Qui dirige l’économie mondiale?

 

Christian Vandermotten, extrait de « La localisation du commandement de l’économie dominante », Belgeo [En ligne], 1 | 2016, mis en ligne le 20 février 2017, consulté le 19 avril 2019. URL : http:// journals.openedition.org/belgeo/18654  ; DOI : 10.4000/belgeo.18654

 

10 pays concentrent à eux seuls 80,3 % du top 2000 mondial, en termes de valeur de marché. Les États-Unis comptent pour moitié dans ce groupe (41,0 %), suivis par la Chine. Les pays de l’Union européenne représentent ensemble 21,0 %, soit à peine plus de la moitié des ÉtatsUnis, malgré le déclin tendanciel de ces derniers (ou 15,7 % sans le Royaume-Uni, dans une perspective de Brexit).

Les pays de la Triade ont conservé une position presque exclusive durant la sous-période 1978 – 2000, caractérisée par la désindustrialisation des pays du centre sous le contrôle des firmes implantées dans ceux-ci et par la tertiarisation de l’économie dominante. Le maintien de cette position a été assuré par la montée en puissance du Japon compensant le déclin américain. En revanche la suprématie de la Triade s’affaiblit sensiblement au cours de la seconde sous-période, marquée par la rupture majeure de la crise de 2008. L’affirmation de la Chine est le fait saillant de cette seconde sous-période. 43 43,3 % du classement du top 2000 relève de 10 aires métropolitaines, dont 5 sont américaines (par ordre décroissant d’importance, New York, San Francisco, Beijing, Londres, Paris, Tokyo, Hong-Kong, Chicago, Dallas-Fort Worth et Houston-Galveston). En y ajoutant 10 autres aires métropolitaines, on arrive à 55,7 % (à savoir, Los Angeles, Seattle, Séoul, la Randstad Holland, Shenzhen, Bâle, Boston, Dublin, Mumbai et Stockholm). Avec 10 aires métropolitaines de plus, soit 30 au total, on frôle les deux tiers du total mondial (63,5 %) (Toronto, Shanghai, Séoul, Sydney, Madrid, Melbourne, Nagoya, Toyota, Munich, Zurich, Montréal et Copenhague).

Ainsi, sur ces 30 aires métropolitaines, 10 sont nord-américaines, 10 autres européennes, 7 est-asiatiques, plus 1 indienne et 2 australiennes. 44 La position des quatre villes-mondiales classiques ne s’affaiblit au cours de la seconde sous-période que du seul fait de la conjonction du recul global américain et de celui de la part de New York dans les États-Unis. Pour le reste, Londres, Paris et Tokyo consolident leur suprématie dans leurs contextes continentaux et nationaux. Le poids de Beijing diminue en Chine, mais ce phénomène est lié à la montée en puissance de l’économie chinoise et à la généralisation de la privatisation de son économie, initiée au départ des grandes entreprises implantées dans la capitale. 45 Ainsi, on ne peut pas véritablement observer de déconcentration du commandement économique à l’échelle des grandes métropoles mondiales. Tout au plus peut-on parler dans certains pays de recompositions à l’intérieur des systèmes métropolitains : affirmation de San Francisco et de Seattle aux États-Unis aux dépens de la Megalopolis, de Mumbai en Inde, de São Paulo aux dépens de Rio de Janeiro au Brésil, ou de desserrement marqué de l’aire métropolitaine ultra-dominante, comme en Grande-Bretagne pour Londres ou en Corée du Sud pour Séoul.

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