João Pedro Stedile.coordonnateur du MST, 22 août,
Le Brésil traverse une grave crise économique, politique, sociale et environnementale. De nombreux facteurs y ont contribué, notamment la subordination de notre économie au capital financier et international, qui extorque toute la société.
Le coup d’état de 2016 a été la tentative de la bourgeoisie de se sauver seule de la crise, mettant tout le poids sur la classe ouvrière. Pour cela, elle a mobilisé son pouvoir médiatique, judiciaire et parlementaire. Le plan visait à dépouiller les ressources publiques, en finir avec les droits, à subordonner entièrement le pays à des intérêts internationaux, leur offrant des ressources naturelles telles que le Pré-sal, les minerais, l’eau et des entreprises nationales telles que Petrobras, Eletrobras et Embraer.
Leur action vile et basse contre la population a été aussi rapide et sournoise que possible. Et quel en a été le résultat ? La crise économique s’est aggravée. La crise sociale a atteint des sommets de barbarie, avec 66 millions de travailleurs en marge de l’économie, tandis que les six familles les plus riches gagnent plus que 104 millions de Brésiliens. La crise politique s’est également aggravée : le gouvernement putschiste connait la plus grande impopularité de l’histoire républicaine. Et plus personne ne fait confiance aux hommes politiques !
La logique du pouvoir judiciaire, qui vit de fierté et d’arrogance, renverse le principe constitutionnel : chacun est maintenant coupable jusqu’à preuve du contraire. Le Power Point « nous n’avons pas la preuve, mais nous avons la conviction » a acquis le statut de loi.
Alors que des milliers de chercheurs risquent de perdre leurs bourses d’études, des juges tels que Sergio Moro usurpent des fonds publics, touchant une aide au logement alors qu’ils habitent leur propre maison, bénéficiant d’autres privilèges inacceptables, payés par la population.
Le Mouvement Sans Terre, ainsi que les 80 organisations qui intègrent le Front Brésil Populaire, estiment que le pays a besoin d’un nouveau projet de développement, souverain et populaire. Davantage de subordination, de soumission, d’exploitation de la population n’est, en aucun cas, une issue pour le Brésil.
Dans toutes les enquêtes d’intention de vote, les gens se sont exprimés en faveur de Luiz Inacio Lula da Silva, comme alternative électorale, pour sa carrière, sa représentativité mais également par solidarité, compte tenu de la persécution utilisée par les pouvoirs médiatiques et judiciaires pour bloquer la possibilité d’une issue populaire à la crise.
Si Lula n’est pas candidat, les élections seront une fraude car elles empêcheront la majorité des Brésiliens d’avoir le droit de choisir leur président. Et les crises s’aggraveront et nous aurons encore quatre années de conflit, de violence et d’aggravation des inégalités sociales.
Afin de construire un nouveau projet pour le pays, avec des réformes structurelles en politique, dans le système judiciaire, dans les médias et dans l’économie, il est nécessaire de garantir la participation de Lula aux élections présidentielles.
C’est pour toutes ces raisons que des membres des mouvements populaires font grève de la faim depuis le 31 juillet, pour une durée illimitée. Ce vendredi (10), il y aura une mobilisation nationale des travailleurs, convoquée par toutes les centrales syndicales. Les mouvements de terrain feront une marche nationale vers Brasilia jusqu’au mercredi (15), date à laquelle la candidature de Lula sera déposée.
Nous espérons que le pouvoir judiciaire se souviendra qu’au-delà de ses vanités et de ses intérêts, il y a la Constitution, suffisamment outragée et méprisée ces dernières années. Que les juges se soumettent à la volonté populaire et à la Constitution, et non aux intérêts de la Rede Globo et au projet putschiste du grand capital.