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La COP30 à Belém au Brésil est maintenant terminée et beaucoup dénoncent un bilan décevant. Malgré les intentions d’ouverture du gouvernement brésilien de Lula, la place donnée aux peuples autochtones fut un enjeu majeur lors de ce sommet. À l’occasion de deux activités, une à Québec et une à Montréal, une quarantaine de personnes ont assisté aux échanges sur le bilan de cette 30e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Nous présentons ici le compte-rendu de notre correspondante, Emma Soares, et co-chef du pôle presse du journal Le Polémique, sur l’activité de Montréal. NDLR
Le 26 novembre, le Journal des Alternatives et le journal étudiant Le Polémique de sciences politiques et études internationales de l’Université de Montréal, ont tenu une table ronde pour se pencher sur les conclusions de la conférence de l’ONU sur les changements climatiques, la COP30. Marie-Josée Béliveau, ethnologue et enseignante en géographie au cégep Ahuntsic, et Thalie Labonté, membre du groupe jeunesse de Lojiq, toutes deux de retour du Brésil, ont partagé leurs expériences de cette «COP de mise en œuvre».
Le parcours d’un représentant du peuple Juruna d’Amazonie
Organiser un 30e sommet mondial sur l’environnement en Amazonie se veut symbolique, démonstratif d’une volonté de se rapprocher des peuples autochtones et de souligner l’importance de protéger les milieux naturels. Malgré des intentions sincères de la part du pouvoir exécutif brésilien d’intégrer la parole des nations autochtones dans le dialogue mondial sur la transition énergétique, leur statut de simple observateur, exclu de la zone bleue, les a empêchées d’avoir un réel poids décisionnel dans les discussions importantes.

Claudyvan Da Silva Santos, représentant du peuple Juruna d’Amazonie, est intervenu en direct du Brésil en début de rencontre. Il nous a décrit l’accueil qu’il a reçu à Belém.
Après deux jours de voyage en bateau pour porter la voix de sa communauté au sommet, il a témoigné des difficultés à faire entendre les revendications de son peuple. Depuis plusieurs dizaines d’années, le territoire ancestral de Rio Forte sur lequel vit sa communauté depuis des millénaires est menacé par les activités d’extraction minière de la compagnie canadienne Belo Sun.
En 2023, la rivière qui traverse leur territoire, indispensable aux ressources vitales dont dépend son peuple, s’est complètement asséchée. En ligne avec nous depuis son village, il dénonce l’absence de dialogue avec les autorités et la compagnie, qui exploite son territoire sans l’autorisation de sa communauté.
Les paradoxes de la COP 30
Au cours de la discussion se sont dressés plusieurs paradoxes de cette COP30, censée penser à une application concrète des engagements précédents. Les accords signés sur la transition énergétique ne mentionnent même pas les énergies fossiles. Le choix symbolique d’organiser la COP30 en Amazonie a également posé plusieurs problèmes logistiques.
Les autorités ont manqué de place pour loger les délégations officielles et deux bateaux de croisière ont été dragués sur le fleuve pour répondre au besoin. Les entreprises d’énergies fossiles étaient surreprésentées, plus de 1000 délégations officielles étaient présentes dans la fameuse zone bleue, contre moins de 400 personnes représentant des autochtones. Sur place, les manifestations autochtones devant le siège de l’événement ont ramené une lumière sur les plus grandes victimes du dérèglement climatique.
Pour Marie-Josée Béliveau, enseignante et aussi chercheure sur les rapports de notre civilisation à la nature, ce rendez-vous demeure essentiel pour favoriser la collaboration des pays du monde autour de l’écologie, malgré le manque d’initiative des gouvernements. Elle souhaitait se rendre sur place pour témoigner de cette rencontre historique et pour partager les étudiantes et les étudiants qu’elle accompagnait son expérience sur le terrain.

Pour sa part, Thalie Labonté, coordonnatrice aux relations stratégiques et communications de l’organisation Vivre en Ville, se souvient avec émotion des protestations pacifistes des peuples autochtones. Elle se dit encore «choquée» de la réponse des autorités et les mots lui manquent pour décrire le moment dont «tout le monde aurait dû parler». Malgré les efforts d’inclusion et de proximité, les nouveaux accords traduisent d’un recul écologique de la part de nos gouvernements conclue-t-elle.
Le «prix citron 2025» au Canada
Le Canada est un des grands champions de l’inaction climatique, il a reçu le «prix citron du fossile 2025», une distinction satirique attribuée aux pays qui font le moins de progrès en matière de transition énergétique. Le premier ministre canadien, Mark Carney, était le grand absent de la COP30, sa ministre chargée de l’environnement et de la transition énergétique n’est restée sur les lieux que pendant les premiers jours.
Le nouveau budget canadien est marqué par une absence d’investissement dans l’écologie et par des fonds supplémentaires destinés aux énergies fossiles. Le gouvernement fédéral vient tout juste de signer un nouveau projet de pipeline avec l’Alberta, éloignant encore plus le Canada de sa transition vers les énergies vertes.










