Alterpresse, 7 février 2020
Le 7 février 1986, la révolte populaire mit fin à 29 ans d’un règne despotique, sans partage et dans l’oppression de toutes les libertés publiques, en Haïti, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Depuis 1986, les forces réactionnaires ont toujours bloqué la mise en place des institutions démocratiques, en utilisant d’autres formes de fascisme, par des impostures et des parodies d’élections.
Déjà, en 1987, seulement une année après la fuite de Jean-Claude Duvalier et de ses acolytes, après la débandade des macoutes, le Conseil national de gouvernement (Cng), alors dirigé par le lieutenant-général Henry Namphy, a empêché toute expression de manifestation de souvenir du 7 février 1986.
Le samedi 7 février 1987 était un jour sombre en Haïti…
Par la suite, mis à part la brève parenthèse de 1991, les gouvernements, qui se sont succédé au pouvoir, particulièrement les gouvernements tèt kale, ont toujours essayé de banaliser, voire d’effacer la dte historique du 7 février 1986 dans les mémoires.
Espoirs bafoués, avec le retour aux pratiques traditionnelles pendant 34 ans
Après la période d’oppression des 29 ans de dictature des Duvalier, la république d’Haïti, en plus d’une véritable aggravation de la situation socio-économique, fait face, depuis 34 ans, à de graves moments dans son histoire démocratique, selon les témoignages du directeur exécutif du Réseau national des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance, et du fondateur du Rassemblement social-démocrate pour le progrès d’Haïti, le professeur Victor Benoît, interrogés par l’agence en ligne AlterPresse.
Les Haïtiennes et Haïtiens ont fait beaucoup d’efforts pour conserver certains acquis après la dictature. Mais, en même temps, le pays n’est pas parvenu à mettre debout un état de droit, constate le Rnddh.
« Nos institutions sont vassalisées, instrumentalisées. Nous sommes encore dans l’injustice sociale. L’impunité s’est institutionnalisée, dans le pays, avec des dirigeants qui détruisent les institutions ».
Toutefois, le Réseau national de défense des droits humains reste convaincu qu’Haïti ne peut plus reculer et que, tôt ou tard, elle prendra le chemin de l’état de droit.
« On a signé des conventions, des traités, qui exigent que l’on prenne le chemin de l’état de droit. Les Haïtiennes et Haïtiens doivent se battre pour changer le type d’Etat actuel ».
Même si certaines améliorations ont été effectuées, en ce qui a trait aux droits civils et politiques, durant ces 34 années post-dictatoriales, les mêmes pratiques traditionnelles, consistant à utiliser le pouvoir pour s’enrichir, persistent, de l’avis de Victor Benoit.
Les différents dirigeants, qu’Haïti a connus, après le régime des Duvalier, sont responsables du gouffre, dans lequel le pays se trouve actuellement, ajoute-t-il.
« Ceux qui ont dirigé le pays, durant ces 34 dernières années, ne sont pas à la hauteur du moment historique, ni à la hauteur de ce que le peuple demande ».
Manifestation, le 7 février 2020, contre l’impunité et l’insécurité
A l’occasion du 7 février 2020, plusieurs dizaines de personnes ont organisé, à Port-au-Prince, une nouvelle manifestation antigouvernementale, pour exiger, de nouveau, la démission de Jovenel Moïse de la présidence politique.
Ce vendredi 7 février 2020, les manifestantes et manifestants ont également élevé leurs voix contre contre l’impunité et contre la criminalité.
Cette mobilisation se poursuivra le dimanche 9 février 2020, a annoncé le professeur Josué Mérilien, coordonnateur de l’Union nationale des normaliennes et normaliens d’Haiti (Unnoh), également membre du regroupement Konbit òganizasyon politik, sendika ak popilè, initiateur de la manifestation.
Le départ sans condition de Jovenel Moïse et l’arrestation des personnes impliquées dans la dilapidation des fonds PetroCaribe sont les deux principales revendications de la population, souligne Mérilien. [dj emb rc apr 07/02/2020 16:30]