La Coordination des organisations de défense des droits humains de la région de La Araucanía exprime son jugement pour la condamnation des fonctionnaires des Carabineros responsables de l’assassinat de Camilo Catrillanca, étant la première fois qu’un tribunal pénal de première instance examine les faits où un jeune Mapuche fut assassiné par des agents de l’État. Malgré cela, nous exprimons notre désaccord envers la classification des crimes et les faibles peines infligées. Notamment en ce qui concerne les fonctionnaires qui faisaient partie du groupe de policiers impliqués dans des tentatives pour dissimuler les circonstances dans lesquelles l’assassinat de Camilio Catrillanca s’est produit, qui ont été considérés uniquement coupables du crime d’entrave à l’enquête, malgré le fait que le ministère public, l’Institut National des Droits Humains (INDH) et les autres acteurs qui ont présenté des plaintes aient demandé la condamnation pour divers crimes tels que la falsification d’instruments publics, la dissimulation des crimes d’homicide et de torture, entre autres.
Nous considérons que les procédures policières menées le jeudi 7 janvier dans plusieurs Lof du territoire de Malleco, notamment dans les communautés: Temucuicui, Huañaco Millao Chacaico, Pancho Curamil, Butaco, Sector de Pidima et dans différentes habitations de la ville d’Ercilla, qui selon les propos du procureur régional « coïncidaient par hasard » avec la lecture du verdict de condamnation des Carabineros responsables de l’assassinat de Camilo Catrillanca, sont des décisions totalement inutiles et disproportionnées au regard de sa temporalité et des forces de police employées (environ 800 policiers de Carabineros et du PDI). Les événements ont malheureusement entraîné la mort de l’inspecteur du PDI Luis Morales Balcazar dans des circonstances étranges. Nous regrettons sa mort et nous espérons que l’incident fera l’objet d’une enquête impartiale et sera conforme à la procédure régulière qui, pour garantir l’impartialité de l’enquête, devrait être menée par des fonctionnaires du ministère public d’une autre région.
Nous condamnons le fait qu’une fois de plus la police agisse avec un usage excessif de la violence, affectant principalement les filles, les garçons, les adolescent.e.s, les femmes et les personnes âgées vivant dans les communautés Mapuche du secteur, et même les parents directs de Camilo Catrillanca, mère, conjointe et fille de 7 ans, des événements indescriptibles en raison de leur gravité et de la revictimisation qu’ils provoquent chez ceux et celles qui ont déjà subi la perte d’un être cher aux mains d’agents de l’État. Ainsi, nous espérons également que ces actes de violence policière feront l’objet d’enquêtes et de sanctions par les autorités correspondantes.
En tant que Coordination des organisations de défense des droits humains de la région de La Araucanía, nous réitérons notre appel urgent pour que le dialogue prévale au Chili et dans notre région, en particulier, pour avancer vers la reconnaissance de la dette de l’État envers le peuple mapuche, né avec l’invasion violente de son territoire et qui s’est maintenue au cours des siècles derniers par l’exclusion politique, économique et sociale, la criminalisation de la protestation sociale et le recours excessif à la force.
Nous sommes convaincu.e.s que la perte de plus de vies n’est pas nécessaire pour que nous en prenions conscience.