Tina Mostel, correspondante en stage
Nous vivons une époque sujette à de nombreux enjeux globaux. La crise climatique est parmi les plus criantes, car elle illustre particulièrement ce phénomène catalyseur qui touche l’ensemble du globe. Il s’agit d’un enjeu qui interpelle les mouvements féministes, préoccupées par les inégalités, au plan social comme environnemental. C’est pourquoi il importe de s’interroger « en quoi la justice climatique est indissociable d’une approche féministe et inclusive dans les pays du Sud » ? C’était l’objet de la conférence sur « les défis et perspectives pour une justice climatique » comme action climatique féministe aux États généraux de la solidarité internationale.
Pour pouvoir exposer ce problème, des spécialistes de plusieurs milieux tels que la recherche, l’ingénierie des énergies renouvelables, les sciences économiques ou bien l’agronomie se sont réunis. Et une question centrale a été posée
Une crise climatique profondément inégalitaire
Il est souvent reproché aux pays du Nords d’être de grands pollueurs au détriment des pays du Sud, victimes du processus de développement des pays occidentaux. Il s’agit d’une dimension de l’injustice climatique. Par ailleurs réchauffement climatique ne se révèle pas de la même manière partout sur le globe. Par exemple, en Afrique, les conditions climatiques déjà chaudes ne font qu’élever, créant de la sécheresse. Une sécheresse déjà présent sur le continent depuis les années 70, qui aura fait disparaître de nombreux éco-systèmes. Ainsi, pour des communautés qui vivent de leurs productions agricoles, cela engendre des situations de famine, puis d’exode rural. Au Sénégal plus de 90% des productions viennent de productions familiales, d’après la Fédération des Organisations non gouvernementales du Sénégal.
Orles femmes et les enfants sont souvent les plus affectés dans les situations de crise. Selon le rapport de 2024 de l’ONU, 158 millions de femmes sont susceptibles de basculer dans la pauvreté, d’ici 2050, soit 16 millions de plus que les hommes. Il y a aussi une grande différenciation dans l’accès aux ressources, aux formations publiques ou aux sphères politiques. Pour cause, les femmes sont socialisées différemment des hommes, ce qui creuse les inégalités de genres. Cette socialisation genrée intensifie le travail invisible et la vulnérabilité accrue des femmes.
De plus, les violences physiques et psychologiques faites aux femmes sont souvent normalisées. Les mariages précoces et la dépendance administrative, leur dessert. Elles n’ont parfois pas accès à leur propre acte de naissance et doivent se reposer sur leur mari afin de faire des prêts d’argent sur lesquels elles n’ont pas forcément la main.
Des initiatives féministes locales pour transformer le climat social
Afin de redonner aux femmes une maîtrise sur leur vie, les panélistes sollicitent la création de formation afin qu’elles puissent obtenir une pleine autonomie. Aussi l’accès à la terre, à l’eau, à la santé et aux technologies innovantes est primordial. Afin de produire dans un environnement sain. L’urgence climatique touche tout le monde, il est donc important de mettre l’accent sur les couches les plus vulnérables de la société. L’accompagnement des femmes à renforcer leurs capacités peut permettre qu’elles évoluent dans les sphères sociales et politiques.
Néanmoins, le rôle des hommes est important dans la lutte des femmes, la « masculinité positive » est abordée lors de la conférence. Il ne s’agit pas d’une attaque contre les hommes, mais bien la création d’un levier pour que la société se porte mieux. En effet, les femmes apportent une perspective complémentaire dans les instances décisionnelles, mais pour cela il est important qu’elles aient accès à l’éducation. Cette diversité de point de vue nourrit l’évolution et le progrès. Au-delà de ça il serait intéressant de créer des instances pour les femmes.
Pour une justice climatique solidaire et inclusive
C’est ce que soutiennent les représentants des associations présentes. L’importance de reconnaître le rôle des femmes dans les instantes de décisions afin d’asservir leur légitimité. Naturellement, il y aura une meilleure intégration des femmes, en influençant les lois pour qu’elles le permettent.
Pour l’Institut Africain pour le Développement Économique et Social (INADES), au Togo, l’accent doit être mit sur l’autonomisation économique des femmes. Il est compliqué pour nombreuses d’entres elles, par exemple, d’accéder à l’héritage de terres, qui sont reprises par le gouvernement. Aussi il y a une création de lien entre ces femmes et les marchés, facilitant la contractualisation.
L’association des Apiculteurs de la Région de Ziguinchor (APISEN), est un collectif qui crée des pépinières et des fermes, donnant accès aux femmes à la sphère de l’apiculture qui auparavant était exclusivement masculin. La création des instances dédiées aux femmes, et des gouvernements économiques féminins, permettra d’aller vers une société plus équitable sur les plans, économique, écologique, et de genre. Il serait aussi nécessaire de promouvoir le partage des voix des féminines lors de grandes conférences internationales comme les COP. Cela permettrait de repenser la justice climatique sous le prisme des rapports sociaux.
Projet mis en œuvre par Inter Pares et SUCO avec l’appui d’Affaires mondiales Canada, en partenariat avec APISEN, CNCR, ENDA PRONAT, INADES FORMATION (CI), INADES TOGO (TG), JVE Sénégal, SUNTAEG (SN) et Tiniguena (GB).