Alors que le décompte se poursuit dans plusieurs Etats cruciaux, le président sortant assure avoir remporté le scrutin, dénonce des fraudes et annonce son intention de saisir la Cour suprême. Une attaque sans précédent et inflammable.
C’était le scénario du pire redouté par les démocrates, les observateurs et, disons-le franchement, tous ceux attachés à la démocratie américaine, aussi abîmée soit-elle. Il s’est donc matérialisé peu après 2h20 du matin à Washington (08h20 à Paris), quand Donald Trump, dans une courte et sidérante allocution, a revendiqué la victoire à la présidentielle de mardi, alors que le décompte se poursuit dans plusieurs Etats. Dénonçant une «fraude» des démocrates et une «honte pour le pays», le président américain a annoncé son intention de saisir la Cour suprême, sans préciser sur quel motif.
Donald Trump finira peut-être par gagner, légitimement, le droit à un second mandat. Mais à ce stade, ni lui ni son rival démocrate Joe Biden n’obtiennent les 270 grands électeurs nécessaires. Victorieux en Floride, au Texas, et dans la quasi-totalité des Etats traditionnellement républicains, Trump en compte pour l’heure 213. L’ancien vice-président de Barack Obama, qui est parvenu à renverser un État gagné par Trump en 2016, l’Arizona, en compte 235.
«Nous étions en train de tout gagner»
«On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l’élection. Jamais nous ne les laisserons pas faire», a pourtant déclaré Donald Trump, assurant avoir «gagné l’élection» et déclenchant les applaudissements de ses proches et la stupéfaction de dizaines de millions d’Américains. «Des millions et des millions de gens ont voté pour eux. Nous étions prêts pour une grande célébration. Nous étions en train de tout gagner. Et soudain, ça a été annulé», a ajouté le président dans une déclaration confuse et inédite dans l’histoire moderne des Etats-Unis.
Cette attaque contre deux fondements de la démocratie américaine – le droit de vote des citoyens et le respect de la transmission pacifique du pouvoir – ébranle un peu plus un pays qui abordait cette élection dans un état de polarisation politique sans précédent. Elle attise aussi les craintes : comment les partisans de Donald Trump, ou ses opposants les plus féroces, vont réagir à ces propos, alors que le décompte dans certains Etats indécis – principalement la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin – se poursuit ?
Aussi ahurissant soit-il, ce scénario catastrophe est pourtant loin d’être une surprise, tant l’ancien magnat de l’immobilier, allergique à la défaite plus qu’à toute autre chose, avait préparé le terrain – et les esprits – à cette déclaration de victoire prématurée. Dès qu’il est devenu évident, à la fin du printemps, que pour cause d’épidémie de Covid-19, le recours au vote par courrier serait bien plus massif que d’ordinaire, Trump a attaqué la légitimité et la fiabilité de ce mode de scrutin, répétant à l’envi que des millions de bulletins frauduleux risquaient de lui coûter la victoire.
Pas de vague bleue
Selon les chiffres de l’US Elections Project, au moins 65 millions de citoyens américains ont voté cette année par correspondance. Ces bulletins ont été envoyés par courrier ou déposé dans des boîtes sécurisées prévues à cet effet. Leur dépouillement est beaucoup plus chronophage que le vote en personne, fait le plus souvent sur des machines. Et dans certains Etats, dont les swing states de Pennsylvanie et du Michigan, la loi interdisait de commencer le décompte de ces bulletins avant le jour de l’élection. Il était donc évident que la totalité ne pourrait pas être comptée au soir du scrutin. Et c’est exactement ce qu’il s’est produit.
Pour éviter une longue attente et une bataille judiciaire incertaine, le camp démocrate espérait une vague bleue, qui aurait permis à Joe Biden de remporter une victoire rapide, en faisant basculer certains bastions républicains. Cela ne s’est pas produit, à l’exception de sa victoire dans l’Arizona. En conservant facilement la Floride, où les sondages donnaient les deux hommes au coude-à-coude, Donald Trump peut continuer à espérer décrocher un second mandat. Il devra pour cela conserver l’essentiel des autres Etats clés qui avaient contribué à sa victoire surprise en 2016, notamment dans la Rust Belt.
S’exprimant avant Donald Trump, depuis son fief du Delaware, le candidat démocrate s’est dit «en bonne voie» pour remporter l’élection. «Nous savions que cela prendrait du temps […]. Gardez la foi, nous allons gagner. Votre patience est formidable», a-t-il lancé à ses partisans. Anticipant le coup de tonnerre venu de la Maison Blanche, Joe Biden avait ensuite ajouté sur Twitter : «Ce n’est pas à moi ou à Donald Trump de déclarer le vainqueur de cette élection, mais aux électeurs.»
Ronald Cameron. article publié dans le bulletin d'ATTAC-Québec. L'Aiguillon
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