Michelle Bachelet, deux fois présidente du Chili (2006-2010 et 2014-2018) et ancienne chef de l’ONU Femmes (2010-2013), a été élue à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies en tant que nouveau Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Le rôle du HCDH est de promouvoir et de protéger les droits de l’homme garantis par le droit international et énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Le Bureau du HCDH a été créé par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 décembre 1993. Il réalise des activités de défense des droits dans l’ensemble du système des Nations Unies.
Bachelet arrive au HCDH en période de crise. L’ancien commissaire Zeid Ra’ad Al Hussein quitte après avoir déclaré que sa voix était réduite au silence à une époque où, disait-il, « les États-Unis et les autres puissances mondiales se retirent de leur engagement historique en faveur des droits humains ». En fait, les États-Unis ont accusé le Conseil d’un « parti pris chronique anti-israélien ».
La nouvelle commissaire, Michelle Bachelet, est une ancienne prisonnière politique sous la dictature de Pinochet, et victime de torture. Elle est aussi la fille d’un général de l’armée de l’air chilienne qui a refusé de se joindre au coup d’État contre Salvador Allende en 1973 et qui est mort en prison après d’être torturé par ses anciens collègues de l’armée.
En tant que ministre, puis à deux reprises à la présidence du Chili, Bachelet a brisé le plafond de verre en Amérique latine, une région où l’oppression patriarcale est encore très présente malgré les progrès récents. Entre ses deux mandats de présidente, Bachelet a été la première dirigeante de la nouvelle entité « ONU Femmes ».
Michelle Bachelet a avancé des réformes sociales et économiques progressistes au Chili, en particulier pendant son deuxième mandat. Le Chili est l’un des pays les plus développés du Sud, mais souffre d’inégalités qui n’ont pas été réduites depuis la fin de la dictature. Les résultats de ces réformes sont encore à déterminer, en particulier après récente l’élection du président de centre-droit Sebastián Piñera.
En matière de droits de la personne, le bilan de Bachelet au Chili est mitigé. Lors de son premier mandat, elle a mis en place le premier Institut des droits de la personne, ainsi que le musée de la mémoire et des droits de la personne, qui répondaient aux revendications des organismes chiliens de défense des droits.
Cependant, les violations des droits de la personne se sont poursuivies contre les Premières nations chiliennes, en particulier le peuple mapuche, dans le sud du pays. Pendant ses gouvernements, la répression policière a continué, grâce a une loi dite « antiterroriste » datant de la dictature. Par ailleurs, les problèmes structurels liés à la propriété de la terre et à la souveraineté des Premières Nations n’ont pas progressé pendant les mandats de Bachelet.
En ce qui concerne les criminels de l’ère Pinochet, Bachelet a terminé son dernier mandat en étant critiquée parce qu’elle n’a pas fermé une prison spéciale pour les anciens militaires avant de partir. Pour le mouvement des droits humains, l’existence de prisons spéciales dotées de privilèges fait partie d’une culture d’impunité qui devrait prendre fin.