Chili : solidarité avec les populations habitant les quartiers informels

La mobilisation des quartiers informels demande au président Boric d'utiliser son véto pour casser la loi. Le mouvement est mobilisé en permanence depuis le 31 août au Chili et ce jusqu'au retrait de la loi répressive à l'encontre des quartiers informels - crédit photo: 360 Noticias

Plusieurs centaines de milliers de personnes habitant des quartiers informels au Chili sont menacées de prison et d’expulsion sans jugement, suite à l’adoption d’une loi mercredi 30 août à la législature chilienne. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement de Gabriel Boric.

Communiqué de France Amérique latine

Une loi votée mardi soir par la Chambre des députés chilienne et confirmée par le Sénat mercredi 30 août prévoit :

  • Jusqu’à trois ans de prison pour l’occupation pacifique d’un terrain ou d’un bâtiment par des sans-logis.
  • Jusqu’à cinq ans de prison en cas d’occupation avec effraction

Cette loi criminalise les mouvements sociaux qui organisent les populations de quartiers informels. Elle autorise dans tous les cas l’expulsion par la police, sans passer par le juge.
Elle permet au propriétaire de se faire justice lui-même. C’est l’institution d’un délit permanent.

Le Gouvernement Boric — de gauche, mais minoritaire à la Chambre — a désormais trente jours pour annuler cette loi anti-occupation, par un «véto présidentiel total».

Une journée nationale de mobilisation est organisée au Chili ce jeudi prochain 7 septembre, par un vaste mouvement d’habitants des quartiers informels qui s’est unis contre «cette loi maudite». L’envahissement collectif de terrains par des familles sans logis est un moyen à la fois de se loger et de lutter contre la spéculation immobilière, fondé sur le besoin humain de se loger. C’est une pratique courante dans de nombreux pays dans le monde, particulièrement en Amérique latine.

Cette loi fait écho à la sinistre loi Kasbarian-Bergé ([en France : voir le reportage de l’atelier sur le logement à l’Université d’été des mouvements sociaux et de solidarité]) qui criminalise les personnes occupant des locaux vacants, permettant leur expulsion sans jugement. Cette loi en France criminalise aussi les locataires en difficulté et les salariés qui occupent des locaux de leur entreprise, comme si les sénateurs chiliens à l’origine de cette loi s’étaient inspirés du triste exemple français.