Andrew Cockburn, extrait d’un article paru Dispatch, 16 juin 2016
Les États-Unis planifient actuellement la construction d’un nouveau parc de sous-marins nucléaires chargés de missiles nucléaires intercontinentaux, tout en créant simultanément un nouveau missile intercontinental terrestre, un nouveau bombardier nucléaire stratégique, un nouveau avion de chasse nucléaire tactique basé en mer, un nouveau missile de croisière nucléaire à longue portée, au moins trois têtes nucléaires essentiellement de conception nouvelle, et de nouveaux fusibles pour les ogives existantes. En outre, de nouveaux systèmes de commandement et de contrôle nucléaires sont en cours de développement pour une flotte de satellites (coûtant jusqu’à un milliard de dollars chacun) conçus pour rendre plus pratique et plus facile la gestion d’une guerre nucléaire.
Le coût ultime de ce nouvel arsenal nucléaire dans son ensemble est impossible à connaître. La seule estimation officielle dont nous disposons à ce jour provient du Bureau du budget du Congrès, qui prévoyait un total de 350 milliards de dollars l’année dernière. Ce chiffre, cependant, ne porte le programme de «modernisation» qu’en 2024 – c’est-à-dire que la plupart des nouveaux systèmes passent du développement à la production réelle et que les factures réelles pour tout cela commencent à se faire entendre. Cette année, par exemple, la marine consacre un milliard et demi de dollars en fonds de recherche et développement à son nouveau sous-marin de missile, connu uniquement sous le nom de SSBN (X). Entre 2025 et 2035, toutefois, les coûts annuels de ce programme devraient atteindre 10 milliards de dollars par an. Une escalade similaire est prévue pour les autres articles de l’impressionnante liste d’achats nucléaires de l’armée.
En sommant assidûment ces projections, les experts du Centre de Monterey pour les études sur la non-prolifération fixent le prix total du programme à un billion de dollars. En réalité, cependant, le vrai projet de loi des prochaines décennies en sera presque toujours un multiple. Par exemple, l’armée de l’air a affirmé que ses nouveaux bombardiers stratégiques B-21 coûteraient chacun plus de 564 millions de dollars (en dollars de 2010), tout en refusant résolument de publier ses estimations internes secrètes concernant le coût ultime du programme.
Pour offrir un point de comparaison, l’avion d’attaque interarmées F-35, le bombardier nucléaire tactique mentionné précédemment, avait à l’origine été présenté comme ne coûtant pas plus de 35 millions de dollars par avion. En fait, il entrera effectivement en service avec un prix de vente bien supérieur à 200 millions de dollars.