Arnold August, extraits d’un texte paru dans Jacobin, août 2020
Malgré son apparence progressiste, le gouvernement de Justin Trudeau au Canada a soutenu des actions antidémocratiques en Bolivie, en Haïti, au Venezuela et ailleurs dans les Amériques. En matière de politique étrangère, Trudeau n’est pas très différent de Trump.
Le 6 décembre, les Vénézuéliens se rendront aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée nationale. Depuis les dernières élections de 2016, le président par intérim autoproclamé et chef de l’opposition Juan Guaidó a vu sa popularité nationale – et sa position parmi de nombreux pays étrangers – diminuer. En fait, au retour de Guaidó l’année dernière d’une tournée internationale – financée par les États-Unis – pour réclamer plus de sanctions et l’éviction de Nicolás Maduro, Guaidó a été hué hors de l’aéroport de Caracas. Telle était la colère des Vénézuéliens ordinaires contre un individu qui a récemment signé un contrat avec des mercenaires basés aux États-Unis pour renverser le gouvernement dans un étrange complot raté.
Alors que la position de Guaidó au Venezuela est actuellement au plus bas, le leader intérimaire autoproclamé a également vu une grande partie de son soutien international s’évaporer
Entretemps, Affaires mondiales Canada (AMC) appele à une «transition rapide et pacifique vers la démocratie» au Venezuela. À l’instar des chefs de l’opposition vénézuélienne, le président américain Donald Trump et le premier ministre canadien Justin Trudeau ne reconnaîtront pas les prochaines élections législatives. Ils ont plutôt exigé «un processus qui établira un gouvernement de transition largement acceptable qui administrera des élections présidentielles libres et équitables», qui ne sont pas encore dues, et qui exclurait nécessairement Maduro.
Cependant, il faut noter la diminution du nombre de pays alliés désormais «engagés dans le rétablissement de la démocratie au Venezuela». Ce qui était autrefois une longue liste de plus de cinquante nations n’en est plus que dix-neuf. Le Département d’État n’a même pas pu obtenir la signature de tous les membres du Groupe de Lima – l’organe multilatéral composé de quatorze pays, dont le Canada, qui se consacre à une «sortie pacifique de la crise actuelle au Venezuela».
Plus curieusement, les deux rivaux du Canada pour un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) en juin dernier, la Norvège et l’Irlande, n’apparaissent pas sur la liste des pays voués à «la fin de la dictature de Maduro». Cela semble justifier ceux qui avaient fait pression sur l’ONU et d’autres organisations internationales pour rejeter la campagne du Canada pour un siège du CSNU, citant le soutien du gouvernement Trudeau aux actions antidémocratiques au Venezuela, en Bolivie et en Haïti, pour ne citer que quelques exemples.
Plusieurs au Congrès américain ont admis l’échec de la politique vénézuélienne de l’administration Trump. «Notre politique au Venezuela depuis un an et demi a été un désastre absolu», a déclaré le sénateur Chris Murphy, un démocrate du Connecticut et membre du Comité sénatorial des relations étrangères des États-Unis. Selon Murphy, « nous avons pensé qu’amener Guaidó à se déclarer président suffirait à renverser le régime. Ensuite, nous avons pensé qu’une aide à la frontière suffirait. Ensuite, nous avons essayé de construire une sorte de coup d’État en avril de l’année dernière, et cela nous a explosé au visage lorsque tous les généraux qui étaient censés rompre avec Maduro ont décidé de rester avec lui à la fin … Je pense que c’est juste un prescription pour rester coincé dans une spirale descendante de la politique américaine ».