Tina Mostel, correspondante en stage
Le Cameroun, situé en Afrique centrale, est un pays possédant une riche biodiversité, souvent surnommé « l’Afrique en miniature ». Pour cause, la diversité de ses paysages offre des plateaux, des montagnes ou encore des volcans, mais aussi savanes, lacs et forêts tropicales. Néanmoins, cette richesse naturelle est menacée par des problèmes sociaux pluriels dans un contexte de crise environnementale globale. Dans ce pays près d’une personne sur cinq vivent avec seulement 2.15$ par jour. Et le contexte politique avec les revendications indépendantistes ambazoniennes amène un climat conflictuel en raison de la guerre civile au sein de la nation.
Concentré des luttes écologiques et sociales
La ville de Bamenda est confrontée à une gestion précaire des déchets, qui entraîne et se conjugue avec des enjeux économiques et de santé publique. La situation politique instable du pays, aggrave ces défis, car elle n’aide pas la municipalité dans la prise de mesures nécessaires pour y remédier.
Les déchets sont abandonnés dans les rues aléatoirement ce qui crée un danger sur la voie publique en rendant la conduite plus difficile et engendrant des accidents. D’un point de vue socio-économique, cela rend les choses complexes pour la population. Les déchets s’accumulent et créent de la poussière sur les routes et les rues.
Les enfants sont touchés par cette pollution, causant par exemple des problèmes respiratoires, des infections et des éruptions cutanées. Le fait que cette contamination affecte les plus jeunes alerte particulièrement les mères, soucieuses de l’environnement dans lequel évoluent leurs enfants.
Rôle des femmes dans la transition écologique
Pour plusieurs projets de transition écologique au Cameroun, les femmes sont non seulement les premières concernées, mais également des actrices majeures du changement. Néanmoins, les conceptions traditionnelles de la femme les écartent parfois de la vie politique. Pourtant, avoir un pouvoir décisionnaire sur l’avenir de sa communauté est la preuve d’une certaine reconnaissance. La proportion de femmes au Cameroun est de 52 %, mais elles occupent moins de 8 % du système politique décisionnel.
L’autonomisation des femmes dans les domaines socio-économiques est donc essentielle, non seulement pour la protection de l’environnement, mais aussi pour la lutte contre les inégalités de genre.
Aujourd’hui, beaucoup de femmes au Cameroun s’impliquent dans l’agro-écologie, qui est une manière durable de cultiver en préservant l’environnement. Le formateur écologique, le Dr Narcisse Nkejeu, accompagne des femmes dans cette pratique. D’après lui, plusieurs associations de femmes paysannes se retrouvent et s’organisent pour mettre à l’œuvre ces projets.
Importance de l’écologie dans la lutte contre la pauvreté
C’est dans la même lignée que le Centre pour l’Environnement et le Développement du Cameroun (CEDCAM) intervient, en menant des actions de sensibilisation et de formation des populations locales. Au Cameroun, 62 % des ménages sont impliqués dans l’agriculture et 75 % à la fois vendent et consomment leurs produits.
En promouvant des pratiques agricoles durables et en protégeant les ressources forestières, le CEDCAM aide les communautés à devenir autosuffisantes et à lutter contre la pauvreté. Cette approche, qui lie écologie et développement social, est en parfaite adéquation avec les traditions et coutumes africaines qui reconnaissent traditionnellement un lien étroit entre l’individu et son environnement. En effet, le Cameroun, comme de nombreux pays d’Afrique centrale, se constitue de grandes communautés de populations indigènes qui vénèrent et chérissent les terres où ils vivent depuis des siècles.
Le combat écologiste en Afrique ne peut se limiter à la défense de la nature ; il englobe des luttes beaucoup plus larges pour l’égalité sociale et la justice économique. Le Cameroun, avec ses défis spécifiques, montre bien que la protection de l’environnement est une cause qui dépasse les frontières géographiques.
Pour une approche intersectionnelle du combat écologique
C’est pourquoi il doit être abordé de manière intersectionnelle pour être pleinement efficace. Le concept d’intersectionnalité défini par Kimberley Crenshaw est une clé de l’analyse pour comprendre comment les luttes écologiques se superposent avec d’autres formes de discriminations, comme celles liées au genre, à l’origine ethnique ou encore à la pauvreté.
Le Cameroun est un pays inégalitaire. Le PIB de la population au Cameroun équivaut à 12 % de la moyenne mondiale. Ce pays, riche en biodiversité, est confronté à des défis environnementaux et sociaux qui préconisent une approche basée sur la reconnaissance de la diversité pour être comprise dans sa globalité.
Le combat écologique est un catalyseur pour l’avancée de nombreuses formes de discriminations et d’inégalités. Réduit à la seule dimension de protection de l’environnement, la lutte écologique échappe, d’une part, à résoudre les causes qui ont amené la détérioration de la nature, et d’autre part, à prendre en compte l’ensemble des dimensions sociales de la réalité environnementale.