James BELTIS et plusieurs autres signataires d’une lettre ouverte au président, 20 novembre 2018
Nous, jeunes engagé.e.s dans lutte pour la lumière sur les fonds de Petro Caribe, saluent le courage et la détermination du peuple haïtien ces derniers jours.
Nous profitons pour saluer également la mémoire de toutes les personnes qui sont tombées sous les balles et dans le cadre des massacres perpétrés par le pouvoir en place en pleine rue, dans une tentative de bâillonner la jeunesse. Nous prenons aussi notre courage pour envoyer un message clair aux dirigeants de ce pays.
Nous les jeunes, forces vives du pays, qui avons pris l’engagement depuis plusieurs mois de demander des comptes sur la dilapidation des fonds de Petro Caribe et de lutter contre la corruption, contre le système de privilèges qui s’est établi dans le pays depuis l’assassinat de Dessalines, le 17 octobre 1806. Nous sommes révoltés devant l’ampleur de la violence que le pouvoir en place déploie pour faire de la répression sur les protestateur.e.s. Cette situation a commencé le 17 octobre 2018 où plus de 10 personnes ont trouvé la mort, puis lors de l’enterrement du 31 octobre dans le quartier de Bel Air où les familles enterraient leurs enfants descendus dans le cadre de ces mêmes manifestations. La répression se poursuit avec le massacre de La Saline où plus de 25 personnes ont perdu leur vie; plus de 11 personnes ont reçu une balle à la tête lors de la manifestation du 18 novembre, sans compter tous ceux et toutes celles qui continuent de tomber au moment même où cette note est en train d’être lue.
Nous sommes fatigué.e.s de compter des cadavres! Nous sommes fatigué.e.s d’entendre le chant des balles, nous sommes fatigué.e.s de sécher les larmes de nos familles, de nos ami.e.s, de nos camarades. Nous faisons le serment que les Haïtiens et Haïtiennes ne doivent pas continuer à mourir parce qu’ils et elles exercent leurs droits constitutionnels en prenant les rues avec leurs voix, leurs pancartes, leurs porte-voix ou des branches d’arbres. Nous les jeunes engagé.e.s dans la lutte contre la dilapidation des fonds de Petro Caribe demandons justice et réparation pour toutes les victimes, que ce soit celles tombées lors des manifestations, celles massacrées pour les empêcher d’aller manifester ou après les manifestations. Nous demandons à la Police Nationale de prendre ses responsabilités et de résister aux tentatives du pouvoir en place de politiser cette institution dont le mandat est de servir et de protéger le peuple.
Nous refusons d’accepter que le sang de la jeunesse contestataire continue de couler pour que des oppresseurs tortionnaires gardent un pouvoir incapable de ne créer aucune perspective pour elle. Nous dénonçons une violence bien planifiée qui vise spécifiquement les jeunes, dont la majorité de ceux et celles qui sont tombé.e.s sous les balles ont moins de 25 ans. Nous exhortons la jeunesse de rester ferme sur leur position, pacifiquement, jusqu’à ce que lumière soit faite sur les fonds et que soit déraciné le système de corruption, le système d’inégalité qui est en train de détruire ce qui reste comme souffle de vie dans notre pays.
La victoire est pour les peuples en lutte ! Où se trouvent les fonds de Petro Caribe ?