Walter Baier extrait d’un texte paru dans Transform,18 mars 2019
Sept semaines après les élections qui ont abouti à la majorité absolue du PiS dans le Sejm polonais, Die Zeit a publié un article intitulé « Comment un nouvel État émerge », dans lequel il était écrit que « le nouveau gouvernement reconstruit pas à pas la Pologne État nationaliste de droite. » Depuis lors, le gouvernement PiS a fait de son mieux pour répondre aux attentes, notamment en s’emparant de la Cour suprême. Entre-temps, le gouvernement tente de maîtriser l’opinion publique en contrôlant les médias, en adoptant des mesures de censure et en licenciant pour des motifs politiques.
Il en va de même pour la Hongrie, où la FIDESZ a adopté en 2012 une « loi fondamentale», qui définit la nation ethnoculturelle de Hongrie, en distinguant les droits de l’homme en général des droits civiques, qui restent le privilège des Hongrois à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du pays.
En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ) est en train de créer un «État profond» sous son contrôle, des pouvoirs d’annulation sont établis partout, de l’Institut national de la statistique au service de radiodiffusion publique.
Partout où les partis radicaux de droite deviennent membres de gouvernements, ils agissent selon le principe suivant: ne tolérez pas plus de démocratie que nécessaire, mais imposez le plus d’autoritarisme possible.
Les bases
La science politique dominante évoque les votes élevés des partis néofascistes parmi la classe ouvrière. L’électeur type est représenté par un homme, de race blanche, à faible revenu et ayant un niveau d’éducation faible, généralement dans les régions industrielles en déclin, en dehors des agglomérations urbaines. De là, la route est courte pour considérer le néofascisme comme un phénomène qui ne se répand que dans les classes inférieures. Cela mène tout droit à la prétendue thèse du « populisme » selon laquelle les populistes divisent la population en « élites corrompues » et en « peuple bon et propre ».
Mais les populistes s’adressent au peuple d’une manière particulière, notamment par le biais du préjugé réactionnaire ou, comme Adorno l’a montré dans son étude sur le caractère autoritaire, par le biais du « ressentiment antidémocratique », qui n’est pas contraire à la vision néolibérale du monde, mais forme partie inhérente de celui-ci.
C’est la raison pour laquelle le clivage discursif dans le champ politique entre droite et gauche continue d’être important. Cela peut être illustré par les données du premier tour de l’élection présidentielle française (2017), où les votes des cols bleus et des cols blancs étaient polarisés entre Marine Le Pen (39% et Jean-Luc Mélenchon (24 %).
Selon les projections les plus récentes, les partis d’extrême droite peuvent s’attendre à 25% des sièges aux prochaines élections de mai, ce qui en ferait le deuxième plus grand bloc. Cela montre clairement que le type de nationalisme incarné par les extrémistes de droite et les néo-fascistes est devenu un concept alternatif et réactionnaire, non seulement en ce qui concerne la restructuration des États, mais également en ce qui concerne l’Europe dans son ensemble. L’un des éléments les plus dynamiques de l’union des partis d’extrême droite est la fraction de la droite néofasciste « Europe des nations et de la liberté » (ENF), regroupant le Rassemblement National, le Parti de la Liberté, la Ligue du Nord, le Nouvelle droite (Pologne), le SPD tchèque, le Parti pour la liberté (PVV) et le Vlaams Belang. Le rejet de l’UE au nom de la « souveraineté nationale » et du « contrôle de l’immigration » est la position commune de tous ces partis extrémistes de droite.