Première du documentaire au Cinéma Beaubien. © Maryse Boyce

Sabine Bahi, correspondante en stage

Déforestations massives, déversements pétroliers, extractions des ressources naturelles… Ces conséquences que subissent tous les jours celles et ceux qui habitent la forêt amazonienne sont passées sous silence par les grandes entreprises forestières et minières qui les génèrent. Amazonie, à la rencontre des gardiens et des gardiennes de la forêt révèle la lutte quotidienne des populations autochtones pour contrer la perte totale de leur écosystème.

Le 6 septembre dernier avait lieu la première du nouveau documentaire de Santiago Bertolino sur les communautés autochtones d’Amazonie au Cinéma Beaubien, à Montréal. Une salle comble accueillait chaleureusement le réalisateur ainsi que Marie-Josée Béliveau, ethnogéographe, écologiste et protagoniste du film.

Mettre en lumière les stratégies de résistance de ces communautés qui vivent en symbiose avec l’écosystème amazonien : telle est la proposition ambitieuse, mais nécessaire, du documentaire présenté. Pas moins de 4000 kilomètres du fleuve Amazone ont été parcourus par Marie-Josée et Santiago, du Brésil à l’Équateur, pour rencontrer et donner la parole à ces groupes de gardien.nes trop souvent invisibilisées. La richesse et la profondeur des témoignages récoltés lors de ce périple démontrent sans l’ombre d’un doute la réussite du projet.

Une des expertises partagées est celle des Ka’apor, peuple autochtone habitant Alto Turiaçu, dans le nord-est du Brésil. Face à l’augmentation des intrusions visant l’exploitation des ressources qu’offrent leurs terres ancestrales, les Ka’apor en contrôlent activement l’accès et organisent des offensives directes envers les forestiers qui tentent d’y imposer leurs activités. Leurs outils et armes demeurent modestes, mais l’affrontement physique est souvent nécessaire dans un contexte où les entités qui s’opposent possèdent une emprise inégale sur le territoire. Le film rend compte de la dureté de la tâche de cette population qui protège la forêt amazonienne. Pour vouloir rendre justice à leur environnement, elle subit du harcèlement et des menaces de mort tous les jours.

COP 30 à Belém : un enjeu pour les peuples d’Amazonie

La sortie du documentaire a lieu environ un an avant la COP 30 sur les changements climatiques, qui se déroulera en novembre 2025 à Belém, au Brésil. Il s’agit non seulement de la première Conférence des Parties des Nations Unies à avoir lieu en Amazonie, mais également d’une opportunité manifeste d’écouter et d’appliquer les revendications de celles et ceux qui se battent sans répit pour protéger ce qui représente 80 % de la biodiversité à l’échelle planétaire.

Selon Marie-Josée Béliveau, lors de la séance de questions et réponses qui a suivi la projection, les communautés autochtones qu’elle a rencontrées ont déjà commencé à s’organiser entre elles pour se positionner et agir en vue de l’événement. Leur vision est claire : il n’est plus question, ni même possible, de tolérer une inaction internationale face à l’exploitation répétée des forêts ancestrales amazoniennes.

L’ethnogéographe a par ailleurs mentionné l’intérêt des gardien.nes de la forêt qu’elle a connu.es, afin de se rapprocher des Premières Nations au Canada. De nombreux parallèles peuvent certainement être faits entre leur lutte et celle des peuples autochtones de l’Amazonie, alors que les deux résistent avec corps et âme à un système basé sur l’extractivisme effréné.

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