Comité pour les droits humains en Amérique latine, 16 avril 2021
Depuis le 22 mars, l’Assemblée El Algarrobo manifeste contre le projet de gisement de cuivre, d’or, d’argent et de molybdène à grande échelle de l’entreprise canadienne Yamana Gold, dans la province de Catamarca en Argentine. Les mobilisations massives ont inclus des grèves pacifiques et des blocages sélectifs de routes « menant au camp minier dans les Nevados del Aconquija, afin d’interrompre le passage des camions et des fournisseurs de l’entreprise minière ». Malgré leurs protestations pacifiques, la communauté a fait l’objet de raids et d’arrestations arbitraires.
MiningWatch et le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) exprimons nos préoccupations et faisons écho aux demandes formulées dans une lettre ouverte écrite collectivement par l’Assemblée el Algarrobo le 9 avril, demandant notre soutien et que nous communiquions avec la compagnie minière canadienne Yamana Gold et le gouvernement canadien pour exprimer leur objection au projet
Nous nous faisons l’écho de leurs demandes de respecter leur opposition au projet Agua Rica-Minera Alumbrera (MARA), sur la base des éléments suivants :
- Il viole la loi sur la protection des glaciers ;
- Il viole la loi générale sur l’environnement ;
- Il viole l’ordonnance municipale 29/16, qui interdit toute activité d’extraction de métaux à ciel ouvert, ainsi que toute forme d’activité d’extraction d’uranium, dans le bassin supérieur de la rivière Andalgalá ;
- Elle ne respecte pas l’arrêt de la Cour suprême de justice, qui reconnaît le droit de tous les habitant.e.s de la région à vivre dans un environnement sain et équilibré ;
- La communauté est actuellement en situation d’urgence hydrique et le développement de ces activités minières affectera de façon irrévocable les sources d’eau.
Nous condamnons la façon dont le gouvernement provincial de Catamarca a répondu par une violence extrême, notamment par le harcèlement et la répression de la police, des raids et des arrestations arbitraires. Les médias locaux ont signalé 11 arrestations en date du 15 avril.
Nous dénonçons les actions policières qui rappellent la période de la dictature civilo-militaire où les personnes étaient enlevées de leur maison pendant la nuit.
Nous dénonçons Yamana Gold qui tente d’assurer à ses actionnaires les avantages d’investir dans un projet où la majorité des habitant.e.s s’y oppose.
Nous dénonçons et condamnons Yamana Gold pour avoir utilisé la pandémie pour faire avancer son projet minier contre la volonté des communautés locales. Nous condamnons également le fait que Yamana Gold fasse pression sur diverses autorités politiques en Argentine, également dans la province de Chubut, pour faire avancer ses projets malgré la forte opposition des communautés et les lois environnementales en vigueur.
Nous condamnons la police locale qui utilise la Covid-19 pour militariser Andalgalá et intimider les protestant.e.s pacifiques.
Nous demandons au gouvernement canadien de mettre fin à son silence face aux protestations massives et à l’usage disproportionné de la force par le gouvernement provincial de Catamarca. Nous demandons à l’ambassade du Canada en Argentine de faire une déclaration publique sur les médias sociaux condamnant la violence contre les défenseur.e.s de l’eau en Andalgalá.
Nous exigeons la libération immédiate de l’ensemble des défenseur.e.s de l’eau détenu.e.s arbitrairement. Nous exigeons le respect de tous les droits de la communauté, ainsi que leur droit de manifester et leurs droits environnementaux.
Nous exprimons notre solidarité avec nos sœurs et frères d’Andalgalá qui, depuis plus de 11 ans, s’opposent à ce modèle extractiviste violent. Nous vous entendons et sommes avec vous en esprit.