Julia Conley, Common Dreams, dimanche 4 août, dans la matinée, traduction A l’Encontre)
En 13 heures dans deux villes américaines – El Paso (Texas) et Dayton (Ohio) – au moins 29 personnes ont été tuées dans des fusillades à grande échelle, samedi 3 et dimanche 4 août. Il s’agit de la 251e fusillade de masse depuis le début de 2019.
La police de Dayton, dans l’Ohio, recueillait des informations dimanche matin sur une fusillade qui a eu lieu dans le quartier du centre-ville de l’Oregon, vers une heure du matin. Neuf personnes ont été tuées par un homme armé qui a utilisé ce qu’un témoin oculaire a décrit comme un fusil d’assaut et portait un gilet pare-balles. Au moins 16 personnes ont été blessées.
A Washington (D.C.), quelques heures à peine avant la fusillade de Dayton, des centaines de manifestants représentant l’association nationale de contrôle des armes à feu Moms Demand Action [Les Mères exigent une action] ont marché de la Maison-Blanche au Capitole pour exiger des mesures législatives après la fusillade de samedi matin dans un Walmart à El Paso, Texas.
Dimanche, les enquêteurs ont examiné un «manifeste» anti-immigration publié en ligne par un jeune homme de 21 ans qui a ouvert le feu à El Paso en fin de matinée samedi, tuant au moins 20 personnes et en blessant 26.
«Si les informations sont vraies, cette attaque insensée ne peut être dissociée de l’escalade politique de la haine et de la peur» (de Trump, entre autres), a déclaré Ernest Coverson, directeur de la campagne de contrôle des armes à feu d’Amnesty International Etats-Unis. «C’est tout simplement inacceptable. Chacun a le droit de vivre en sécurité, qu’il aille au centre commercial ou qu’il marche dans la rue dans son quartier.»
Le tireur a tiré plusieurs rafales avec un fusil d’assaut de type AK-47, marchant dans le magasin et tirant sur les acheteurs, une allée après l’autre.
Selon le New York Times, le manifeste a été publié sur le forum en ligne 8chan moins de 20 minutes avant le premier appel au 911 concernant la fusillade. Le forum était le même que celui sur lequel l’homme armé lors de la tuerie de mars à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, a affiché sa propre déclaration sur son intention de tuer des musulmans et des immigrants, peu avant qu’il ne tue 51 personnes dans deux mosquées.
Le tireur d’El Paso a exprimé son soutien au tireur de Christchurch et aurait déclaré que son propre objectif était d’arrêter l’«invasion hispanique du Texas» avec la fusillade dans la ville frontalière, essentiellement latino.
L’homme vivait à l’extérieur de Dallas et a fait le voyage de neuf heures parce qu’il croyait que «la forte population hispanique du Texas fera de nous un bastion démocrate», selon le communiqué. Il a exprimé son soutien à la théorie suprémaciste blanche du «grand remplacement», selon laquelle les prétendues «élites» tentent de remplacer les Européens blancs par des immigrants du Moyen-Orient et de l’Afrique.
Veronica Escobar (démocrate du Texas), qui représente El Paso, a affirmé dans une déclaration: «Il s’agit de haine.» «Le récit du manifeste est alimenté par la haine, le racisme, le sectarisme et la division.»
Sur les médias sociaux, nombreux sont ceux qui ont rejeté avec véhémence les «réflexions et les prières» des politiciens qui acceptent des milliers de dollars en dons pour leurs campagnes électorales de la NRA (National Rifle Association) et refusent de se battre pour des réformes largement populaires du contrôle des armes à feu. Certains critiques ont dirigé leur colère contre une autre opinion immuable après de telles tueries, exprimée par le gouverneur du Texas, Greg Abbott, des heures après le tir à El Paso: «Une meilleure santé mentale est la réponse à l’épidémie de violence armée des Etats-Unis.»
Les causes de la fusillade à El Paso, ont été, selon beaucoup, l’accès facile du tireur aux armes à feu et la croissance des points de vue suprémacistes blancs auxquels il aurait souscrit, ainsi que le soutien du président Donald Trump et d’autres élus à de telles opinions.
Pour exemple, Shannon Watts, sur les réseaux sociaux, écrit: «Conneries: Le tireur d’El Paso a conduit NEUF HEURES jusqu’à la frontière du Texas pour tuer des gens de couleur («brown people»). Le suprémacisme blanc n’est pas une maladie mentale. C’est une idéologie encouragée par le président et un trop grand nombre de nos dirigeants, et elle est devenue mortelle aux Etats-Unis grâce à un accès facile aux armes et aux munitions.»
Eugene Gu., quant à lui, écrit: «L’inégalité massive des revenus crée toute cette génération d’hommes blancs mécontents qui font des immigrants et des minorités de boucs émissaires pour tous leurs problèmes et qui se lancent ensuite dans ces massacres brutaux grâce à un accès facile aux armes d’assaut. Tout cela est antérieur à Trump, mais il ne fait qu’empirer les choses.»