Plateforme citoyenne pour la défense de la Constitution, Caracas, 9 juin 2020
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Depuis le début de juin, 45 militaires américains membres de la « Brigade d’assistance des forces de sécurité » (Security Forces Assistance Brigade ou SFAB) sont installés à Bogota. Cette unité d’élite (800 militaires) qui fait partie du Commandement sud des forces militaires des États-Unis (US Southern Command), est habituellement déployée dans des zones de combat (comme en Irak ou en Afghanistan). Elle pour mission de conseiller, assister, activer et accompagner les opérations militaires à l’étranger avec les nations alliées et associés dans la guerre non conventionnelle et des conflits de faible intensité.
Quelle est la mission en Colombie ?
Selon l’ambassade américaine à Bogota, leur mission est d’augmenter la capacité des brigades tactiques colombiennes. L’amiral Craig Faller, commandant en chef du Southern Command, affirme qu’il s’agit « de démontrer notre engagement dans la lutte contre le trafic de drogue et pour le soutien à la paix régionale, le respect de la souveraineté et la promesse durable de défendre des idéaux et des valeurs partagés ». C’est moins clair du côté colombien. Selon le ministre colombien de la Défense, Carlos Holmes, la Brigade est présente dans le cadre de la coopération bilatérale États-Unis /Colombie dans la lutte contre le narcotrafic. Dans le communiqué du ministère, il n’est fait aucune mention d’une portée régionale ou d’éventuelles missions extraterritoriales. En réalité, ces nuances entre les déclarations émanant des deux pays indiquent que les véritables objectifs de la mission sont dissimulés. Le fait que la Brigade d’assistance des forces de sécurité n’a pas d’expertise dans la lutte contre le trafic est un indicateur, son expertise étant dans le domaine des guerres dites « non conventionnelles ». Sur la question du narcotrafic, la Colombie actuellement prétend ne pas nécessiter une aide extérieure. C’est ce qu’avait semblé accepter l’ex-président Barak Obama quand il avait déclaré lors du Sommet des Amériques à Carthagène (2012) que la Colombie était en mesure de diriger cette « guerre ». Il voyait la suite du « Plan Colombie » comme une opération conjointe où la Colombie pourrait exporter ses « bonnes pratiques » vers les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes, en coordination avec la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis.
Préparatifs de guerre
Selon l’ambassade américaine en Colombie, « le déploiement de la Brigade s’inscrit dans l’opération anti-drogue « Greater Efforts », annoncée le 1er avril par Donald Trump ». En réalité, celle-ci est une grande opération navale du Southern Command au large des côtes vénézuéliennes. L’objectif est clairement de menacer la souveraineté à travers un dispositif naval visant à bloquer la circulation du et vers le Venezuela. Delà, l’armée américaine pourrait envisager une intervention militaire plus large pour renverser le gouvernement de Nicolás Maduro et imposer un gouvernement répondant à ses intérêts géopolitiques. Le président conservateur de Colombie, Iván Duque, a affirmé qu’il pourrait appuyer une telle intervention. Déjà, les forces armées colombienne sont intervenus au Venezuela, dont la récente incursion récente (3 mai) de paramilitaires et de mercenaires sur la côte centrale vénézuélienne. Depuis les exercices militaires conjoints Colombie-États-Unis en janvier 2020, les forces militaires colombiennes continuent de se développer le long de frontières avec le Venezuela.
Dissensus colombien
Conformément aux dispositions de l’article 173 de la Constitution colombienne, des opérations militaires impliquant le « transit de troupes étrangères à travers le territoire
national et leur séjour indéfini accomplissant des missions de combat » doit être autorisé par le Sénat. Plusieurs membres du Congrès colombien se sont prononcés contre l’arrivée de la brigade SFAB et dénoncé cette décision du gouvernement Duque comme inconstitutionnelle. Le Conseil d’État de Colombie a demandé au gouvernement des explications sur la présence du contingent militaire
américain sur le sol colombien, arguant le fait que le Venezuela ne représente pas une menace contre la souveraineté nationale. Pour la plupart des observateurs, la présence de la Bridage indique la préparation de nouvelles interventions miliaires qui pourraient éventuellement mener à une aventure impérialiste contre le Venezuela et la paix de la région.
La Plateforme citoyenne pour la défense de la Constitution s’oppose totalement à ces manœuvres. Le Venezuela doit demeurer souverain et indépendant. Non à l’agression impérialiste.
Pour la Plateforme : Santiago Arconada, Juan García, Edgardo Lander, Roberto López, Gustavo Márquez Marín Oly, Millán, Esteban Mosonyi, Héctor Navarro et Ana Elisa Osorio