Le Congrès des États-Unis a adopté le plan de soutien (ARP) de 1 900 milliards de dollars du président Joseph Biden, destiné à s’attaquer au double problème de la pandémie de coronavirus et de la crise économique.
Non seulement c’est la plus grande mesure de soutien de ce type de l’histoire du pays, mais certains des programmes du projet de loi pourraient sortir des millions de personnes de la pauvreté. Le projet de loi a été adopté par les deux chambres du Congrès mais tous les élus républicains ont voté contre, même si, selon les sondages, 70 % des ÉtatsunienEs soutiennent le plan, dont 45 % des républicains. Aujourd’hui, à travers tout le spectre politique, les gens se demandent : est-ce la fin de l’austérité néolibérale ? Est-ce le début d’une nouvelle ère de réforme américaine ? Cela représente-t-il le début d’un véritable État-providence social-démocrate pour l’Amérique ?
L’ARP prévoit des milliards pour faire face à la pandémie, soulager les chômeurEs et les travailleurEs, aider les États et les gouvernements locaux et soutenir diverses activités, des restaurants aux compagnies aériennes. Il est prévu des fonds pour la garde d’enfants, l’éducation, un élargissement des possibilités d’accès abordable aux soins de santé, y compris la santé mentale, un développement des programmes alimentaires, un soutien au logement et une aide pour les sans-abri, ainsi qu’une aide aux transports en commun. Si la fonction première du programme est de réduire les effets de la crise, beaucoup de gens pensent qu’il mènera à des programmes permanents qui représenteraient la troisième grande réforme sociale du pays au cours des 100 dernières années.
Dans les pas de Roosevelt et Johnson ?
La première ère moderne de réforme sociale aux États-Unis a eu lieu dans les années 1930, lorsque le président Roosevelt a mis en œuvre la législation sur le New Deal. Au plus profond de la Grande Dépression, alors que le chômage atteignait 25 %, des programmes d’emplois pour des millions de personnes ont été créés. Plus importantes encore, la loi nationale sur les relations de travail (NLRA), qui pour la première fois, a donné aux travailleurEs le droit de s’organiser en syndicats, d’accéder à des conventions collectives, de participer à des mouvements de grève, et la loi sur la sécurité sociale qui a créé des allocations gouvernementales pour les retraitéEs et les familles. Ces deux réformes ont représenté la forme étatsunienne de l’État-providence, une version moins complète que celle que l’Europe créerait plus tard. Le New Deal a établi la norme pour une réforme structurelle significative en Amérique.
Trente ans plus tard, dans les années 1960, l’administration démocrate de Lyndon B. Johnson a mis en place les réformes de la « Grande Société ». Johnson a poussé le Congrès à adopter les lois sur les droits civils et le droit de vote, qui ont mis fin à la privation de droits des Afro-américains dite Jim Crow et à la ségrégation dans le Sud. Il a également mis en place trois dispositifs importants : Medicare, l’assurance maladie nationale pour les personnes de plus de 65 ans ; Medicaid, l’assistance sanitaire pour les personnes à faibles revenus et le programme de bons alimentaires d’assistance à l’alimentation. Dans le cadre de la « guerre contre la pauvreté », Johnson a également créé un système de gestion de programmes d’aides à l’emploi, à l’éducation et aux programmes communautaires. Le républicain Ronald Reagan a démantelé une grande partie des programmes de la « Grande Société » dans les années 1980 et le néolibéralisme et l’austérité ont suivi (notamment sous la présidence du Démocrate Clinton).
Pas de réformes structurelles
Aujourd’hui, les Démocrates affirment que l’ARP de Biden continue le travail de Roosevelt et Johnson et qu’il transformera l’Amérique. Pourtant, si ces mesures sont indispensables, aucune ne commence à transformer les structures fondamentales du capitalisme américain, un système qui génère une économie et une société parmi les plus inégalitaires au monde. Les programmes ARP sont loin d’être à la hauteur de tout État-providence social-démocrate. Nous n’avons toujours pas de système de santé national, nous avons relativement peu de logements sociaux et un système d’éducation public défaillant. L’ARP de Biden suggère cependant que face aux multiples crises de notre société, l’austérité néolibérale est quelque peu atténuée.
Avec l’ARP, Biden a peut-être unifié des Démocrates et des Républicains ainsi que de nombreux travailleurs pour soutenir l’action gouvernementale, mais passivement en l’absence d’un mouvement ouvrier actif. Ce programme n’inclut aucun contrôle du capital, ni de réglementation, ni de socialisation. Les réformes de Biden sont bien loin de la société socialiste démocratique dont nous avons besoin pour résoudre nos problèmes, et qui ne pourrait être construite que par un mouvement ouvrier mobilisé qui entreprendrait de socialiser la finance et l’industrie.
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