Par Frantz Duval, Le Nouvelliste Haiti, publié le 11 mai 2020
Les 12 provinces de la République dominicaine et les 10 départements de la République d’Haïti sont touchés par des cas de Covid-19. C’est la première fois qu’une maladie se propage ainsi sur toute l’île. Si notre voisin a été frappé avant nous ou a détecté un cas sur son sol avant le 19 mars, date officielle pour le premier patient en Haïti, les deux peuples sont également concernés par la maladie et son évolution.
Si sur le papier, la République dominicaine a enregistré plus de cas et de morts que notre pays, il est évident que celui qui ne cherche pas ne peut pas trouver. On n’a qu’à comparer le nombre de tests effectués dans les deux pays pour comprendre la vraie nature du problème.
Autre point en notre défaveur, la difficulté d’établir le diagnostic du Covid-19 avec des patients incrédules et rétifs à faire le test et qui craignent plus la stigmatisation que la réalité de la maladie, d’une part, et, d’autre part, un personnel médical qui n’a pas été formé ni vraiment n’a été sensibilisé aux problèmes que pose cette maladie nouvelle.
Aujourd’hui 11 mai 2020, les médecins et membres du milieu médical qui acceptent de se confier avouent qu’on est plus à risque dans un hôpital normal que dans un centre dédié au traitement du Covid-19.
Là où l’on sait que la maladie circule on prend mille précautions, alors que dans les autres services on est en contact sans de trop grande protection. Tenues de protections qui sont rares pour tous.
Derrière chaque cas de coronavirus il y a le récit de la difficulté de poser le diagnostic, le récit du déni des parents et celui long et souvent mouvementé du test lui-même.
Là encore, contrairement à la République dominicaine, la centralisation n’aide pas. Les faiblesses du système hospitalier public et privé non plus.
Alors que les statistiques s’affolent depuis cinq jours, avec une augmentation des cas et des décès, Haïti décompte peu de personnes âgées parmi les victimes et des enfants en bas âge sont dénombrés parmi les morts. Il est trop tôt pour tirer des conclusions mais pas trop tard pour redire à tous que les gestes barrières, la propreté des mains et l’éloignement sauvent des vies à tout âge.
Pour revenir à notre voisin, l’ancien ambassadeur d’Haïti en République dominicaine, Edwin Paraison, le dit et le redit avec raison: les deux pays doivent s’entendre sur une gestion sinon unitaire mais insulaire de la crise du Covid-19.
Tout le monde y gagnera. Cette maladie a prouvé qu’elle se joue des frontières pour soumettre les hommes à sa loi de virus sournois.