AlterPresse 31 décembre 2019
L’année 2019 a été marquée par une grave crise politique, ayant affecté toutes les activités, notamment économiques et scolaires, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Le pays a été plongé dans le désarroi, avec un gouvernement démissionnaire, depuis le lundi 18 mars 2019, et un président de plus en plus contesté par tous les secteurs de la vie nationale.
A partir du jeudi 7 février 2019, le territoire national a été bloqué, durant plus d’une semaine, pour exiger la démission de Jovenel Moïse, à travers des mouvements de protestations, émaillés de violences.
Un rapport de la Commission interaméricaine des droits humains (Cidh), publié le mardi 26 février 2019, à Washington DC, a fait état de 26 personnes mortes et de 77 autres personnes blessées, ainsi que de nombreuses scènes de pillage et d’incendies, notamment dans la capitale haïtienne.
A la fin du mois de mai 2019, après la publication du deuxième rapport d’audit de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), sur la gestion des fonds PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti, les PetroChallengers ont organisé une manifestation, le dimanche 9 juin 2019, en faveur des arrêts de débets.
La démission de Jovenel Moïse, accusé d’être impliqué dans des actes de corruption, selon le rapport de la Cscca, est devenue incontournable pour plus d’un.
La population a gagné les rues de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que d’autres villes de provinces, pour exhorter les autorités judiciaires à juger les dilapidateurs des fonds PetroCaribe et réclamer la démission de Jovenel Moïse.
Pendant que les autorités étatiques assistent à une dégringolade sans précédent de la monnaie nationale, la gourde, une pénurie de produits pétroliers a refait surface, à plusieurs reprises, au cours de l’année 2019.
La population a continué à se mobiliser, dans la capitale et quelques villes du pays, à la fin du mois d’août, en septembre, octobre et novembre 2019.
Des pneus usagés enflammés et des barricades de pierres sont dressés un peu partout. Les unités de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ont éprouvé beaucoup de difficultés à maintenir le calme sur le territoire national.
Dès le mois de septembre 2019, une grande crise humanitaire a plané sur le pays. La faim et le manque de soins ont démangé plus d’un.
Faute de produits pétroliers, de nombreux centres hospitaliers ont été paralysés, différentes institutions ont dû faire des compressions de leurs personnels.
Dans ce climat chaotique, un massacre est perpétré au Bel Air, à Port-au-Prince, au début du mois de novembre 2019.
Selon les révélations du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), les nommés Jimmy Chérizier, alias « Barbecue » et Ti Sonson ont assassiné au moins 15 personnes, fait plusieurs blessés par balles et incendié 21 maisons et 11 véhicules roulants, au cours de cette tuerie.
La plupart des secteurs vitaux du pays ont rejoint l’opposition radicale pour exiger la démission de Jovenel Moïse.
Le secteur des femmes, les religieuses et religieux, les personnels de santé, les écrivaines et écrivains, les paysannes et paysans, les artistes… ont, toutes et tous, marché, dans la capitale et en province, pour exhorter le président à écouter la voix du peuple, qui réclame sa démission.
L’opposition radicale maintient systématiquement les tensions dans les rues.
Dans une conférence de presse improbable, le mardi 15 octobre 2019, Jovenel Moïse s’est mis, lui-même, à tirer à boulets rouges sur le système qui, pour lui, est la cause du malheur du pays. Il a, une fois de plus, fait un appel au dialogue national.
Après plus de huit semaines de mobilisation antigouvernementales, une accalmie s’est imposée, dans les rues de la capitale et quelques villes en province, vers la fin du mois de novembre 2019.
Le Rnddh fait état d’au moins dix-sept (17) personnes mortes, dont quinze (15) par balles, une (1) par asphyxie et une autre par accident, pour la période allant du lundi 16 au lundi 30 septembre 2019.
Pour une sortie de crise
En juin 2019, avec le soutien de plusieurs secteurs du pays, des membres de l’opposition radicale ont présenté une « Alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti ».
Il s’agit d’un document, ayant pour objectif d’assurer une transition politique, en cas de démission de Jovenel Moïse.
Cette transition politique devrait être présidée par un juge, tiré de la Cour de cassation, avec l’assistance d’un premier ministre, provenant de « l’opposition active », avec « une autorité nationale de transition » pour assurer le rôle de parlement.
L’Alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti écarte toute possibilité de faire partie d’un gouvernement, formé par Jovenel Moïse.
Dans cette même perspective, une centaine d’organisations de la société civile et du secteur privé – comme les organismes de défense des droits humains, les principales associations patronales, les syndicats, des organisations paysannes, des actrices et acteurs universitaires – ont signé, en octobre 2019, une déclaration, exigeant solennellement la démission de Jovenel Moise.
Les Etats-Unis d’Amérique prônent un dialogue inclusif en Haïti
En novembre 2019, les Etats-Unis d’Amérique ont délégué leur représentante permanente auprès de l’Organisation des nations unies (Onu), Kelly Craft, en Haïti, pour demander un consensus, entre les protagonistes de la conjoncture socio-politique haïtienne, en vue d’une sortie de crise.
Cette rencontre diplomatique, avec des représentantes et représentants de partis politiques de l’opposition, puis avec Jovenel Moïse, n’a pas su convaincre les signataires de l’accord de Marriott du dimanche 10 novembre 2019.
Les dirigeants de l’opposition ne transigent pas sur la démission de Jovenel Moïse.
Après Craft, son compatriote David Hale, sous-secrétaire dʼEtat aux affaires politiques, a pris le relais, pour prôner un dialogue inclusif, dans des rencontres avec Jovenel Moïse, le titulaire démissionnaire du Ministère des Affaires étrangères, Bocchit Edmond, ainsi que d’autres dirigeants politiques.
Encore une fois, l’opposition reste intransigeante face à l’intervention américaine dans cette crise.
Dialogue inclusif avorté
Parallèlement à l’accord de Marriott du dimanche 10 novembre 2019, des partis politiques, proches du pouvoir en place, ont paraphé, à leur tour, le jeudi 5 décembre 2019, un accord dénommé Accord de Kinam.
Le document du 5 décembre 2019 préconise un « consensus pour une transformation pacifique de la nation haïtienne »
Malgré plusieurs tentatives de Jovenel Moïse, pour discuter avec ses opposants politiques, la grande majorité de l’opposition n’entend planifier que sa démission.
Les 5 entités signataires du document de Marriott du 10 novembre 2019 ne jurent que par la démission de Jovenel Moïse.
Entre l’affliction et la survie, l’année 2019 se termine sur un ton désenchanté pour la population haïtienne.