Bianca Mugyenyi, extrait d’un texte paru dans Canadian Dimension, 29 septembre 2020
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles le Canada ne devrait pas dépenser 19 milliards de dollars pour une flotte d’avions de guerre. Dans ce qui serait le deuxième programme d’approvisionnement gouvernemental le plus coûteux de tous les temps, ces fonds pourraient financer l’infrastructure du train léger dans de nombreuses villes, des dizaines de milliers d’unités de logement social et garantir une eau potable saine dans chaque réserve autochtone.
19 milliards de dollars, c’est une somme énorme, mais en réalité, le coût du cycle de vie de l’achat de ces jets coûtera en fait deux ou trois fois ce montant. En 2013, par exemple, le ministère de la Défense nationale a estimé que le coût total de l’acquisition et de l’exploitation d’une flotte de F-35 (fabriqués par Lockheed Martin) s’élèverait à 45 milliards de dollars américains sur 30 ans.
Il est important de se rappeler que le gouvernement Trudeau avait promis d’annuler le marché des F-35. Cependant, les libéraux semblent jeter les bases de l’achat des jets (les autres en lice sont le Boeing Super Hornet et le Saab JAS 39 Gripen). En mai, Trudeau a dépensé 70 millions de dollars simplement pour rester dans le processus d’appel d’offres F-35.
Il y a des préoccupations encore plus grandes que de jeter d’énormes sommes d’argent public dans les toilettes. La triste vérité est que les avions de combat sont extrêmement gourmands en carburant, ce qui contribue à l’aggravation de la crise climatique.
Les machines de guerre sont à forte intensité de carbone et fondamentalement en contradiction avec l’engagement du Canada d’atteindre le zéro net d’ici 2050. Au cours des six mois de bombardements qui ont eu lieu au-dessus de la Libye en 2011, par exemple, l’Aviation royale canadienne a révélé que ses six avions avaient brûlé 14,5 millions livres de carburant. De plus, l’impact climatique du vol exacerbe le dioxyde de carbone émis puisque le point de rejet du carbone augmente ses effets de réchauffement.
Selon l’ancien sous-ministre de la Défense nationale Charles Nixon, il n’existe aucune menace crédible obligeant le Canada à se doter de nouveaux avions de chasse «Gen-5». Il a souligné qu’ils seraient largement inutiles pour faire face à une attaque comme le 11 septembre, répondre à des catastrophes naturelles, fournir une aide humanitaire internationale ou des opérations de maintien de la paix, et encore moins surmonter une pandémie mondiale.
Le véritable rôle de ces machines de guerre est d’améliorer l’interopérabilité de l’armée de l’air avec l’armée américaine et l’OTAN.
Au cours des trente dernières années, les avions de combat canadiens ont contribué à des attentats à la bombe dirigés par les États-Unis en Irak (1991), en Serbie (1999), en Libye (2011) et en Syrie / Irak (2014-2016).
En Libye, les avions de combat de l’OTAN ont gravement endommagé le système aquifère du Grand Fleuve artificiel, source de 70% de l’eau du pays. L’alliance a également largué 20 000 bombes sur près de 6 000 cibles pendant six mois de guerre. Les bombardements de l’OTAN ont finalement déstabilisé la Libye et la violence que cela a provoquée s’est rapidement répandue vers le sud, au Mali et dans une grande partie du Sahel.