Michèle Asselin, Association québécoise des organismes de coopération internationale, 5 avril 2020
Les organismes de coopération et de solidarité internationales québécois (OCI) sont présents dans plus de 70 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Moyen-Orient. Des dizaines d’OCI, enracinés dans toutes les régions du Québec, ont bâti des liens solides et des partenariats structurants pour le développement durable de milliers de collectivités. Actifs dans des pays déstabilisés par des conflits, des crises politiques et sociales, et des infrastructures sanitaires déficientes, les OCI sont très inquiets. Comment venir en aide à des populations déjà confrontées à la pauvreté, à l’analphabétisme, et à des maladies répandues avec des taux de morbidité très élevés, comme le paludisme, la tuberculose ou la rougeole ? L’ONU et l’OMS craignent une hécatombe et des millions de morts… Sans possibilité de mobilité internationale, comment poursuivre notre action à travers le monde ?
Les OCI du Québec à pied d’œuvre
Dès les premières heures qui ont suivi l’annonce par l’OMS que la COVID-19 est désormais une pandémie, les OCI se sont mobilisés pour rapatrier d’urgence leurs personnel, volontaires, stagiaires et bénévoles. Des centaines de personnes obligées, souvent la mort dans l’âme, de rentrer dans des conditions chaotiques. Ils ont également planifié l’accueil de ces personnes à leur arrivée au Québec durant leur quarantaine. Ils ont loué des appartements et assuré le ravitaillement. Et ils continuent de leur apporter un soutien. Une opération sans précédent. D’un même souffle, les OCI ont amorcé la poursuite de leurs appuis à leurs partenaires dans les divers pays : identifier ensemble comment des projets en cours peuvent être maintenus avec une aide technique à distance — évaluer les besoins des populations locales les plus vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants — établir des façons différentes de communiquer, dans des zones où parfois les connexions internet sont très peu accessibles. Bref, ils travaillent à construire de nouveaux ponts de solidarité : pas question d’abandonner les collègues des équipes nationales qui sont mobilisés pour endiguer la pandémie.
L’aide internationale
Toute la communauté internationale doit apporter son assistance et les gouvernements du Canada et du Québec devront contribuer à ces efforts. Au début d’avril, le Canada a annoncé qu’il augmentait son aide internationale de 109,5 millions, en plus des 50 millions annoncés par le gouvernement plus tôt en mars, pour aider à stopper la COVID-19 à l’étranger, une réponse à l’appel de l’ONU qui invite les gouvernements à verser 2 milliards. D’autres engagements financiers devront suivre dans les prochains mois, pour réussir à endiguer la pandémie qui menace l’humanité.
Mais outre l’aide d’urgence, essentielle, la continuation de la coopération et de la solidarité internationales doit être maintenue et renforcée pour « passer au travers ». Comme ils l’ont toujours fait lors de grandes crises, les OCI du Québec maintiennent leur mission auprès de populations de pays du Sud qui risquent d’être extrêmement fragilisées. La poursuite de projets menés avec et pour des collectivités en réponse à des besoins fondamentaux demeure plus que jamais pertinente et nécessaire. Pour lutter contre la COVID-19, on doit continuer de consolider l’accès à tous les services de santé et à l’eau potable, à l’éducation, à la sécurité alimentaire, au renforcement d’une agriculture durable, au développement économique local et à la création d’activités génératrices de revenus, ainsi qu’à la défense des droits de la personne, particulièrement des femmes.
L’éducation à la citoyenneté mondiale
La sortie de cette crise appelle plus que jamais à la solidarité internationale. On l’a souvent répété, le virus ne connaît pas de frontière. L’éducation à la citoyenneté mondiale dans un tel contexte est d’autant plus pertinente. En poursuivant ces activités, nous favoriserons auprès de nos concitoyennes et concitoyens une meilleure compréhension de l’interdépendance des populations et des enjeux sociosanitaires et économiques globaux. Il y aura un avant et un après. Nous serons confrontés plus que jamais aux défis environnementaux et aux inégalités dans un monde où se multiplient les conflits. Des voix de plus en plus fortes s’élèvent pour que de réels changements adviennent afin de garantir un avenir pour nos enfants, nos petits-enfants et les générations futures.
Porteuses d’espoir, des millions de personnes s’activent sur tous les fronts pour lutter contre cette terrible maladie qui nous menace toutes et tous. Merci du fond du cœur à ces personnes, particulièrement aux femmes, qui se dévouent jour et nuit, à prendre soin des personnes vulnérables et malades, ici et partout dans le monde.
Est-ce que cela va bien aller ? Oui probablement, mais pas pour toutes et tous… Nos pensées accompagnent celles et ceux qui vivent de dures épreuves.
Souhaitons que le soleil printanier brise notre isolement et fortifie nos élans solidaires planétaires virtuels !