Journal Métro, Simon Mauvieux , 24 mai 2018 http://journalmetro.com/actualites/national/1584630/la-societe-civile-organisera-son-g7-alternatif/
Pendant que les sept dirigeants les plus puissants du globe seront réunis dans deux semaines à La Malbaie, des groupes citoyens, syndicaux et communautaires organiseront un G7 alternatif et festif pour promouvoir une autre vision du monde.
Alors que le sommet du G7 retient davantage l’attention pour des questions de sécurité que pour les enjeux de politique internationale qui y seront débattus, des citoyens de toute la province se rassembleront à Québec pour un forum alternatif au G7, de midi à minuit le 9 juin, devant l’Assemblée nationale. Se succèderont des tables rondes, une manifestation et un spectacle d’humour politique, avec notamment Guillaume Wagner et Fred Dubé.
Ils souhaitent discuter et débattre des enjeux qui, selon eux, ne seront pas soulevés, ni réglés par les dirigeants des États-Unis, de la France, du Japon, du Canada, de l’Italie, du Royaume-Uni et de l’Allemagne.
«Le G7, c’est le champion des promesses non tenues, de la soumission aux intérêts des entreprises et de l’incapacité d’écouter des critiques. C’est pour ça qu’on veut être présent, pour faire part de nos critiques», plaide le président de l’Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens (ATTAC Québec), Claude Vaillancourt.
Six thématiques seront discutées à l’occasion d’échanges et de débats : l’écologie, les inégalités, l’évasion fiscale, le racisme, les droits autochtones et l’égalité homme-femme. Selon la coalition, les dirigeants du G7 ne font que défendre un système qui ne profite qu’à une minorité et qui accroît les inégalités.
Pas moins de 42 personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale. C’est ce que pointe Oxfam dans son rapport annuel de 2018 sur les inégalités. La proportion du 1% continue de baisser, ils étaient 388 en 2010.
La coalition espère mobiliser plusieurs centaines de personnes du milieu syndical, communautaire ou citoyen. Les organisateurs sont bien conscients que l’important dispositif sécuritaire de quelque 8000 policiers et militaires pourrait en démotiver plus d’un.
«On veut se faire entendre et être capable d’aller au-delà du paravent de l’orgie sécuritaire et répressive qui est mise sur pied et qui, en plus de coûter des centaines de millions, cultive une espèce de paranoïa, une peur qui n’a pas lieu d’être», plaide la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CSN), Dominique Daigneault.
«Serons-nous entendus? Oui. Serons-nous écoutés? Non, je ne suis pas naïve. Mais c’est une nécessité, de ne jamais baisser les bras. C’est quand on croit que l’ennemi est trop puissant et qu’on préfère rester assis, qu’on se fait avoir», ajoute-t-elle.
Selon la coalition, les enjeux de sécurité autour du G7 créent un faux sentiment de menace qui relègue au second rang la critique politique et le débat d’idées.
«Il y a déjà beaucoup d’articles dans les journaux qui insistent sur la peur, qui alimentent la peur. L’appareil étatique investi des centaines de millions pour la sécurité. Il y a des périmètres énormes de zone de non-droit où on ne peut plus aller. Tout ça a un impact», soulève de son côté le coordonnateur du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire au Québec (MEPACQ), Gabriel Dumas.