Mario Gil Guzman. correspondant au journal et délégué du Réseau international d’innovation sociale et écologique (RISE)

Le premier véritable Forum social mondial sur les économies transformatrices (FSMET) aura lieu sur deux jours à compter du 20 octobre en Colombie à Cali, avant et pendant la COP 16 de l’ONU. Celle-ci se tiendra du 21 octobre au 8 novembre. Le FSMET sera uivi d’une rencontre pour l’économie pour la vie.

Rappelons que la première tentative de FSMET a eu lieu à Barcelone en 2020, mais fut interrompue par la pandémie. Comme le soulignait déjà en 2020 le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS), le FSMET «doit permettre de rapprocher les mouvements sociaux et les initiatives socio-économiques partageant la volonté de placer les personnes et l’environnement au cœur de l’économie. »

Y participeront aux différents événements en provenance du Québec, on retrouve une vingtaine de jeunes, dont une dizaine soutenu.es par Lojiq, des délégations d’organismes sociaux, dont l’AQOCI, RISE en plus des groupes écologistes, ainsi que deux profs et cinq étudiant.es du cégep du Vieux Montréal. Avec des personnes correspondantes, le Journal des Alternatives rendra compte des activités et initiatives de ces rendez-vous internationaux.

Un FSM thématique

Inspiré par le Forum social mondial (FSM) et sa Charte de principes, le FSMET de Cali est un processus thématique de rencontres de réseaux impliqués dans les économies transformatrices. La démarche vise à permettre la réflexion, le débat démocratique sur les idées, les sentis-pensées, l’élaboration de propositions, la promotion d’un libre-échange d’expériences et l’articulation d’actions efficaces de transformation. Il cherche à établir des ponts épistémologiques basés sur la confiance et l’amour et orientés vers la construction d’un monde possible et la cocréation d’opportunités pour le Buen vivir, bonne vivre.

En 2020, à Barcelone, s’est tenue une tentative de première édition du FSMET qui n’a pas été en mesure de se réaliser complètement, étant donné la crise de la COVID-19 qui s’est mise en place. Par contre, ce n’est pas la première fois que les organisations et mouvements que luttent pour une autre économie se sont rencontrés. Durant les Forums sociaux mondiaux, il a toujours existé et il existe encore un espace au sein du rendez-vous pour des échanges sur les enjeux à ce propos. Depuis 2020, et même avant, cette famille a compris l’importance de faire des rencontres pour valoriser les échanges sur les apprentissages et les expériences.

Le FSMET est un « grand temps fort international (qui) constitue ainsi une démarche pour construire et renforcer les alliances et actions stratégiques sur la base du travail partagé” ».(RIPES 2020).

Une autre économie est possible

La société d’aujourd’hui, ses modes de consommation, de production et de distribution mettent en risque la survie de la planète. Ceux qui en bénéficient sont surtout les ultrariches, de plus en plus odieusement riches et autoritaires. Nous vivons un temps de guerre pour les matières premières ou pour le contrôle territorial comme le génocide à Gaza, vu et souffert en direct sans qu’on ne puisse rien faire, sauf pour sortir dans la rue et démontrer notre indignation. Autrement en Occident, nous sommes gouvernées par de complices de la barbarie.

Notre façon de consommer est impersonnelle. Autrefois, nous étions ami.es de personnes qui nous fournissaient un service ou des produits. Aujourd’hui, nous sommes devant une vie distante les unes des autres. Nous ne sommes plus l’environnement, la biodiversité, etc. L’individu est devenu une réalité telle, qu» elle nous isole et nous empêche de penser collectivement.

Des alternatives pour la vie

De là, l’importance de rencontrer des expériences des autres économies, qui n’est pas seulement une façon différente d’acquérir des produits, mais de construire d’autres relations entre les humains, la nature et la vie. Les économies transformatrices proposent des alternatives pour que la vie des êtres de la planète soit au centre de l’objectif économique.

Ces économies s’efforcent de produire des richesses pour le bien-être collectif. Elles découragent l’accumulation individuelle, stimulent l’épargne, favorisent la consommation responsable et veillent à ce que l’alimentation soit au service de la santé et de la conservation des écosystèmes.

Le projet de FSMET 2024 de Cali se veut aussi une expérience alternative au plan méthodologique. Ce forum cherche à se construire comme un mouvement social et un espace d’actions collectives. Les protagonistes sont des organisations, des initiatives, des mouvements et des façons d’aborder et de développer les autres économies : communautaire et populaire, de solidarité sociale, féministe, de bien commun, paysanne, indigène, afrodescendante, etc.

Avec plus de 100 organisations à la tête de cette plateforme mondiale, le FSMET est un rendez-vous pour renforcer la place de ces autres économies dans la nécessaire transformation sociale.

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