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Les élections municipales sont parmi celles qui mobilisent le moins les citoyen.nes. À Montréal, on observe environ 35 % de participation. À Québec, la participation atteint un record de 51 %, le plus haut taux depuis 2013. Au Portugal, seulement 54 % de participation à l’échelle nationale, c’est un des taux les plus faibles de l’histoire du pays.
Ce sont pourtant des enjeux similaires qui unissent les campagnes d’un pays à l’autre : le logement, les inégalités, le transport, la sécurité et même les relations internationales, des enjeux d’intérêts nationaux, voire mondiaux. Les municipales représentent le niveau de pouvoir le plus proche de nous, elles impactent directement notre vie au quotidien, pourtant elles récoltent les taux de participation les plus faibles.
Montréal, un tournant néolibéral significatif
À Montréal, la course à la mairie a ramené des sujets majeurs à la table : la crise du logement, l’itinérance, les inégalités, les discriminations et même le conflit à Gaza ont fait partie des grands thèmes sur lesquels les candidaturewe stay in touch.s ont dû se positionner. Dans un débat organisé par le média Urbania, la nouvelle mairesse de Montréal s’exprimait sur divers enjeux avec ses opposants Luc Rabouin et Craig Sauvé. Questionnée sur les irrégularités de sa campagne par une personne présente dans la salle, elle a écouté les critiques virulentes qui lui étaient lancées. Selon elle, ces critiques sont de la désinformation» ou encore des «erreurs humaines». Un ton défensif, certainement irrité par cette prise de parole inattendue, comme l’est souvent le débat démocratique.
Malgré un groupe de manifestant.es présent devant la salle, scandant des slogans en lien avec le conflit israélo-palestinien, aucune question «approuvée» par Urbania n’a mentionné la guerre ou le génocide en cours. Une discussion très encadrée par le média qui a refusé de donner la parole à une dernière intervenante, faute de temps ou peur d’un débat ouvert?
Pour la nouvelle mairesse, Soraya Ferrada, originaire de Saint Michel, un quartier défavorisé de l’île, il faut investir pour créer des opportunités, ça dépend pour qui… Ses liens avec de grands groupes promoteurs immobiliers à Montréal laissent planer le doute quant à ses projets d’abordabilité, dont les montréalais.es ont cruellement besoin. Son discours de victoire au ton républicain marque un tournant néolibéral significatif pour la ville qui avait choisi une gauche écologiste au pouvoir pendant 8 ans.
À New York, le nouveau maire est désavoué par le président Trump
À New York, le candidat démocrate Zohran Mamdani promet de geler les loyers et bannir la plateforme AirBnB, des mesures phares de son programme. Il est considéré comme extrémiste par ses adversaires qui l’accusent de vouloir chasser les plus aisées de Manhattan en ruinant le marché de l’immobilier. Une promesse même qualifiée de «slogan irréaliste destiné aux réseaux sociaux» par son principal adversaire Andrew Cuomo.
L’ancien gouverneur démocrate de l’état de New York avait perdu les primaires du parti, mais s’est tout de même lancé indépendamment dans la course contre le candidat désigné. Un paradoxe qui s’explique sûrement par un dédain profond envers le mouvement socialiste représenté par Mamdani, qui divise le parti entre un centre complaisant et une gauche radicale. Dans une entrevue à la radio avec l’animateur controversé Sid Rosenberg, ils enchaînent les blagues sur les origines et la religion de Mamdani. Des propos choquants qui enveniment les attaques islamophobes que subit déjà le jeune démocrate musulman d’origine indienne et ougandaise.
En plus des attaques haineuses de ses compétiteurs, Zohran Mamdani n’échappe pas aux critiques de Donald Trump. Le président l’a désavoué publiquement dans un torrent qui mêle islamophobie décomplexée et insultes de cour de récréation. Comparé à un «communiste» par Trump qui menace de retirer des millions de dollars de fonds publics à la ville s’il est élu.
Au Portugal, victoire du Parti social-démocrate devant l’extrême droite
Au Portugal comme au Québec, c’est le centre qui sort vainqueur de ces municipales. Le Parti social-démocrate (PSD) du premier ministre Luis Monténégro a remporté les deux plus grandes villes, Lisbonne et Porto, dans un total de 136 mairies à travers le pays. Une faible victoire pour l’extrême droite de Chega, première opposition au niveau national, elle n’a remporté que trois mairies dont la ville touristique d’Albufeira dans le sud. Même si ce parti s’est imposé aux élections législatives, sa popularité au niveau municipal peine à se montrer.
Une victoire idéologique d’envergure pour un pays qui a failli être dirigé par l’extrême droite, 50 ans après la chute de la dictature. Cette victoire pour le PSD lui permet de dominer la scène locale du pays, apportant visibilité et contrôle des instances municipales. Un coup fort qui promet de relancer le parti après le scandale de corruption qui a failli faire échouer Monténégro en mars dernier.
Des résultats qui ont un impact sur la scène politique centrale
Les sujets internationaux ont tenté de s’immiscer dans les campagnes municipales à travers le monde, mais les enjeux de proximité sont plus que jamais au cœur des débats : projet de tramway à Québec, crise de l’itinérance à Montréal et logement à New York.
La victoire écrasante de Zohran Mamdani la semaine dernière le dresse en véritable Alien du paysage politique états-unien. Un rappel que les élections locales peuvent prédire, mais aussi rompre avec l’enlignement national. Les résultats des municipales ont ce pouvoir d’affaiblir ou renforcer les projections politiques. Aux États-Unis, les quelques victoires démocrates ont suffi à redonner un souffle au parti. Au Portugal, si l’extrême droite a mené des percées historiques au niveau national, les mairies gardent leur porte fermée aux discours populistes et polarisants.
Là où beaucoup prônent la stabilité et gagnent, dans certaines villes c’est la rupture politique, la promesse d’un renouveau qui convainc.







