Appel à la mobilisation du CTI pour la Journée internationale des migrant.es

Lina Al Khatib — correspondante en stage

Après l’élection de Donald Trump à la présidence, on craint aux États-Unis de vivre une vague anti-migratoire, avec la menace de déportation massive. Cette situation pousse aussi des citoyen.nes à venir s’installer au Canada. Face à la montée ici d’une réthorique protectioniste devant l’immigration, différentes initiatives visent à développer une résistance, témoignant notamment des inquiétudes au sein du milieu communautaire québécois. Nous avons rencontré François Loza-Rodriguez, coordonnateur d’analyse et des plaidoyers à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

La Journée internationale des migrant.es, le 18 décembre

À moins d’un an des élections fédérales, les manifestations se sont accrues pour protester contre la réduction des cibles par Ottawa, mais aussi contre le gel de programmes d’immigration annoncé par Québec,. Le réseau Le Québec, c’est nous aussi organisait le 30 novembre dernier une manifestation à ce propos. Quant au Centre des travailleurs et travailleuses immigrant.es (IWC-CTI), il appelle toutes les personnes immigrantes dont le statut n’est pas encore régularisé, à agir pour leur « droit de travailler dans la dignité », dans le cadre d’une « Journée sans migrant-es » le 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrant.es de l’ONU.

Par cet engagement symbolique, le CTI cherche à démontrer l’impact des personnes migrantes sur l’économie et la société québécoise. En appelant à une suspension de leurs activités, l’organisme cherche à prouver leur rôle indispensable dans des secteurs essentiels. La liste des revendications n’est pourtant pas démesurée : suspension des mesures d’immigration récentes, programme complet de régularisation, arrêt des déportations et des détentions, abrogation des permis de travail fermés, accès à la résidence permanente et soutien accru à la francisation. 

Trois défis centraux pour l’immigration

« Ils mangent les chiens de compagnies », a déclaré Trump pointant la population migrante haïtienne dans la ville de Springfield, Ohio. Le futur 47e président des États-Unis a propagé toutes sortes de calomnies à l’encontre des personnes migrantes tout au long de sa campagne. L’affirmation de Donald Trump n’était qu’une parmi une longue liste. La banalisation du discours de haine à l’encontre de l’immigration durant ces dernières élections aux États-Unis est certes choquante, mais malheureusement loin d’être surprenante.

En s’appuyant sur des témoignages recueillis directement sur le terrain, François Loza-Rodriguez de la TCRI identifie trois défis majeurs liés à l’immigration au Canada. Le premier, inhérent à notre système fédéral, concerne les relations intergouvernementales. Il est de notoriété publique qu’Ottawa éprouve des difficultés à persuader les autres capitales provinciales d’adopter une approche alignée sur son modèle d’immigration. Ce facteur complique d’autant plus les deux autres défis.

Le deuxième est que l’immigration devrait davantage se concentrer sur le respect des droits humains. À titre d’exemple, monsieur Loza-Rodriguez cite le déplacement des demandeurs d’asile au Québec et les conditions précaires de la main d’oeuvre temporaire.

Le troisième et dernier défi porte sur l’adaptation des sociétés et des institutions aux nouvelles réalités migratoires. Alors que nous traversons une période marquée par des transformations démographiques et culturelles, il devient impératif de repenser nos structures sociales et institutionnelles pour mieux accueillir et intégrer les nouveaux arrivants.

« Lorsqu’on parle de seuils, de chiffres, on parle de vies humaines »

Aujourd’hui, le discours populiste aux États-Unis et en Europe repose sur une politisation de l’immigration, un sujet qui, à l’origine, ne devrait pas être instrumentalisé à des fins politiques.

Monsieur Loza-Rodriguez a exprimé son inquiétude face à l’influence du discours anti-migratoire sur la cohésion sociale au Canada et au Québec. Alors que le candidat conservateur Pierre Polièvre remet en cause la légitimité des migrants dans ses déclarations, monsieur Loza-Rodriguez craint que la société canadienne se polarise encore plus à l’approche des élections fédérales.

Du côté de la TCRI, des mesures sont actuellement entreprises pour introduire une nouvelle rhétorique positive sur l’immigration. Le but étant de briser les mythes populaires autour des migrants, la TCRI travaille sur des stratégies de démystification dans le milieu de l’employabilité. Les personnes visées par leurs campagnes sont les employeurs, les décideurs politiques et les institutions, tous incités à adopter des pratiques plus inclusives et respectueuses des droits des migrants. Le mot d’ordre est « la diversité est une richesse ».

Sur la question des « seuils » et de la « capacité d’accueil », monsieur Loza-Rodriguez affirme que ce sont des chiffres à débattre. Les experts ne s’entendent pas sur les critères à retenir, ce qui biaise dès le départ l’analyse et rend difficile l’élaboration d’une politique migratoire cohérente. Ce qui est certain, c’est qu’au Canada et au Québec, un changement de paradigme s’opère en matière d’immigration. L’accent est désormais mis sur l’immigration temporaire au détriment de l’immigration permanente.

Rendez-vous pour la Journée internationale des migrant.es

  •  À Montréal, l’appel à manifester du CTI aura lieu le mercredi 18 décembre à 10 h au complexe Guy-Favreau et à 16 h au métro Parc.
  • Pour la population de la ville de Québec, le CTI organise un rassemblement à midi devant l’Assemblée nationale.