Haïti ; revue de la semaine (5-11 avril 2021)

  1. Insécurités et violences

L’insécurité publique constitue l’un des principaux composants de la crise actuelle en Haïti. Après le massacre du 1er avril à Bel-Air revendiquée officiellement le groupe armé nommé G-9 allié du pouvoir en place, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a présenté un bilan partiel : 13 personnes mortes, 5 portées disparues, 4 blessées et plus d’une vingtaine de maisons incendiées. Cinq jours après cette tragédie, les victimes étaient encore sous le choc. Le 7 avril, des bandits armés ont encore assiégé le quartier de Bel-Air. Le RNDDH appelle à la protection des résidents de cette zone contre ces attaques meurtrières.

Selon le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH), 27 cas de kidnapping ont y été enregistrés seulement pour le mois de mars, dont 5 filles, 3 morts suite à des enlèvements ou des tentatives. Le 7 avril passée, une jeune policière affectée à la sécurité du Palais National a été enlevée puis séquestrée et torturée. Une vidéo de cette victime en train de subir des tortures atroces a été diffusée sur les réseaux sociaux. Elle a été libérée contre rançon dans la matinée du 11 avril. Dans la matinée du dimanche 11 avril, le journal Vant Bèf info (11 avril 2021) rapporte qu’au moins « quatre prêtres catholiques ainsi que deux autres personnes qui les accompagnaient ont été enlevés dans la commune de la Croix-des-Bouquets ». Les bandits réclament 1 million de dollars américain en échange leur libération. Au total, entre samedi soir et dimanche matin (10 au 11 avril), au moins 12 personnes ont été kidnappées dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.

Comme il a été le cas sous l’ancien président PHTK, le regroupement « Religions pour la Paix Haïti » déclare avoir accepté l’offre du président de facto Jovenel Moise pour jouer le rôle de médiateur dans la crise actuelle. Toutefois, dans une note publiée le 3 avril passé, le Secteur Démocratique et Populaire (SDP) qui est regroupement des partis politiques de l’opposition prend sa distance par rapport à cette démarche. Selon eux, aucune négociation n’est possible avec Jovenel Moïse et Religions pour la Paix ne s’est jamais prononcé sur les actes de criminalité et les massacres du régime en place. Le regroupement « Konbit òganizasyon politik, sendikal ak popilè » s’oppose également à la proposition de dialogue de Jovenel Moise.

 

  1. Résistances contre la dictature de Jovenel Moise soutenue par le Core group

La population haïtienne continue de résister malgré les mesures répressives du pouvoir en place soutenu par le Core Group et la dégradation des conditions de sécurité. « Sous l’initiative de l’ensemble des organisations politiques de l’opposition, plusieurs dizaines de citoyens dont des militants ont défilé dans les rues de Port-Au-Prince le 7 avril 2021 dans l’optique principale de faire sept fois le tour du Palais national » (Extrait, Le National, 8 avril 2021). En niant le chaos qui sévit dans le pays, le Core Group mais aussi le gouvernement de la République Dominicaine, appellent à l’organisation des élections.

 

  1. Économie et société

L’Unité de Statistique agricole et informatique de l’USAID a réalisé une enquête sur le prix des produits de première nécessité en Haïti au cours de la journée du 6 avril 2021. Selon les données révélées par cette enquête, ces produits sont d’une cherté excessive compte tenu de la faiblesse du pouvoir d’achat de la majorité de la population. Entre temps, la monnaie haïtienne (gourde) continue de perdre de la valeur par rapport au dollar américain. Le 10 avril passé, il fallait 81,81 gourdes pour 1 dollar us. Le gouvernement ­de facto maintient sa décision d’éviter la circulation du dollar sur le territoire national bien que selon plusieurs observateurs, celle-ci ne garantit la monopolisation du dollar par l’État et le secteur bancaire au détriment de la population qui vit en grande partie des transferts provenant de l’étranger.

D’un autre côté, la pandémie de covid-19 perd de plus en plus d’importance aux yeux du régime de facto malgré la recrudescence partout dans le monde. Selon plusieurs observateurs, les bilans du ministère de la santé sont sous-estimés (seulement 12 700 cas de contamination et 250 décès jusqu’à présent). Aucune politique de vaccination n’a encore été envisagée. Pourtant, un rapport du centre de recherche sur les droits de la personne du département d’État américain a récemment révélé que le régime de PHTK a détourné plus d’un million de dollars d’aide dans la lutte contre le coronavirus. Radio-Canada (5 avril 2021) rapporte que ce rapport « a également accusé les représentants du gouvernement d’avoir dépensé dans la plus grande opacité 34 millions de dollars, en contournant une agence chargée d’approuver les contrats publics ».