Dennis Jett, Foreign Policy in Focus, 31 octobre 2018.
Onze personnes sont mortes samedi dernier. Et bien que le président des États-Unis et ses partisans le nient avec véhémence, il est en partie responsable. Leur agresseur, Robert Bowers, avait publié de nombreux discours antisémites sur son compte de réseau social. Beaucoup ont présumé qu’il était motivé par sa haine des Juifs. Bien que cette haine soit sans aucun doute une des raisons de ses crimes, ce n’était pas la seule. Il y a une douzaine de synagogues dans et autour du quartier de Squirrel Hill où il a mené son attaque. Et pourtant, il décida de parcourir 13 miles pour attaquer la synagogue Tree of Life à Squirrel Hill. Moins de deux heures avant qu’il choisisse d’agir, Bowers a publié un dernier message. Il a écrit: « cette synagogue aime faire venir des envahisseurs qui tuent notre peuple. Je ne peux pas m’asseoir et regarder mes gens se faire massacrer ».
Qu’il s’agisse de la caravane d’Amérique centrale, de l’interdiction de l’immigration musulmane, de la construction d’un mur à la frontière, Trump a fait de la paranoïa et de l’hystérie anti-immigrés un élément fondamental de ses discours. Il n’y a tout simplement aucun moyen plausible d’ignorer le fait que son langage a validé la vision du monde pervertie et paranoïaque de Bowers et a donc encouragé ses actions.
Une veillée pour honorer les morts et les blessés a eu lieu à l’intersection principale de Squirrel Hill samedi soir. Des milliers de personnes y ont assisté et organisées par les étudiants du lycée local. Ils ont parlé avec éloquence de la nécessité de ne jamais oublier les victimes et de tout mettre en œuvre pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Mais à moins qu’ils ne soient motivés à s’organiser politiquement, à l’instar des étudiants de la Stoneman Douglas High School après le meurtre de masse à Parkland, en Floride, rien ne changera. Il appartient aux électeurs de commencer à prendre les mesures nécessaires pour que l’avenir soit différent. Les politiciens dont la seule politique est la peur ne vont pas apporter de changement.