Canada : des peanuts pour le développement international

Du point de vue du développement international, le budget de 2019 est le budget fédéral le plus décevant depuis l’élection du gouvernement libéral actuel.

Les nouvelles sur l’aide étrangère canadienne sont limitées à deux phrases. Le seul contenu significatif est l’annonce de «700 millions de dollars supplémentaires». Cela semble impressionnant.

Mais attendez, pas si vite. Les fonds ne seront disponibles que d’ici 2023-2024, soit la dernière année du mandat du prochain gouvernement. Pourtant, c’est quelque chose, non?

Pas tellement. Creusez un peu plus et vous trouverez, enterrés dans les petits caractères d’un tableau à la page 210, que 600 millions de dollars des «700 millions de dollars» supplémentaires avaient déjà été budgétisés. Le texte du document budgétaire est délibérément trompeur: l’augmentation réelle n’est que de 100 millions de dollars.

Imaginez que vous demandiez une augmentation à votre employeur et que votre patron ne vous propose que 2% de plus, et ce dans un délai de quatre ans. Il serait difficile de ne pas s’offusquer des peanuts proposées.

Ces deux phrases présentent ces peanuts comme un moyen de «poursuivre les efforts du Canada en tant que leader mondial […] et de renforcer notre engagement à réduire la pauvreté dans le monde» et soutiennent que les fonds supplémentaires permettront de «poursuivre notre leadership sur la scène mondiale». Oui, on dit deux fois que le Canada est un chef de file mondial – une récompense que les gouvernements canadiens successifs aiment se donner – en deux phrases.

Cependant, à l’instar des budgets précédents, le refus d’engager de nouveaux fonds dans l’aide étrangère contredit les prétentions du leadership. Alors que l’Irlande est le dernier pays à se fixer un calendrier pour atteindre l’objectif des Nations Unies de consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’aide étrangère, le Canada se contente de laisser languir son budget d’aide à 0,26%. Le gouvernement de Justin Trudeau est le moins généreux envers les peuples pauvres des pays en développement depuis plus de 50 ans. Qu’est-il arrivé aux revendications du gouvernement libéral ? Avec sa politique d’assistance internationale « féministe »  annoncée en 2017, le Canada prétendait représenter «une voix prépondérante en matière d’assistance internationale progressive»? La nouvelle politique « féministe » a été lancée sans engagement de nouveaux financements, et ce budget échoue avec de nouvelles ressources significatives.

Le Canada se compare également très mal à ses pairs de l’OCDE. En 2017, il se classait 16 sur 29 États membres.  Mieux vaut dire encore et encore aux Canadiens que nous sommes des leaders et espérer que personne ne remarque la vérité.

 

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