Oscar Ugarteche , Armando Negrete, ALAI, 17/12/2018
En mars dernier, l’escalade des agressions commerciales entre les États-Unis et la Chine a commencé avec l’imposition par les États-Unis de droits de douane sur les importations de panneaux solaires et de machines à laver. Cela a déclenché un conflit avec des représailles sur les tarifs. À la fin de l’année, cette guerre q accumulé un solde estimé à 363 milliards de dollars, avec des droits de douane sur plus de 13 mille produits. Dans le cadre du G20 à Buenos Aires, en Argentine, les présidents ont déclaré une trêve tarifaire de 90 jours à compter du 3 décembre, ce qui mettra fin aux droits de douane de 10% à 25% en janvier. Les attaques ont été transférées à la sphère des entreprises, avec l’arrestation croisée de représentants d’entreprises technologique (le cas de Huawei notamment). Le problème est que le chinois Huawei a réussi à sortir la technologie 5G du marché et la vend depuis août, alors qu’AT & T n’a pas encore publié la sienne. La réponse américaine a été d’accuser la Chine d’essayer d’espionner avec la 5G à l’ouest et a convaincu l’Australie et la Nouvelle-Zélande de ne pas l’acheter et pousse le Canada et l’Union européenne à ne pas le faire. Cela diviserait le marché de la 5G en deux, l’ouest pour AT & T et le reste du monde pour Huawei. La Chine a déjà remporté la course technologique, malgré tout.
La tendance à la hausse du taux d’intérêt de la FED, annoncée depuis mai 2013 et ayant débuté en décembre 2016, s’est poursuivie avec des hausses de 0,25% en mars, juin et septembre. Il se situe actuellement à 2,25% et, selon les annonces, les augmentations trimestrielles seront maintenues jusqu’à atteindre 4% en 2020. Les conséquences sur les taux d’intérêt dans le reste du monde, en particulier dans les économies périphériques ancrées dans l’économie américaine, ne se sont pas encore produites. En Amérique latine, seul le Mexique a suivi le rythme des augmentations, avec une augmentation cumulée de 2,25 points en 2018. Les autres économies ont ajusté leurs taux d’intérêt en fonction d’objectifs d’inflation internes, à l’exception de l’Argentine et du Venezuela, qui connaissent des processus d’inflation élevés et excessifs.
La signature du nouveau traité de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada ne signifie pas l’annulation des politiques protectionnistes. Au contraire, il comprend l’interdiction de signer de nouveaux accords de libre-échange avec la Chine et Cuba pour le Mexique et le Canada, parallèlement à une augmentation du contenu régional dans l’industrie automobile. Un autre élément est l’extension du droit d’auteur à 70 ans, fatale pour l’industrie des médicaments génériques. Pour le moment, les conséquences de tout ce qui précède, ainsi que les barrières tarifaires des plus grandes économies importatrices, ont été assimilées via l’augmentation des importations et la hausse des prix des produits finaux, ce qui a réduit le volume des échanges et a laissé un nouveau plancher de croissance modérée de 4%. Les exportations chinoises ont été touchées en mars 2018 mais ont retrouvé leur niveau et leur trajectoire; et tandis que les importations américaines continuent de croître, celles de la Chine ont stagné dans ce qui pourrait bien devenir une politique d’industrialisation des biens de consommation, ce que la Chine importe des États-Unis.
La situation de la guerre commerciale est là pour rester. Les États-Unis imposent déjà de droits de douane sur l’ensemble de son commerce d’importation avec la Chine. De son côté, la Chine dispose de beaucoup plus d’espace pour taxer les nouveaux produits et augmenter les droits de douane. La différence est que, si les États-Unis importent de la Chine des biens d’équipement et des biens d’équipement, la Chine importe à l’inverse des biens de consommation et des produits alimentaires. À court terme, il est facile pour la Chine de remplacer le marché des biens de consommation. Par contre, pour les États-Unis, il peut être impossible de remplacer la fourniture de biens d’équipement et de biens intermédiaires sur mesure.
Le marché financier international a enregistré une performance médiocre au cours de l’année. Cependant, nous devons nous rappeler qu’elle repose sur une logique de protection par les États nationaux et sur l’absence de normes internationales, ce qui a permis la construction de gigantesques bulles et de niveaux d’endettement impossibles à payer, compte tenu des faibles performances des économies principales. En 2018, peu de progrès a été accompli dans la mise en place d’un cadre réglementaire plus strict pour l’activité financière. Le scénario à court terme d’un risque financier élevé dû à un effondrement des marchés spéculatifs demeure. Les principaux indices mondiaux sont en déclin depuis octobre et l’année se termine avec l’indice Dow Jones inférieur au niveau de janvier.
D’une manière générale, le scénario pour 2019 découle des problèmes non résolus de 2018. Tant que les économies centrales resteront stagnantes et que leur productivité aura tendance à baisser, la hausse des tarifs et des politiques de protectionnisme ne cessera pas. Avec les hausses des taux d’intérêt, aux États-Unis, le scénario de l’économie mondiale (à l’exception des économies émergentes asiatiques) en 2019 sera encore plus difficile. L’Amérique latine, qui exporte aux États-Unis une main-d’œuvre bon marché du bassin des Caraïbes et des matières premières d’Amérique du Sud vers la Chine, maintiendra une croissance faible. La région ne croît pas par les exportations, mais par les investissements et la consommation. L’Europe ne se développera pas beaucoup en raison de l’incertitude quant à l’instauration ou non du BREXIT. À tout cela s’ajoute le risque croissant d’une nouvelle crise financière américaine, causé par l’absence de réglementation internationale. À cela, il faut ajouter le coût des changements climatiques sur l’économie mondiale.