Canada : le champion des minières prédatrices

GERARD DI TROLIO, Jacobin, 21 n0vembre 2018

 

La bourse de Toronto (TS, la huitième plus importante bourse du monde, répertorie plus de sociétés pétrolières, gazières et minières que toute autre institution boursière. Plus de la moitié des sociétés minières du monde ont leur siège au Canada.

La société torontoise Barrick Gold est à la fois la plus grande société d’exploitation aurifère au monde et la plus abusive. En 2011, Human Rights Watch a publié un rapport affirmant que la sécurité de Barrick dans les mines de Papouasie-Nouvelle-Guinée avait commis des viols collectifs et d’autres agressions violentes. En 2015, l’entreprise a finalement indemnisé onze femmes pour les attaques. De nouvelles allégations de viol sont apparues plus tard cette année-là.

Selon le fondateur et président de Barrick, Peter Munk, « le viol collectif est une habitude culturelle. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire cela parce que c’est politiquement incorrect. C’est scandaleux. Nous devons prétendre que tout le monde est pareil et que les cultures ne comptent pas. Malheureusement, ce n’est pas comme ça ».

Barrick bafoue les droits des peuples autochtones en Amérique latine, profite des conditions de travail dangereuses du Pérou à la Russie et cause des dommages environnementaux importants. Le mois dernier, une enquête tanzanienne a révélé que la police avait tué soixante-cinq personnes et en avait blessé 270 autres dans les environs de la mine d’or Barrick’s North Mara.

Barrick n’est pas la seule pomme pourrie. La société basée à Vancouver, Nevsun Resources, a récemment été poursuivie pour avoir utilisé le travail forcé dans sa mine d’or en Érythrée. La dictature brutale qui a toléré cette pratique détient une participation de 40% dans la mine.

La collusion avec des régimes violents est une pratique courante de l’industrie. Par exemple, Tahoe Resources a bénéficié de la « pacification» par le gouvernement guatémaltèque de villages situés autour de sa mine Escobal. Bien entendu, le Canada n’a pas encore adopté de législation significative pour lutter contre les abus commis par ses sociétés minières et a donc été critiqué par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies.

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