Crises à Port-au-Prince : l’attente d’une intervention salvatrice

Une femme marche devant un véhicule calciné à Delmas 19 le 10 décembre. Photo Jean Elie Fortiné / Dèyè Mòn Enfo

Cet article est repris du numéro 48 de décembre 2024 de la publication numérique Haïti Magazine du collectif Dèyè mon enfo, produite à Port-au-Prince. Pour en savoir plus sur le collectif et le magazine, et pour s’abonner cliquez ci-dessous:

Abonnez-vous à Haïti magazine du collectif Dèyè Mòn Enfo

 

Crises à Port-au-Prince : l’attente d’une intervention salvatrice

tiré du #48 – Festival En lisant : résister par le théâtre
Les événements tragiques continuent de s’enchaîner à Port-au-Prince, où la majorité du territoire reste sous le contrôle de groupes armés. Le massacre de plus de 200 personnes à Wharf Jérémie, principalement des personnes âgées, quelques semaines seulement après un autre massacre dans l’Artibonite ayant fait plus de 100 victimes, a profondément secoué la capitale haïtienne. La brutalité gratuite de ces actes pourrait marquer le début de l’effondrement de la coalition de groupes armés Viv Ansanm, selon certains observateurs.

Comment cette coalition peut-elle encore prétendre défendre les plus démunis si certains de ses membres ciblent systématiquement les populations les plus vulnérables ?

Un ouvrier nettoie la rue devant l’Hôpital Général de Port-au-Prince, quelques minutes avant l’attaque le 24 décembre. Photo : Jean Elie Fortiné / Dèyè Mòn Enfo

Cette semaine, un autre drame a frappé la capitale, entraînant la mort d’un policier et de deux journalistes, ainsi que de nombreux blessés. Heureusement, notre collaborateur Jean Elie Fortiné avait quitté les lieux quelques minutes avant l’attaque.

Tout a commencé de manière inattendue : le ministère de la Santé avait convié les journalistes à la réouverture officielle de l’Hôpital Général (HUEH), fermé depuis mars, le matin du 24 décembre, puisqu’il se trouve dans une zone de conflit. Une opération de nettoyage des rues autour du bâtiment avait été réalisée en préparation de l’événement, mais la délégation ministérielle ne s’est jamais présentée.

Une affiche souhaitant la bienvenue au ministre de la Santé quelques minutes avant l’attaque de l’Hôpital Général de Port-au-Prince, aussi nommé Hôpital de l’Université d’État d’Haïti. Photo : Jean Elie Fortiné / Dèyè Mòn Enfo

Plus de deux heures après l’heure prévue, alors que les journalistes attendaient toujours, des dizaines d’hommes armés ont ouvert le feu sur les bâtiments environnants, tirant des centaines de balles. Ce geste serait une manifestation d’opposition du chef du groupe armé de Village de Dieu à la réouverture du principal centre hospitalier de la région. Le tollé qui a suivi s’est retourné contre le ministre de la Santé, accusé d’avoir organisé cet événement sans s’assurer que la zone était sécurisée. Selon plusieurs médias, le gouvernement de transition aurait décidé de le révoquer ce jeudi.

Véhicule blindé de la force d’intervention multinationale sur la route de Nazon à Port-au-Prince le 10 décembre. Photo : Jean Elie Fortiné / Dèyè Mòn Enfo

Envahis le mois dernier, les quartiers de Nazon et Solino restent hors de contrôle des forces de l’ordre. La célèbre route de Nazon, qui longe la limite est de ces quartiers, est désormais empruntée uniquement par des véhicules blindés de la police.