États-Unis : le nouvelle menace nucléaire

Conn Hallinan, Foreign Policy in Focys, 9 novembre 2018.

La décision de l’administration Trump de se retirer de l’accord nucléaire intermédiaire (INF) mis en place en 1987 semble faire partie d’une stratégie plus large visant à mettre fin à 50 ans d’accords de contrôle et de limitation des armes nucléaires, pour revenir à une époque caractérisée par le développement incontrôlé des armes de développement de destruction massive.

La résiliation du traité – qui interdit les missiles balistiques de croisière et les missiles balistiques d’une portée de 300 à 3 500 milles – ne constitue pas en soi un coup fatal au réseau de traités et d’accords datant du traité de 1963. Mais elle s’inscrit dans d’autres actions, telle la décision de George W. Bush de se retirer du Traité antimissile balistique (ABM) en 2002 et le programme de l’administration Obama visant à moderniser l’infrastructure nucléaire. Au bout de la ligne, la mosaïque d’accords qui a, au moins en partie, limité ces créations terrifiantes, semble de plus en plus effiloché.

Jeter des contraintes

Washington s’explique par le fait que les Russes ont déployé le missile de croisière 9M729, qui, selon les États-Unis, violerait l’accord. La Russie s’en défend, alléguant que le système américain ABM – Aegis Ashore – déployé en Roumanie et prévu pour la Pologne, pourrait être utilisé pour lancer des missiles similaires à moyenne portée.

S’il s’agissait d’un désaccord sur la capacité des armes, les inspections régleraient le problème. Mais la Maison Blanche, en particulier le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, est moins préoccupé par les inspections que par le retrait des États-Unis d’accords qui restreignent de quelque manière que ce soit l’utilisation du pouvoir américain, qu’il soit militaire ou économique.

Parallèlement, Trump a abandonné l’accord nucléaire iranien, non pas parce que l’Iran est en train de construire des armes nucléaires ou d’en violer l’accord, mais parce que le gouvernement veut utiliser des sanctions économiques pour renverser le régime à Téhéran.

Le traité de 1987 interdisait uniquement les missiles terrestres de moyenne portée, et non ceux lancés par mer ou par air, où les Américains détiennent un avantage considérable, et ne couvrait que les États-Unis et la Russie. D’autres pays dotés de l’arme nucléaire – notamment la Chine, l’Inde, la Corée du Nord, Israël et le Pakistan – ont déployé un certain nombre de missiles à moyenne portée. L’un des arguments avancés par Bolton en faveur de la sortie de l’INF est qu’il permettrait aux États-Unis de contrer les missiles chinois à moyenne portée.

Mais si le problème était de contrôler les missiles à portée intermédiaire, la solution évidente consisterait à étendre le traité à d’autres pays et à inclure les armes lancées par des moyens aériens et maritimes. Cela serait quand même un défi. La Chine possède de nombreux missiles à portée intermédiaire, et la plupart de ses adversaires potentiels, comme le Japon ou les bases américaines en Asie, se trouvent à portée de ces missiles. La même chose vaut pour le Pakistan, l’Inde et Israël.

Les armes à portée intermédiaire – parfois appelées missiles de «théâtre» – ne menacent pas le continent américain de la même manière que des missiles américains similaires menacent la Chine et la Russie. Beijing et Moscou peuvent être détruites par des missiles intercontinentaux à longue portée, mais également par des missiles de théâtre lancés à partir de navires ou d’avions. L’une des raisons pour lesquelles les Européens sont si opposés au retrait de l’INF est que, lors de la guerre nucléaire, les missiles à moyenne portée sur leur sol en feront une cible.

Mais les violations supposées du traité ne sont pas la raison pour laquelle Bolton et son entourage s’opposent à l’accord. Bolton a appelé à se retirer du traité INF trois ans avant que l’administration Obama n’accuse les Russes de fraude.

En effet, Bolton s’est opposé à tout effort visant à limiter les armes nucléaires et a déjà annoncé que l’administration Trump n’allait pas prolonger le Traité de réduction des armes stratégiques (START) à son expiration en 2021. START limite à 1550 le nombre d’armes nucléaires déployées par les États-Unis et la Russie.

La fin de l’accord INF permettra au monde de se rapprocher de la guerre nucléaire. Étant donné que les missiles à moyenne portée réduisent le délai d’alerte en cas d’attaque nucléaire de 30 à 10 minutes ou moins, les militaires garderont le doigt sur la gachette.

L’année dernière, la Russie et l’OTAN ont organisé de très grands exercices militaires à leurs frontières respectives. Des avions de combat russes, américains et chinois jouent régulièrement à ces jeux militaires. Que se passe-t-il lorsqu’un de ces « jeux » se passe mal?

Ce ne sera qu’une question de temps pour qu’un pays interprète incorrectement une image radar et passe à DEFCON 1 – guerre nucléaire imminente.

 

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