleurs israéliens soupçonnés d’être infectés et qui, cependant, ont été emmenés au point de contrôle, sans être traités ni vaccinés.

Toute la vie palestinienne est connectée

Tout ce phénomène est le résultat de politiques mondiales d’occupation, de blocus et de sanctions. Le peuple Palestinien est soumis à un grand nombre de ces formes de contrôle. Les sanctions sont considérées comme des crises économiques et peuvent entraîner des sanctions sociales telles que le retrait des permis de séjour des habitants de Jérusalem, le retrait des permis de séjour des hommes qui vont prier et l’interdiction de voyager et de rendre visite à la famille. Toute la vie palestinienne est connectée, donc ces punitions sont utilisées contre les Palestiniens et les Palestiniennes.

Les femmes sont toujours en tête et supportent le poids de notre confrontation, en dirigeant la famille, dans les cas de détention familiale, en affrontant la pauvreté et la maladie. D’autre part, les femmes palestiniennes ont développé des formes de résistance et de confrontation basées sur le retour à la terre et sur l’économie alternative, familiale et coopérative. Ainsi, nous essayons de faire face aux formes de persécution et d’oppression dans les communautés, avec solidarité et plus d’autosuffisance, y compris en fournissant des services de santé, psychologiques, sociaux et juridiques.

Malheureusement, les politiques palestiniennes internes sont des politiques basées sur l’intégration du secteur privé au détriment du secteur public. Cela affaiblit également les secteurs progressistes et les met en face de nombreux problèmes dans le contexte de la pandémie. Nous avons préparé une étude sur les effets de la pandémie pour les femmes Palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les résultats indiquent que l’impérialisme, le capitalisme et la politique néolibérale, lorsqu’ils sont combinés sous des multiples formes, articulent un schéma qui conduit à plus de persécution et à plus de problèmes pour les pauvres, les groupes marginalisés et les femmes.

La violence a augmenté, la pauvreté augmente chaque jour dans la société palestinienne et notre premier objectif est d’exempter les femmes de certains services pendant la pandémie, d’autant plus que la plupart d’entre elles ne travaillent pas dans le secteur privé. En tant que Palestiniennes, nous affirmons la nécessité de faire face à l’occupation et d’organiser une solidarité féministe et progressive face à l’impérialisme, au capitalisme et au racisme dans le monde.

Même les revendications du mouvement féministe en matière de législation et de politiques en faveur des femmes sont sévèrement attaquées par les forces traditionnelles de la société palestinienne. Nous, les femmes palestiniennes, sommes confrontées à tout. Nous sommes plus fortes et nous sommes toutes unies contre le racisme et le colonialisme. Nous continuerons jusqu’à ce que nous atteignions nos objectifs en tant que femmes : la pleine égalité et la justice sociale, les droits de nos peuples et la souveraineté sur nos terres.

Khitam Saafin est une dirigeante de l’Union des Comités des Femmes Palestiniennes (UPWC) et membre de la Marche Mondiale des Femmes. Le 2 novembre, Khitam a été arrêté en détention administrative par les forces d’occupation israéliennes. Elle devait être en liberté au début du mois de mars 2021, mais ils ont prolongé sa détention de quatre mois supplémentaires. https://www.instagram.com/explore/tags
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Ce texte est une édition de l’intervention de Khitam Saafin dans le webinaire « Luttes féministes anti-impérialistes contre la militarisation, les guerres et les sanctions », organisé par la Marche Mondiale des Femmes le 7 octobre 2020.