Comité pour la défense des droits humaines en Amérique latine, 9 février 2021
Le gouvernement du Québec, au Canada, a instauré un couvre-feu effectif dès 20 heures pour réduire les cas de contagion dus à la Covid-19. Néanmoins, des groupes et des organisations de la société civile ont organisé une manifestation le 30 janvier en réaction aux impacts de cette mesure sur les migrant.e.s.
Depuis le début de la pandémie, il est clair que les personnes ayant un statut migratoire précaire occupent souvent les emplois avec les pires conditions de travail, en incluant le travail de nuit. Pourtant, ce sont celles et ceux qui assurent la fourniture de services essentiels à la société québécoise et canadienne dans son ensemble : ils et elles travaillent pour l’approvisionnement des commerces d’alimentation et s’occupent des restaurants, prennent soin des malades et des enfants, et nettoient les magasins, les maisons et les bureaux. Même les personnes sans papiers qui travaillent dans les centres de santé du gouvernement n’ont pas accès à des bénéfices ou des aides sociales. Ce qui signifie que ce sont ces personnes qui s’exposent au risque maximal de contagion mais sans aucune compensation.
Désormais, avec le couvre-feu, ils et elles sont également exposé.e.s au risque d’emprisonnement et d’expulsion car les forces de police qui surveillent les rues la nuit sont les mêmes que celles qui sont systématiquement dénoncées pour leurs pratiques racistes.
Le Comité pour les droits humains en Amérique Latine, CDHAL, s’est entretenu avec Inés, de l’Association des travailleuses et travailleurs migrants du Centre de travailleuses et travailleurs migrants, le CTTI, qui partage avec nous les revendications des organisations sociales qui œuvrent dans la défense des droits des personnes migrantes.
“Le couvre-feu nous affecte, nous les travailleuses domestiques sans statut, car nous avons dû modifier nos horaires de travail et ceci a beaucoup dérangé nos patrons.
Ce que nous demandons à travers cette manifestation, ce sont nos revendications, qui sont la régularisation de toutes les personnes migrantes, l’accès au soins de santé, parce que nous vivons dans une situation précaire, indigne et complexe, parce que nous sommes des êtres humains et que nous méritons d’être reconnus, et non ignorés. A cause de cette situation, nous avons perdu l’année dernière deux collègues qui ont dû aller mourir dans leur pays d’origine parce que les prix des traitements et des hospitalisations sont incroyablement élevés. C’est pourquoi nous demandons également une aide financière au gouvernement”.